In fine, le premier tour des cantonales aura rendu son verdict. Verdict qui comme attendu n'aura intéressé que peu de monde, eu égard au taux d'abstention de 55,63%, record de la Ve République hors referendum. Ce résultat n'est guère surprenant au regard de la couverture de la campagne quasi inexistante. Personne ne souhaitait développer une campagne surtout pas le gouvernement trop heureux de l'offrande de la croisade (sic) contre la Libye qui occupe l'actualité... Le caractère partiel du renouvellement ajoutant de la confusion dans la tête des électeurs déjà peu enclins à réfléchir, avec la question, suis je concerné ou pas? Et bien au final peu de concernés, c'est donc pour cela que la soirée électorale fut aussi courte que l'apport de BHL à la philosophie (une attaque gratuite, de temps en temps, ça peut soulager...). Le discours avait lui aussi été rodé, avec les différents membres de la majorité, de plus en plus fragile qui insistaient sur la localité du scrutin.
Hors, tout local qu'il fût, il faudrait tout de même que les édiles en tirent les enseignements. Indubitablement, les résultats portent une critique de la politique nationale. Dans le détail, nous avons le PS qui obtient 25,56%, l'UMP 16,09%, les divers droite 10,52%, le FN 14,55%, le MoDem 1,23%, Europe Ecologie-Les Verts 7,53% et le Front de gauche environ 9%. L'UMP est nettement devancée par le PS, et est de plus talonnée fortement par le Front national. Ceci du notamment à la campagne de nombreux élus de droite qui avaient lors de cette campagne fait disparaitre les logos UMP sur leur tracts et affiches se présentant en divers droite, de peur de payer l'image gouvernementale actuelle. Ce subterfuge, laisse donc la droite traditionnelle à hauteur du PS. La gauche dans son entier obtient la majorité des voix, et devrait également disposer après le second tour de plus de 50 département.
Et c'est ainsi que comme un boomerang, les contradiction de l'UMP leur reviennent maintenant. En effet, le parti ne dispose d'aucune réserve de voix, si ce n'est en allant braconner plus à droite sur les terres du FN. Et là, la communication s'est enrayée. Refus d'appeler à un front républicain en cas de face à face PS/FN pour l'Élysée, message contradictoire de Matignon, puis appels à l'abstention pour certains, bref, du grand n'importe quoi. L'UMP est tiraillée. A vouloir récupérer l'électorat frontiste, la voilà dans la situation ou ayant fait le ménage à droite, il sont seuls avec les extrêmes. Que faire alors? Le discours n'est de toute évidence pas rodé. Si on ne peut prétendre que le tournant sécuritaire de Sarkozy ne visait pas à récupérer les électeurs du Front, ceux-ci sont revenus aux sources. Et pour ne pas perdre son électorat modéré, voilà le parti présidentiel face à un dilemme.
C'est le principal enseignement de ces cantonales. Pour prétendre à sa réélection, le président sortant va devoir trouver les accents pouvant à la fois convaincre les modérés et les extrêmes. Voilà une mission qui frise l'impossible, à moins pour eux d'investir un autre candidat ce que l'on imagine mal le président se résoudre.
En attendant le vivier frontiste repousse de plus belle, et on se demande si l'hypothèse d'un second tour ne prend pas actuellement encore plus de poids. Cela serait dramatique, car cela montrerait l'incapacité des gouvernements précédents à rassurer réellement les gens, et mettrait en évidence leur utilisation démagogique des problèmes de sécurité. Et en attendant, les électeurs ont choisi de s'en désintéresser...