La presse est unanime?

Laurent Blanc époque Girondins

La presse sportive se rapproche par certains aspects de la presse politique. Il suffit de voir actuellement le traitement offert à Laurent Blanc. Après une relation idyllique, celle-ci finit toujours par s'achever. Pour Laurent Blanc, l'état de grâce semble bien terminé.
En cause pour la presse, le niveau de jeu de l'équipe de France face aux albanais, notamment l'extrême pauvreté offerte en seconde mi temps. En cause aussi, une supposé brouille entre le sélectionneur et Samir Nasri, une question redondante en conférence de presse, qui a conduit Laurent Blanc à se réfugier dans le mutisme.
Et qui pourrait lui donner tort? Sans toutefois être brillante à chaque sortie, l'équipe de France reste invaincue depuis douze matchs. Il faut remonter à Jacques Santini au bilan souvent mésestimé pour retrouver une telle série. Laurent Blanc vient de remettre sur les rails une génération sortie du traumatisme sud africain, et semble en bonne voie pour se qualifier pour le prochain Euro.
Et alors? Il en faut toujours plus. Il semblerait à entendre divers consultants et journalistes que la France puisse en une seule année développer un jeu à faire pâlir la Roja. Comme si les talents individuels se conjuguaient en parfaite harmonie en si peu de temps. Comment croire que d'un collectif inexistant une équipe allait pouvoir éclore en si peu de temps?
Retombant dans leurs classiques défauts, les journalistes une fois de plus montrent une impatience exagérée à voir une équipe transcendante. C'est oublier que 98 s'est construit sur une base défensive solide et sur un jeu très pale, même durant la compétition. C'est oublier l'Euro 96 qui fut d'une grande pauvreté, mais qui lança l'équipe de France sur la voie des succès.
Impatience d'une corporation. Comme avec le vin, on ne peux désormais attendre la maturation, espérant des étincelles immédiates...
L'agacement perceptible de Laurent Blanc fait craindre de future divergences avec les médias. Comme son prédécesseur, apprécié à ses débuts puis à la communication stérile lorsque vint l'agacement. Comme Roger Lemerre et comme Aimé Jacquet, harcelés par les médias. Seul Jacques Santini y échappa, sans doute eu égard à la longueur et la monotonie de ses réponses.
Il semblerait que la relation conflictuelle avec les médias nouée depuis de nombreuses années par des sélectionneurs aux caractères divergents, n'est pas de leur seul fait... Il leur est demandé de ressasser incessamment les même réponses, à des questions souvent inutiles, jusqu'à ce qu'un jour le contact se brise...
Il ne faudrait pas une fois encore que la presse sportive, particulièrement l'Equipe il ne faut point le cacher, détériore la relation d'un sélectionneur avec les amateurs de football. En se présentant comme des apôtres du beau jeu et comme les porteurs de solution, ils font passer l'impression que sélectionneur est un métier à la portée de tous. C'est oublier qu'ils vivent le stress des matchs installés en tribune de presse...

Rolland Courbis époque chevelue

Cependant qu'ils soient rassurés, il existe une engeance plus acerbe qui est celle des anciens joueurs ou entraineurs. Fer de lance Mr Courbis, spécialiste de la critique, ayant une proposition systématiquement meilleure que celle de l'équipe en place, fabuleux...Surtout de la par d'un entraineur au palmarès plus vierge que son casier judiciaire (c'est gratuit...)
Que demande une bonne équipe. Comme le vin, de beaucoup de temps, d'une longue fermentation, afin d'acquérir plus de caractère, plus de corps, plus de vigueur. Heureusement, Laurent Blanc vient de Bordeaux. Gageons que le prochain millésime sera à maturité au Brésil en 2014, le temps de raviver la flamme d'acquérir l'expérience pour avoir une équipe imbattable. Patience...