Aujourd'hui je délaisserai un peu la thématique des assurances auto pour parler d'un autre risque qui pour ne concerner qu'une minorité d'acteurs a néanmoins une importance cruciale, puisqu'il concerne notamment notre alimentation. Je veux parler des risques liées aux récoltes dans l'agriculture. Si la causalité avec le réchauffement climatique reste encore à démontrer (au moins pour certain :-)), force est de constater que les risques liés aux récoltes sont de plus en plus courants depuis quelques années.
Or à nouvel enjeu, nouvelles solutions, le gouvernement actuel, à l'image de ce qu'il tente de faire dans d'autres branches des assurances (assurances santé, dépendance, ...) a organisé un transfert de la couverture des aléas climatiques du public vers le privé. Cette tendance, on la retrouvera aussi bien sûr de manière croissante pour tout le risque en relation avec "L'aléa naturel"... Elle pose bien sûr un certain nombre de problèmes que j'évoquerai peut-être dans un article ultérieur, puisqu'on parle bien ici "d'externalités négatives" liés au réchauffement, même si en l'occurence ces externalités négatives crèent de nouveaux marchés pour les assurances.
Une nouvelle donne pour les exploitants
Une partie de ce qui était couvert jusqu'à présent par le fond national de garantie des calamités agricoles a été transféré vers le secteur privé. Sont concernées les "grandes récoltes" depuis 2009, ainsi que les viticulteurs depuis le 1er janvier 2011. Le fonds n'interviendrait plus que dans les cas où le risque est considéré comme inassurable : Bref quand même les assureurs n'en veulent plus.Ce sont les contrats multirisques récoltes mis en place dès 2005 qui ont pris le relais du fonds. Le problème c'est que seulement un tiers des des grandes surfaces en culture sont assurés, , et seulement 15% pour les terres viticoles (lettre de la FFSA juin 2011), ce qui représente tout de même 70 000 contrats, couvrant près de 3 millions d’hectares en grande culture.
Des agriculteurs encore réticents
La FFSA souhaiterait que davantage d'agriculteurs souscrivent ces contratsLa FFSA tire donc la sonnette d'alarme pour inciter les agriculteurs et les viticulteurs concernés à souscrire ces contrats, sachant que pour ce type de souscription, on s'assure pour la période à venir, durant la "fenêtre" des campagnes de souscription.Pourtant trop peu d'agriculteurs auraient franchi le pas. Ces derniers disposent encore pour le moment d'une subvention au titre de ces contrats (65%), l'incertitude étant de savoir jusqu'à quand peuvent être maintenues ces subventions, et si elles sont "Euro-compatibles", ou OMC-compatibles. Pour la FFSA, la raison en est que les professionnels concernés n'auraient pas encore intégré le passage du public au privé. Le problème c'est que le volume de souscripteurs conditionne forcément l'efficacité du système de gestion des crises.
Un transfert qui ne fait que commencer
Certains des autres secteurs de l'agricultures pourraient dans un avenir plus ou moins proche être eux aussi transférés vers le privé, on parle d'élevage, d'arboriculture, de maraichage et de cultures fourragères. Bref de nombreuses opportunités et de nouveaux marchés pour les assureurs, mais des marchés non exempts de risques. On imagine bien le contexte des négociations entre les représentants de l'Etat et ceux des assureurs notamment. Les assureurs sont certes intéressés par ces nouveaux marchés, mais pas à n'importe quel prix. Stéphane Gin, le président du Comité agricole de la FFSA parle des risques important liés aux fourrages pour lesquels le coût maximal d'un événement sécheresse se chiffrerait à 2 milliards d'euros. Autres risques, autres mécanismes à trouver...Source : numéro 74 de la lettre Assurer (Fédération Française des Sociétés d'Assurances