Car durant ces quelques semaines de relaxation, il s'est passé des choses. De New York au plus profond du Pakistan, le monde a été chahuté. Beaucoup par l'exécution d'un terroriste international un peu par une histoire de mœurs qui a surtout montré l'élégance à la française passons...
Passons car ces sujets maintes fois débattus ne peuvent que m'entrainer dans des chemins tellement arpentés qu'ils font naître des ornières. Je voulais revenir sur un évènement plus bassement sportif, quoique...
Cause honorable sur le papier, donner de la joie aux enfants sinistrés de Tchétchénie, pays durement touché par la guerre. Quoi de plus beau que l'inauguration d'un stade avec des champions pour oublier ses misères.
Sauf que, sauf que la région est sous les mains d'un homme que l'on ne qualifierait d'intègre que dans une prison de haute sécurité, Radomir Kadyrov. Succédant à son père assassiné quelques années plus tôt, l'homme tient la région d'une main de fer, faisant régner la terreur parmi les opposants, sous l'œil bienveillant de Moscou. Fanatique de football, il vient de se faire construire un stade flambant neuf, pour qui s'était donc l'inauguration, s'adjoignant les services de Frank Rijkaard, ancien entraineur du Barça. Argent de trafic, financement occulte, le sport dans sa splendeur...
Ce match de gala fut donc une cérémonie à sa gloire... Dans un stade entouré de miliciens, armes de guerre à la main, ou le président Kadirov s'offrit le luxe de jouer comme capitaine d'une sélection pompeusement nommée du président, qui l'emporta sur ses hôtes prestigieux 5 à 2 dont deux pénalties pour sa grandeur... Encore la beauté du sport. Ne plaignons pas les invités repartis avec une montre à 20 000€ ad minima et pour les mieux nantis comme Maradona, 300 000 €.
La beauté du sport, dans son expression la plus caritative. Car malgré leurs dénégations, ces stars mondiales ont offert une prestation digne d'une prostituée, non à un peuple mais à son président. Traversants une ville ou ils ne virent que les quelques rues rénovées, jouant dans un stade militarisé pour les invités du président, le tout grassement rétribué, et de la population ils ne virent que ceux triés sur le volet.
Voyage humanitaire ou prestation pour dictateur fortuné? En tout cas une image lamentable pas assez critiquée, symbole d'une bienveillance à l'égard du traitement fait à la région tchétchène, laissée aux mains des trafiquants. Pour une fois la FFF s'est fendue d'un reproche à l'égard de son sélectionneur adjoint, se rendant compte que leur image pouvait en patir (mais plus est-ce possible?). Il y a un coté risible à voir ces joueurs se réfugier derrière des enjeux humanitaires inexistants, pour aller s'exhiber devant un dictateur de pacotille dans un match parodique. Navrant rien de mieux... Pendant ce temps, l'ancien sélectionneur le plus haï du monde, entrainait des enfants pour rien...