Encore quelques jours de patience et la Coupe du Monde néo zélandaise s'ouvrira, suscitant une grande attente de la part de tout amateur de rugby.
Le Haka, tube de l'automne sans doute
Car la Nouvelle Zélande qui avait accueilli la première compétition en 1987, n'a depuis que peu brillé, une seule finale depuis en 1995, battue par le sens de l'histoire sud africaine. La Nouvelle Zélande peu à son aise donc, dans cette compétition atypique dans le monde du rugby.En effet, il s'agit de la seule compétition qui peut faire cohabiter les grandes nations du rugby, et des plus mineures comme la Géorgie ou la Namibie. Ceci donnant certains matchs de poules ubuesques aux scores improbables. Les Alls Blacks n'ont jamais trouvé leur rythme dans une compétition à rallonge, étendue sur deux mois, qui nécessite un démarrage en douceur et une lente montée en puissance. Autant laisser le frein à main sur une Ferrari...
Gageons cependant que cette année, sur leurs terres, transcendés par leur publics, ils sauront tenir la distance. Enfin, il faudra déjà se confronter en poule aux bleus, qui sont sans conteste leur bête noire en coupe du Monde. Paradoxe d'une équipe qui peut détruire la France en tournée quelques mois avant, et se faire sortir sur des matchs homériques par cette même équipe. 1999 et 2007 furent des traumatismes pour une équipe sure de ses certitudes, incapable de faire face à l'orgueil français, seul moyen pour cette équipe de se dépasser. Nouvelle Zélande - France, ce sera non le match d'ouverture mais le troisième match de leur poule, un sommet pour les bleus.
Plus facile de poser pour les sponsors qu'avec un trophée
Car venons en à l'équipe de France. Après une année ou elle fut lapidée par l'Australie, humiliée par l'Italie, et sans garantie de solidité, la voilà partie à l'aventure. Leur entraineur est ambitieux, du moins de façade... Tant mieux, car bien peu donneraient une pièce sur une victoire française. 4 ans ont passé depuis la coupe du Monde française qui sauf quart de finale pour l'histoire fut un fiasco. La rigueur Laportienne a été remplacée par la promesse d'un jeu renouvelé. Certes...Le bilan actuel n'est guère flatteur. Excepté une mêlée surpuissante dans un jeu ou elle n'est plus aussi prépondérante, le projet de jeu est resté au niveau de la passe aux chaussettes. La défaite en Italie du dernier Tournoi fut l'occasion de demander aux joueurs les plus expérimentés de laisser leur crampons. Soit... Exit Chabal, Poitrenaud Jauzion et d'autres, et place aux jeunes que diable!
Place surtout aux joueurs bien policés, ressemblants au sélectionneur, au caractère rentré, bien lisses. Ainsi Marc Lièvremont s'est offert un groupe à son image,un groupe homogène dans la discrétion. Et dans le jeu? On peut retrouver la même discrétion. Pas de coups d'éclats depuis une victoire à Dunedin dans la douleur. Une charnière solide dans l'inconstance, et des arrières tournants au gré des humeurs. C'est ainsi la nouvelle politique, l'adaptation. Ainsi durant cette coupe du Monde nous auront une équipe adaptée à chaque cas de figure... Mais quelle est l'équipe adaptée au retour au vestiaire express? D'abord l'équipe tournera face au japon et au Canada, puis les meilleurs se prendront une peignée face aux Blacks. Restera le match pour se qualifier face aux Tongiens.. Et cela pourrait s'annoncer rude, face à une équipe en progrès, jouant de plus près de chez elle.
La France n'est donc pas à l'abri d'une mauvaise surprise. Par son inconstance elle a semé le doute, et les choix des entraineurs y ont contribué. Jamais une équipe n'aura amené autant de joueurs convalescents, Barcella, Servat, Rougerie, Mermoz, Traille... Tout de même beaucoup quant on sait de qui elle s'est privée... Beaucoup d'incertitudes et de doutes donc avant le premier coup d'envoi... Dommage mais soyons optimistes tout de même.
La moustache revient à la mode
Point trop cependant car, outre les Blacks, il faudra compter sur une équipe d'Australie supersonique sur laquelle les néo zélandais restent sur une défaite. L'équipe, entrainée par... un néo zélandais pourrait commettre le crime de lèse majesté et s'imposer au final au pays du long nuage blanc? Ce n'est pas improbable tellement ils ont été impressionnants ces derniers mois.L'esprit d'équipe, une valeur sure des Bocks
Il faudra sans doute compter sur l'Afrique du Sud, qui nantie d'un jeu sans éclats, d'un pack rugueux, bref d'un rugby de champ de patate, le plus moche s'il n'existait pas l'Angleterre, a toujours su se surpasser en coupe du Monde, ou du moins ne pas déjouer et faire déjouer les autres. Un climat risquant d'être pluvieux, les rigoles d'eaux sont toujours les fondation des plus belles tranchées bocks, les français de 1995 s'en souviennent.Et évidemment il y a les anglais. La révolution du jeu n'ayant duré que le temps de trois match du tournoi, les envolées ont été rangées parmi les expérimentations douteuses, et l'équipe se présente comme toujours. Avec un pack massif et expérimenté, un Wilkinson reprenant la baguette, et des schémas de jeux aussi prévisibles que le degré d'alcool d'un mauvais vin de pays. Il ne faudra pas attendre d'étincelles de cette équipe, et se préparer sans doute à les voir croiser le fer avec la France en quart de finale. Souhaitons que ce jour là il fasse canicule, que le terrain soit sec comme une plage au mois d'aout, afin que la France, si elle est au rendez vous, puisse enfin se défaire de son démon, et après qui sait...
Voilà présentée cette Coupe du Monde que l'on espère porteuse de beau jeu. Sans trop y croire cependant, mais rêvons tout de même à une finale NZ - Fce, revanche des matchs de poule, où une relance improbable d'Heymans dans les dernières minutes offrira le titre aux français. Rêvons y vite cependant, avant que la réalité du terrain absorbe ce rêve...