Tout comme de nombreuses personnes sont disposée à faire des voyages lointains et parfois même risqués pour arriver jusqu’à un endroit qui est le centre de tout un monde de dévotion., qu’elle soit religieuse ou de caractère païen (le pèlerinage de Proust à Venise, les voyages de Raymond Roussel en Asie presque exclusivement confiné dans sa formidablement excentrique caravane pour voir les endroits où étaient morts certains personnages de Jules Verne particulièrement chéri par lui..), il n’y a pas une seule année où Paris ne reçoit pas de visiteurs dont le motif principal de leur visite soit de voir autant de film possible de la Cinémathèque Française, située depuis six ans dans l’édifice fabuleux de l’architecte Nord Américain Frank Gehry qui occupe le numéro 51 de la rue Bercy, dans le XIIème arrondissement de la ville, et se perdre dans les salles évocatrices de l’incomparable Musée du Cinéma.
Cela serait peut être injuste de penser que l’extraordinaire développement de l’art de l’image en mouvement en France, ainsi que celle de sa critique (Godard à laissé entendre que la direction comme la critique sont une manière de faire des films et il n’existe donc pas de distinction réelle entre elles.) Durant cette plus grande partie du XXème siècle se doit à ce que deux français, les frères Auguste et Louis lumière (dont le poétique nom de famille semblerait procéder du fait de que son grand-père était le responsable d’allumer les bougies dans une église de la vallée de la Haute-Saône) les responsables de l’exploitation commerciale de la projection des images capturées par l’invention pionnière de William K.L. Dickson brevetée en 1891 par Thomas Alba Edison.
C’est probablement les raisons qui ont une relation majeure avec la condition de Paris comme capitale mondiale de la culture et des avant-gardes durant la plus grande partie du XIXème siècle et la première moitié du XXème siècle. Dans ce contexte l’apparition du cinéma a été pour de nombreux artistes moderne l’épiphanie de l’art qui exprimait ces temps nouveaux de la meilleure façon possible, avec des temps marqués, entre autres, par des éléments constitutifs du cinématographe : le machinisme, l’intérêt anthropologique (Lumière, Flaherty, Artaud…), la mémoire (Proust, Bergson..), les rêves (encore Artaud, le surréalisme…)…
C’est précisément Henri Langlois, fondateur avec Georges Franju de la Cinémathèque Française en 1936 (dont les premières archives étaient un édifice en ruines et abandonné dans un parc d’Orly suggéré par un Georges Méliès vieux et malade, premier conservateur de la Cinémathèque, qui a été complètement ruiné par les américains et se refugia dans les environs de Paris) il remarquât à une occasion que « le surréalisme à d’abord existé au cinéma.. Le cinéma, du fait d’être l’expression du XXème siècle et de l’inconscience universelle, portait le surréalisme en lui »
Il portait peut être aussi – comme le suggère Godard dans ses histoires au cinéma, le cinéma porte aussi avec lui un album de famille qui est celui de Manet, celui de Proust…- un sursaut prophétique baudelairien (Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile/pour distraire l’amertume de nos prisons/faire passer sur nos esprits/tendus comme une toile/vos souvenirs avec leurs encadrement fait d’horizons/dites, qu’avez-vous vu ?)
Paul Oilzum