Les lecteurs sont – paraît-il – toujours plus hésitants à se lancer dans de nouvelles séries et impatients de lire la suite des séries qui démarrent. Pour tenter de répondre à cette demande, Glénat a réuni deux brillants stakhanovistes de la bande dessinée : Didier Convard et Jean-Yves Delitte. La parution du premier tome de Tanâtos, un peu retardée pour sortir à peine trois mois avant le deuxième tome, et le découpage annoncé de la série en diptyques autonomes sont deux recettes supplémentaires pour encourager les lecteurs.
Évidemment, un bon générique et un marketing maîtrisé ne sont rien sans une bonne histoire. Didier Convard change vraiment de registre avec son très méchant Tanâtos. Celui-ci, tellement avide de fortune, est prêt à tout pour déclencher la Première Guerre mondiale en provoquant l'assassinat de l'Archiduc François Ferdinand et l’élimination de Jean Jaurès, dernier défenseur de la paix. Mais l’inspecteur Bernin et le détective privé Victor remontent vite sur ses traces et entendent bien déjouer ses plans…
Tanâtos est un peu la caricature personnifiée d’un capitalisme exacerbé globalisé dont le seul but est le profit financier et où l’être humain ne compte pas. Pourtant, Didier Convard reste dans le registre du feuilleton policier noir. La construction du récit est parfaite, servie par le dessin fluide et détaillé de Jean-Yves Delitte. Celui-ci trouve dans le récit uchronique de quoi laisser cours à son incroyable imagination tout en faisant vivre des personnages aux gueules bien caractéristiques. Les grandes planches sur fond noir, mises en couleur par Frédérique Avril, entraînent inconsciemment le lecteur dans le monde du Mal, en gardant la juste distance.
Du coup, c’est avec délectation que nous attendons déjà le prochain épisode de Tanâtos prévu pour le second semestre 2008. Mais cette fois, il s’agira d’une histoire complète en un tome.