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Chers lecteurs, vous aurez sans aucun doute noté que la rédaction du blog d'Isaac s'est refusé à tout commentaire durant "L'Affaire". Par pudeur, prudence, par incrédulité.
Celle-ci est quasiment terminée avec l'interview d'hier et l'abandon des charges qui pesaient sur l'ancien patron du FMI. Alors ?
On retiendra un traitement politique et médiatique de ce qui s'est avérée être une non-affaire détestable. Chacun, politique, média, bistrot du commerce se livrant à des déclarations où la tartufferie le disputait à la désinformation. Cette affaire devrait sans doute amener nos grands journaux (presse, radio, TV) à un examen de conscience rapide. Car le traitement fait à DSK a été indigne. Les accusations de viol et séquestration n'étaient absolument pas vérifiés, pas plus que les fuites sur un pseudo rapport médical qui aurait conclu à un viol. Pour étayer le lynchage, on a estimé qu'il fallait commenter (ou doit-on dire autopsier) la vie privée de l'homme et de son couple. Au nom de quoi ? Certes, l'exercice est distrayant mais l'acharnement a déshonorer ceux et celles qui s'y sont livrés. DSK est volage ? Bon, c'est son affaire et heureusement. Il pratique la sexualité plurielle, grand bien lui fasse, j'ai donc d'autant plus envie de voter pour lui. Je sais, on va nous dire que le privé éclaire l'action publique ? Churchill était alcoolique et syphilitique : un piètre homme d'état ?
Moi je balaie d'un revers de la main ces donneurs de leçon : que le privé le reste. Règle qui ne doit souffrir d'aucune exception.
La calomnie a donc soufflé très fort depuis 4 mois. Et elle s'est manifesté à plusieurs autres occasions, revêtant là-encore l'habit de la vérité mais, l'habit seulement. On se souvient de Luc Ferry dénonçant sans preuve un ministre pédophile (il a tu son nom mais chacun a imaginé Lang ou Douste) : bravo ! Et plus récemment le délicieux monsieur Bourgi qui arrive la bouche en coeur pour dire deux choses : "j'ai remis 20 millions $ à Chirac et Villepin ainsi qu'à l'ancien président du FN"
et .....
"je n'ai aucune preuve".
Wahou, il va falloir se fâcher non ? La meilleure des réactions à ces errements vient de Jean-Marie Le Pen dont le sens de la répartie ne s'érode décidément pas : "J'ai entendu dire que MR Bourgi faisait des passes au bois de Boulogne, mais je n'ai pas voulu le croire, car avec sa tête, il n'a pas le physique de l'emploi : il ne faut pas croire toutes les choses qu'on avance sans preuve." Pas faux.
Pour revenir à nos moutons, à savoir l'affaire DSK, je vous invite à faire ce que j'ai fait : lire le rapport du procureur. Vous le trouverez dans un numéro de L'express de fin Aout dans son intégralité. C'est passionnant. Et vous aurez tout lu en une vingtaine de minutes.
D'abord, on est étonné de la minutie du travail d'investigation de la police américaine. Ensuite, il faut bien le dire on touche du doigt le fond de cette affaire : il n'y pas d'éléments factuels permettant de poursuivre DSK pour viol et séquestration. Aucun. Qu'il s'agisse du témoignage de la plaignante, des rapports médicaux et de la police scientifique, ou de la chronologie des évènements. Rien.
On a pu souligner la violence de la justice américaine, je rendrai hommage à son efficacité où en 3 mois, le bureau du procureur qui a instruit ce cas hautement sensible a pris des décisions rapides. En tout cas, quel beau gâchis.
Quant à l'interview d'hier soir, que dire ? Et bien, je n'ai pas trouvé DSK très efficient. Certes il a fait son Mea Culpa, mais que n'a-t-il pas salué la rapidité de l'instruction (où en est George Tron aujourd'hui ? ....).
Que n'a-t-il pas relativiser les sommes incroyablement élevées des cautions que la justice américaine lui a demandé pour sa libération surveillée ? En effet, les montants des cautions dépendent des revenus et du patrimoine des accusés : aussi l'image d'une justice américaine à deux vitesses mérite-t-elle d'être rectifiée. Un travailleur smicard qui aurait été accusé des mêmes charges que DSK n'aurait pas eu à payer 5 Millions de $ de caution, mais probablement 500 ou 1000 $.
Que n'a-t-il pas relativisé sa mésaventure en regard des morts en Lybie, en Somalie ? Dommage.
Une interview nécessaire au regard de l'énorme buzz de cette affaire. Pas une interview qui lui permettra à court terme d'envisager un come-back.
nm