L'annonce par Marc Lièvremont de la composition de son XV de départ pour affronter la Nouvelle-Zélande samedi prochain nous plonge, une fois de plus, dans la plus grande expectative.
On attendait une équipe-type, et on pourrait bien considérer comme telle celle qui a été présentée ce matin (heure française). A une exception, de taille, près. La titularisation de Morgan Parra à l'ouverture constitue au mieux une surprise, au pire une preuve supplémentaire que les sélectionneurs naviguent encore à vue alors que le gros temps s'annonce.
Le premier moment de stupéfaction passé, on tentera de trouver une logique à cette décision : le bon comportement de Morgan Parra lors de son passage à l'ouverture, au cours des deux précédentes rencontres, plaident pour lui. Et les deux prestations médiocres de François Trinh-Duc, censé pourtant être le tauliers du poste, pouvaient justifier qu'il fasse un tour sur le banc.
Néanmoins, il y a quelque chose d'assez curieux, pour ne pas dire critiquable, à envoyer un signal aussi négatif à l'ouvreur titulaire en le remplaçant par un joueur dont l'expérience au plus haut niveau à ce poste se résume à quelques minutes contre des nations mineures du rugby. Tout cela ne fait pas très sérieux. Aligner cette charnière inédite Yachvili - Parra pour un tel rendez-vous contre le pays hôte pourrait bien valoir à l'équipe de France une belle correction et à son sélectionneur de passer pour un gond.
Autre choix critiquable, celui de titulariser Damien Traille à l'arrière. Peu convaincant face au Canada, malhabile sous les chandelles comme l'auront sans doute bien noté les Blacks, le Biarrot ne semble avoir que son coup de pied à faire valoir. C'est assez peu, quand on dispose par ailleurs de Maxime Médard, dont on connaît les mérites à ce poste. On rappellera qu'il fut l'arrière du XV de France victorieux en Nouvelle-Zélande (justement) en 2009. Et Cedric Heymans, habitué désormais à jouer en numéro 15, pouvait faire un très convenable ailier...
Devant, la composition retenue semble quant à elle cohérente avec les états de forme du moment et les blessures qui continuent d'empoisonner le groupe. Croisons les doigts pour que Nicolas Mas soit effectivement remis pour les quarts...
Cette équipe devra avoir du coeur pour faire face aux déferlantes noires qui l'attend samedi. Ne nous leurrons pas, les All Blacks auront à coeur de nous marquer autant de points qu'ils le pourront. En effet, on ne peut un seul instant les imaginer lâcher ce match, à l'Eden Park, pour des considérations tactiques.
A cet égard, il n'est pas certain que les Néo-Zélandais aient davantage intérêt à abandonner la première place de leur groupe depuis la victoire Irlandaise face aux Australiens. Dès le début de la compétition, et même dès le tirage au sort des poules, tous les observateurs s'accordaient à dire que les All Blacks termineraient en tête de leur poule et joueraient leur demi-finale contre les Springboks avant d'affronter les Australiens en finale. Le succès Irlandais pourrait leur éviter de rencontrer deux équipes de l'hémisphère sud successivement, puisque Sud-Africains et Wallabies devraient se retrouver en quarts...
Au final, on pronostiquera sans grand risque une nette victoire Néo-Zélandaise face à une équipe de France qui se contentera d'une deuxième place de sa poule, synonyme de tableau dégagé avec ses habituels rivaux du nord comme adversaires potentiels. Le niveau actuel du XV de France ne doit pas nous rendre optimiste, mais on peut néanmoins estimer qu'il lui sera toujours plus facile de faire plier Anglais ou Irlandais que les Australiens...
Le XV de départ : Traille - Clerc, Rougerie, Mermoz, Médard - (o) Parra, (m) Yachvili - Bonnaire, Picamoles, Dusautoir - Nallet, Papé - Ducalcon, Szarzewski, Poux
Remplaçants : Servat, Barcella, Pierre, Harinordoquy, Trinh-Duc, Estabanez, Heymans