"Hélas ! Ce monde devient plus étroit tous les jours."
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C'est amusant de se promener dans Arles, durant les Rencontres Photographiques, car il suffit d'observer les passants pour remarquer qu'ils sont nombreux à arborer un "reflex" en bandoulière ou, plus modestement, un "numérique" de base mais qu'ils abandonnent, un temps, la banale photo de vacances où on prend ses enfants devant un monument ou sa compagne du moment à la terrasse d'un café, pour faire de l'artistique, stimulés par les expos qu'ils viennent de visiter. Ça shoot partout dans les rues...
À part les passants, qu'ai-je vu ? La priorité était d'aller aux anciens Entrepôts SNCF qui regroupent plusieurs expositions. L'entrée se fait par une friche où sont présentées des photos du vil mur, côté Palestinien. Magnifiques.
Beaucoup de chose intéressantes à l'Atelier des Forges avec des photographes indiens, mais je dois avouer que c'est surtout à l'Atelier de Mécanique que j'ai été enthousiasmée par La Chine. Un regard moderne sur ce pays en pleine mutation. Sans concession aussi. Limité par la censure, les Chinois dénoncent avec détours la société dans laquelle ils vivent. C'est un contraste notoire avec nos artistes occidentaux ou des anciens pays de l'Est qui expriment leur vision du monde souvent avec violence. On peut s'interroger sur l'impact de l'un ou l'autre mode d'expression sur le spectateur, d'ailleurs. La Chine montrée dans ces photos est celle qui se modernise, celle de futurs Jeux Olympiques, mais aussi celle des Droits de l'Homme bafoués. On le perçoit très nettement et c'est en cela que le regard de ces artistes est intéressant. C'est un équilibre entre recherche esthétique et témoignage. C'est le rôle originel de la photographie, depuis sa création, que ces artistes chinois ont conservé.
Je ne vais pas m'étendre sur l'exposition Magnum pour les 60 ans de l'agence. Rien de nouveau. Les diaporamas sont ennuyeux.
Puis, il y a une exposition au Magasin Électrique sur la Reine d'Angleterre (et oui !) depuis sa naissance jusqu'à aujourd'hui (elle a beaucoup changé !). Une autre est conscrée aux Présidents de la république (en cette année éléctorale, l'idée était toute trouvée). Il y a d'abord les portrait officiels de tous les Présidents français en commençant par Louis Napoléon Bonaparte et en finissant par qui vous savez... La dernière n'est pas la plus réussie. J'aimais bien celle de Giscard par Lartigue, même celle de Chirac par Bettina Rheims. Mais, la dernière, elle est vraiment minable.
L'autre partie de cette exposition est une commande à différents photographes de faire le portrait officiel d'une Présidente imaginaire. Souvent drôle (et beaucoup plus réussi que celle qui est accorchée actuellement dans nos mairies !).
Je voudrais revenir sur ce dont je parlais dans l'article précédent, les livres détruits à Lagrasse. Un des photographes participant à l'exposition Madame la Présidente, Luc Choquet, a repris une phrase de Kafka qui résume très bien ce que je ressens face à cet événement :