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Euro : Chevènement et Mélenchon ont fumé la moquette

Publié le 19 septembre 2011 par Edgar @edgarpoe

J'avais noté les efforts de ces deux ténors de la gauche "alter" pour rester socialo-compatibles. Sur Mélenchon notamment en mai dernier, sur Chevènement  en janvier, en juillet et en août à propos de son livre.

Ca continue dans le n'importe quoi.

Fred me signale le passage suivant sur l'euro, rédigé par Mélenchon sur son blog :

"Je sais qu’il existe à gauche un certain nombre d’amis qui sont partisans de la sortie de l’Euro. Je ne leur fait pas l’injure de les confondre avec les lepénistes qui soutiennent aussi cette thèse mais dans un tout autre cadre d’analyse et de propositions.

Là c'est un mea culpa sur ses propos de juillet justement, où il assimilait pétainisme et volonté de sortir de l'euro.

Ces camarades ont un raisonnement construit avec une forte cohérence intellectuelle. Les circonstances peuvent d’ailleurs réaliser leur attente. Cela seul devrait faire réfléchir plus avant. Peut-on avoir pour projet une situation que la décomposition du système produit mécaniquement ?

Je pense que cette dernière phrase est la clé de son raisonnement : l'euro va tomber tout seul, laissons faire - paradoxal pour un supposé dirigiste. Ca équivaut à se mettre la tête dans le sable.

 

Je ne néglige pas la force de l’argument réaliste selon lequel la monnaie unique fut installée sur des bases qui travaillaient exclusivement à l’entretien et au développement d’un nouvel ordre néo-libéral spécialement destructeur en Europe. Cela ne suffit pas à me convaincre qu’il serait impossible de changer la règle du jeu tout en conservant la monnaie unique.

La difficulté c'est qu'on ne voit pas bien comment élu il en convaincrait l'Allemagne, ou d'autres.


Selon moi la monnaie unique est aussi la propriété de la France. Nous avons notre mot à dire sur la façon de la gérer. Pourquoi renoncer à cette position de force ? Il y a de nombreux avantages géopolitiques et sociaux à disposer de cette monnaie unique pour peu que son cadre d’existence soit modifié.

Là c'est un monument de rhétorique. C'est "aussi" la propriété de la France correspond à l'idée que l'euro nous appartient en time sharing, avec une part pas majoritaire. De là croire que nous pouvons "disposer de cette monnnaie unique" il faut un colossal acte de foi.

Ce n’est pas vrai que c’est soit l’euro et le libéralisme ou la fin de l’euro et enfin la possibilité d’une vraie politique de gauche. Je crois que seule une vraie politique de gauche peut à la fois sauver l’euro et nous faire sortir de la crise.

Peut être. Il faudrait dévaluer l'euro, transférer des budgets à Bruxelles qui feraient de l'Union le premier budget public européen, devant l'Allemagne et la France. Personne n'a envie de créer un tel outil alors qu'aucun accord n'existe sur les politiques auxquelles on pourrait l'employer.

A l’inverse, si l’euro venait à disparaitre je pense que notre projet de gauche et nos objectifs révolutionnaires dans l’histoire seraient plus difficiles à accomplir. Je sais bien que, pourtant, la monnaie unique pourrait s’effondrer. On ferait face, cela va de soi. On saurait quoi faire.

Autant le dire maintenant et en faire l'enjeu de la campagne puisqu'il est souhaitable de sortir de l'euro.

Mais si l’euro des libéraux disparait au moment où ce sont les libéraux qui sont chargé de gérer les conséquences de cette chute, le grand nombre paiera deux fois. La disparition d’un instrument de mesure commun éloignerait la possibilité et la faisabilité des principaux objectifs de gauche comme l’instauration d’un salaire minimum européen et l’harmonisation des normes sociales et fiscales par le haut.

Comme si un salaire minimum européen avait été sérieusement envisagé et comme si 60 années d'unification avaient vu un seul exemple d'harmonisation par le haut.

Enfin le coup porté à l’idée d’une unification politique et sociale du vieux continent serait particulièrement sévère. Faut-il rappeler que cette unification est le but permanent de la doctrine de gauche depuis ses origines ?

Là c'est un scoop. S'il fait allusion au discours de l'Europe blanche et chrétienne de Victor Hugo, c'est dommage.

Parce qu’il s’agit de la paix et du bien-être. Tout cela ne peut être oublié. Ni surtout être oublié de quel prix a été payé dans le passé l’isolement national des révolutions victorieuses enfermées dans un seul pays !"

Comme si l'Union européenne était un projet révolutionnaire ou que Chevènement serait de taille à rendre révolutionnaire. De Gaulle a échoué à faire de l'Union à six membres un projet démocratique, alors Jean-Luc Mélenchon avec l'Union à 27 j'ai du mal à y croire.

Nous en sommes donc là des réflexions, en forme de rationalisation d'un comportement d'autruche, de Mélenchon sur l'euro.

Pour Chevènement, c'est encore plus pitoyable. Il en est à tancer les dirigeants de l'Union européenne d'avoir mal accueilli Tim Geithner, invité par les polonais à Wroclaw. Il préconise une intervention massive de la BCE et du FESF, ce qui revient quasiment à entériner le passage à un état européen dans la pire des conditions, de façon subreptice. A croire qu'il est aveugle sur l'intérêt qu'ont les Etats-Unis à voir les européens englués dans des institutions communes ingérables.

La réponse de Chevènement est techniquement correcte à très court terme : on peut maintenir la Grèce dans l'euro - et la zone euro - sous perfusion, en injectant massivement des liquidités. Quel avantage cependant à maintenir un système qui a provoqué cette situation ?

A croire que l'un et l'autre se placent dans la perspective d'un troisième tour pour la présidentielle, négociant leur strapontin ministériel... En tout cas le paysage, pour ceux qui recherchent les tenants de politiques alternatives à gauche, est terriblement désertique...


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