Après quelques minutes d’errance dans les couloirs du magnifique théâtre du Châtelet, je me retrouvai enfin à ma place, prête à déguster le palmarès, à savourer l’humour de Valérie Lemercier, bref à goûter les délices de la fête. Mon regard tout ébloui qu’il est toujours par le fascinant Monsieur septième art, n’en est pas pour autant naïvement aveuglé et après avoir parcouru de haut en bas la statuette géante posée sur la scène, il n’en remarqua pas moins l’agitation, semblait-il inhabituelle, qui régnait aux pieds de ladite statuette, la scène étant envahie par quelques personnes répondant aux doux noms d’intermittents visiblement pas vraiment enclines à faire la fête, elles. Le producteur de la soirée essayait bien de les raisonner mais sans vraiment l’écouter, leurs réponses se confondaient en un galimatias ininterrompu. Une femme dans la salle, particulièrement excédée, commença à prendre fait et cause pour eux, et le décor tamisé qui aurait plutôt dû inciter à une belle sérénité, commençait de plus en plus à ressembler à un ring improvisé. Les premiers rangs où se trouvaient les césarisés d’honneur, le Ministre de la culture, et les principaux nommés, restaient étrangement stoïques et imperturbables.
21H20.Obscurité. Décompte des 5 dernières secondes. Action. Les noms des disparus. Puis, Carole Bouquet, magnifiquement vivante et Hamlet. Shakespeare, comme si de rien n’était. Shakespeare, comme si la quiétude avait toujours régné. La magie du cinéma. La salle retient son souffle. La fébrilité, craintive et admirative à la fois. Devant moi, l’œil narquois, quelqu’un susurre « il va sûrement y avoir de l’animation ». Je crains pour lui qu’il n’ait été déçu. Heureusement d’ailleurs. La fête qui a pourtant eu un goût amer, s’est déroulée à peu près normalement alors qu’elle aurait pu ne pas se dérouler du tout. Le film des intermittents n’est finalement pas passé. A trop vouloir en dire et surtout à trop maladroitement vouloir le dire, leur message n’est malheureusement pas passé, si ce n’est par quelques interpellations depuis la salle, rapidement interceptées.
Valérie Lemercier a donc enchaîné avec cet humour cinglant, absurde et jubilatoire dont elle ne s’est pas départie de
Puis les meilleurs serviteurs de Monsieur Septième art, du moins ceux ayant reçu le plus grand nombre de suffrages de l’Académie, se sont vu remettre la célèbre statuette. Un palmarès plutôt consensuel, contrairement à l’an passé où
Cette année Les César ont également eu la bonne idée de primer doublement les scénaristes ajoutant un prix de la meilleure adaptation, dévolu à... De battre mon cœur s’est arrêté de Jacques Audiard.
Pierre Richard et Hugh Grant, tous deux césarisés d’honneur ont heureusement apporté un parfum de prestige à une
Enfin, l’onirique After Shave de Hany Tamba, déjà, à juste titre, primé dans de multiples festivals a reçu le César du meilleur court métrage. Quand, comme les a nommés Valérie Lemercier « les gagnants de l’euro million 2006 » à savoir Clavier, Jugnot, Lhermitte, Chazel, Blanc, Balasko avec « le numéro complémentaire » Lavanant, remportent le jackpot avec un film dont la plupart des spectateurs ressortent (et moi la première) déçus avec le sentiment d’une imposture, il est important que des cérémonies comme celles-ci mettent en lumière des films qui ne bénéficient pas d’une telle couverture médiatique et d’un tel a priori positif (moi la première également), ou même d'une affection presque irrationnelle contre lesquels même un bouche à oreille plutôt négatif ne peuvent rien. Une fête utile finalement, ou qui devrait l’être.
A peine avais-je redescendu les marches du Châtelet que le parfum de prestige s’était évanoui. Les espoirs de mon voisin de devant précité aussi. Mais le désir de voir et "d'écrire du cinéma" étaient plus prégnants que jamais. Cette magie qui évince, sublime, magnifie et a tant d’autres pouvoirs encore. Oui, j’ose toujours y croire… Viva il cinéma.
Vous pouvez retrouver les critiques de (presque) tous les films en compétition sur ce blog (les liens vers les articles figurent dans l'article ci-dessous intitulé "Mon festival du cinéma invité à la cérémonie des César 2006". )
Vous pouvez également laisser vos commentaires sur la cérémonie et palmarès ci-dessous.
Sandra.M
PALMARES DES CESAR 2006
César du meilleur film français de l'année
César du meilleur réalisateur
Jacques Audiard (De battre, mon coeur s'est arrêté)
César du meilleur acteur
Michel Bouquet (Le Promeneur du champ de Mars)
César de la meilleure actrice
Nathalie Baye (Le Petit lieutenant)
César du meilleur acteur dans un second rôle
Niels Arestrup (De battre, mon coeur s'est arrêté)
César de la meilleure actrice dans un second rôle
Cécile de France (Les Poupées russes)
César du meilleur espoir masculin
Louis Garrel (Les Amants réguliers)
César du meilleur espoir féminin
Linh Dan Pham (De battre, mon coeur s'est arrêté)
César du meilleur premier film
Le Cauchemar de Darwin (Hubert Sauper)
César de la meilleure musique écrite pour un film
De battre, mon coeur s'est arrêté (Alexandre Desplat)
César de la meilleure photographie
De battre, mon coeur s'est arrêté (Stéphane Fontaine)
César des meilleurs décors
Gabrielle (Olivier Radot)
César du meilleur son
La Marche de l'empereur (Gérard Lamps, Laurent Quaglio)
César des meilleurs costumes
Gabrielle (Caroline de Vivaise)
César du meilleur montage
De battre, mon coeur s'est arrêté (Juliette Welfling)
César du meilleur court-métrage
After Shave, Beyrouth après-rasage (Hany Tamba)
César du meilleur film étranger
Million dollar baby (Clint Eastwood)
César du meilleur scénario original
Va, vis et deviens (Alain-Michel Blanc, Radu Mihaileanu)
César de la Meilleure adaptation
De battre, mon coeur s'est arrêté (Jacques Audiard, Tonino Benacquista)
César d'honneur
Hugh Grant
Pierre Richard