Le Japon à l'initiative
Loin de moi l'idée de critiquer l'équipe japonaise de rugby, qui a fait preuve ce matin de caractère autant que la France a fait preuve sans doute de suffisance, mais aussi en grande partie de médiocrité. Mauvaise entame pour les français, menacés encore à l'heure de jeu par des japonais combatifs, loin de l'époque ou ils finissaient les matchs avec une valise de plus de 100 points.Alors le Japon en progrès? Son équipe de toute évidence l'est. Mais encore que pour parler d'équipe japonaise il eut fallu en trouver sur le terrain...
En effet, l'équipe est entrainée par un néo zélandais de grande réputation, membre de l'équipe Black championne en 87, et il n'est sans doute pas le seul néo zélandais. A bien compter sur la feuille de match, c'est une dizaine de joueurs manifestement guère japonais.
Suis-je lancé dans un débat nauséabond, trop d'étranger en équipe nationale, comme dans les grands débats du foot? Le thème est le même, à la différence qu'il existe une particularité bien confuse à la manière classique du rugby. Un joueur jouant depuis 3 ans dans un championnat peut se voir autorisé à jouer pour l'équipe nationale de ce pays, à condition qu'il ne l'ait pas été par son pays d'origine, et cela donc sans qu'il soit nécessaire d'adopter la nationalité de son pays d'accueil.
C'est ainsi que le championnat lucratif japonais, qui attire néo zélandais de second rangs, fidjiens tongiens samoans, se retrouve avec une sélection potentielle renforcée par ces joueurs. Un vivier dont s'est manifestement servi John Kirwan...
Ainsi nous vîmes sur le terrain aux postes clefs, de l'ouverture du centre et autres, messieurs Thompson, Arlidge, Webb et autres, citoyens néo zélandais, jouant dans leur pays avec le maillot japonais... A n'y rien comprendre.
Tony Marsh, le plus français des néo zélandais
Le Japon n'est pas le seul pays a utiliser cette méthode, la France l'a utilisé avec Tony Marsh par exemple et Peter de Villers et autres. En fait c'est tout les pays qui utilisent plus ou moins ce système en faisant parfois comme en Italie des recherche pour trouver une origine italienne au Xème degré.Cette pratique peut être efficace et amener de rapides résultats. Mieux vaut un joueur chevronné que passer des années à former un jeune du cru. La Nouvelle Zélande y a gagné le jour ou elle récupéra Jonah Lomu, tongien à l'origine.
Seulement cette politique me semble stérile dans le cas des petites nations du rugby. Les résultats progressent mais non parce que la formation de bons joueurs est efficace, mais parce que l'équipe est composée pour une grande partie de mercenaires, joueurs d'expériences ravis de l'aubaine de jouer une coupe du Monde.
Cette règle dénature le rugby, elle propose une facilité qui peut être un bonus pour une grande équipe. Dans le cas de la Nouvelle Zélande, cela lui permet de disposer d'un réservoir plus large de joueurs, en vampirisant les meilleurs. Mais pour les petites équipes, cela offre la possibilité d'une performance éphémère qui ne change en rien les fondements qui freinent leur progression...
Lionel Faure aurait pu devenir la pile de l'équipe anglaise!
Ce n'est pas en suivant cette voie que le rugby se développera. C'est en sensibilisant les jeunes, en les intéressants au sport, en leur inculquant ces valeurs tellement mise en avant. Il ne faudrait pas oublier que l'équipe nationale n'est pas un club, et que les choix de sélection ne sont pas un mercato pour joueurs du Super 15 en manque de challenge.Dommage, car j'aimais beaucoup l'équipe japonaise d'avant aux ailiers collés à la ligne et aux courses débridés faisant penser à des poulets à tête coupée. Maintenant le Japon a des plans de jeu sur 4 ou 5 temps et un système de jeu à la néo zélandais, joué par des néo zélandais, solide dans les rucks, une équipe rodée en somme. Pas sur que de cette manière les japonais progressent sur du long terme. Enfin si des équipes comme la France continuent de régresser il y aura bien un nivellement...