Remaniement à blanc

Nouveau remaniement, et une nouvelle fois l'impression de voir une gigantesque marmite, dans laquelle on touille, pour finalement toujours trouver les mêmes ingrédients. Cependant la recette proposée par ce nouveau gouvernement sera elle savoureuse?
Exit donc les ministres polémiques, il n'est pas bon pour une ministre des Affaires Étrangères de ne pas sentir la révolte gronder au Maghreb, ni pour un ministre de l'intérieur d'être sous le coup d'un procès en appel pour injure à caractère raciste. Nous pouvons juste noter que après les propos de l'éphémère ministre de la Croissance, après l'affaire des cigares, les gaffes s'accumulent dans les ministères.
Heureusement, sortie des tiroirs, l'artillerie traditionnelle est mise en avant. Le ministère de l'Intérieur est confié à Claude Guéant. L'éminence grise du président se voit là offrir un rôle de premier plan, et il n'est pas anodin de le voir prendre cette position stratégique, en vue des présidentielles prochaines.
Après les bourdes tunisiennes, le ministère des Affaires étrangères a vu Alain Juppé arriver à sa tête. L'ex maire à plein temps de Bordeaux pourra donc nous expliquer comment il pourra faire coïncider son agenda de ministre avec celui de maire. Surtout lorsque la diplomatie française est vacillante et demande de grands réglages. Les bordelais ne manqueront pas de s'interroger sur les promesses faites d'être maire à plein temps...
Rien de nouveau donc dans ces nominations, si ce n'est une volonté affirmée de reprendre la barre, alors que les sondages sont abyssaux et que les échéances futures approches. Rien de nouveau même et du franchement nauséabond avec l'arrivée de Gérard Longuet à la Défense. En effet, son passé est intimement lié aux groupes étudiants des années 60-70 dont le GUD. Il fût même rédacteur du premier programme économique du Front National... Pour parfaire son pédigrée le charmant homme a trempé dans des affaires de financement occultes du Parti Républicain, et également dans la collusion d'intérêts publics/privés. Tout à fait l'image de pureté dont le président avait besoin pour redorer sa côte... A moins plutôt que cette arrivée coïncide plutôt avec la montée de Marine le Pen et la volonté de récupérer cet électorat, la seule voie possible pour le président désormais. Beau projet en perspective...
L'avenir de ce gouvernement reste donc flou, mais à entendre le discours présidentiel, le thème de l'immigration sera prépondérant, servi par l'actualité révolutionnaire arabe, qui permet de relancer la peur de l'étranger, au moment ou les peuples se libèrent. Il semblerait donc que la politique sarkozyenne revienne désormais à son marécage habituel d'insécurité et d'immigration. Thème cher, racoleur pour l'extrême droite, mais avec quelle crédibilité désormais?