L'origine de la laque est ancienne
: plus de 3000 ans. Elle viendrait de Chine. Les compagnies des Indes en importent de ce
pays et du Japon ; mais aussi sans doute d'autres contrées d'Asie du sud Est. Elle est très prisée en Occident. Comme pour la porcelaine dont le secret de fabrication n'est découvert qu'au
début du XVIIIe siècle, on cherche à créer du laque (on utilise le masculin en français pour désigner le vernis de laque) dès le XVIIe siècle. [Au sujet de la porcelaine chinoise et de ses
imitations occidentales on peut lire les articles du blog suivants : La Porcelaine française du XVIIIe
siècle, La Compagnie des Indes, Porcelaine de Chantilly, Les grands collectionneurs de porcelaine asiatique aux XVIIème et XVIIIème siècles, quelques exemples allemands et
français, Chinoiserie et Chinoiseries sur faïences françaises du XVIIIe siècle]. Le fameux vernis
Martin est mis au point à Paris par les frères Martin en 1730. Mais celui-ci a le défaut d'être fragile à l'eau ; ce qui n'empêche pas une importante production. Mais les
panneaux en laque venus d'Asie restent très prisés. Parfois le vernis Martin est employé sur certains meubles où se trouvent des panneaux de vernis chinois ou japonais afin de les prolonger, en
particulier dans les parties très galbées du mobilier rocaille et servir ainsi de raccord donnant à l'ensemble une harmonieuse homogénéité.
Photographie : « Bureau plat en bois noirci de forme mouvementée. » Celui-ci est
présenté dans la vente de la maison Europ Auction du 21 septembre à Drouot (lire à ce sujet
l'article intitulé Le bonheur du jour). « Il ouvre par trois tiroirs
en ceinture, à décor de panneaux en laque de Chine polychromes sur fond noir du XVIII° siècle représentant des fleurs, des oiseaux et des papillons dans un encadrement de vernis européen. Il
repose sur des pieds galbés laqués rouge à l'intérieur, terminés par des sabots de bronze doré. Riche ornementation de bronzes ciselés et dorés rocailles tels qu'entrées de serrure, poignées de
préhension, cartouches et chutes d'angles ajourées se prolongeant jusqu'aux sabots. Dessus de cuir vert cerné d'une lingotière et écoinçons en bronze doré. Estampillé deux fois I. DUBOIS, Jacques
Dubois (1694-1763) reçu maître le 5 septembre 1742. Époque Louis XV. H 160, L 78, P 81 cm Jacques Dubois figure parmi les ébénistes parisiens les plus renommés sous le règne de Louis XV. Il a
laissé quantité de chefs d'oeuvre conservés aujourd'hui par les plus grands musées notamment le Musée des Arts décoratifs, le Musée du Louvre à Paris, la Wallace Collection, Waddesdon Manor à
Londres, le Rijksmuseum d'Amsterdam ou encore le Cleveland Museum of Art. Né le 7 avril 1694, Jacques Dubois est le demi-frère de Noël Gérard, qui semble avoir orienté la carrière du jeune homme.
Avant d'être reçu maître ébéniste en septembre 1742, Jacques Dubois oeuvrait en tant qu'ouvrier libre dans l'enclos privilégie du faubourg Saint-Antoine d'où l'existence de meubles non signés qui
peuvent lui être attribués par comparaison avec ceux qui portent son estampille. Nous pouvons penser qu'à cette date, Jacques Dubois bénéficiait sans doute des commandes et des relations de Noël
Gérard. L'inventaire après décès de Jacques Dubois reste très discret sur sa clientèle. Dubois fournissait une clientèle aristocratique de haut rang comme Mme de Graffigny, auteur des "Lettres
d'une Péruvienne" ou encore le duc d'Orléans. Jacques Dubois réalisa un nombre important de meubles, toujours de grande qualité, faisant preuve de rigueur dans la sélection de ses bois de placage
et dans le choix des bronziers avec lesquels il collaborait. Jacques Dubois se plaisait à revêtir ses créations d'un décor de laques ou de vernis. Pour ses pièces les plus riches, il utilisait
directement des panneaux de laques de Chine ou du Japon. Ces panneaux de laques extrême-orientaux augmentaient considérablement le coût des meubles, aussi ne les rencontrent-on le plus souvent
que sur ceux destinés à la clientèle des marchands-merciers. Ces derniers se chargeaient d'ailleurs souvent de fournir à l'ébéniste, avec qui ils sous-traitaient, les précieux panneaux déposés de
quelque cabinet ou paravent. La répétition de certains modèles assez fréquente dans l'oeuvre de l'ébéniste pourrait confirmer la collaboration avec les marchands-merciers. Ainsi, le bureau que
nous présentons peut être rapproché d'une petite série de bureaux plats en laque de Chine: - Un bureau plat estampillé Dubois conservé au Cleveland Museum of Art. - Un bureau plat passé en vente
chez Christie's à New York, le 30 avril 1999, lot 45, lors de la dispersion de la collection Alexander, adjugé - Un bureau plat et son cartonnier, vendu à Drouot par l'étude Couturier-Nicolay, le
28 mars 1990, lot 122, pour 13 100 000 francs - Un bureau plat avec son cartonnier, passé en vente au Palais Galliera par Ader, Picard, Tajan le 15 mars 1973, lot 119, provenant de la collection
Octave Homberg. »
Au sujet de cette vente d'Europ Auction voir aussi l'article Le bonheur du jour.
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