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La présomption d’innocence, l’autre victime de l’affaire DSK

Publié le 19 septembre 2011 par Hmoreigne

La présomption d’innocence, l’autre victime de l’affaire DSKEn ouvrant les portes du 20 heures de Claire Chazal à DSK, TF1 a battu dimanche soir tous les records d'audience (plus de 13 millions de téléspectateurs). L'ex directeur du FMI devait-il y aller ? Pas sûr. Peut-on le blâmer de l'avoir fait ? Sans soute pas tant la machine médiatique internationale s'est vautrée, et nous avec, dans la chute d'un homme présenté comme l'un des plus importants de la planète. A l'issue de sa prestation, les sentiments sont mitigés. Reste pourtant un élément factuel trop souvent foulé aux pieds. Au-delà de la morale, DSK est juridiquement présumé innocent.

Le cas DSK constitue une belle illustration de la règle dite des 3L. On lèche, on lâche, on lynche. A ce titre, l'exercice de communication télévisuel d'hier soir, même bien orchestré, était voué à l'échec.

Son objectif était peut être ailleurs : remettre un peu de baume sur les cœurs blessés de son entourage et faire passer quelques messages. Au pouvoir et aux amis d'hier.

Peu importe les tentatives d'explications par elles-mêmes. Contrairement à ce qu'on entend ici ou là, DSK a eu raison de s'appuyer sur la seule chose qui reste à l'issue d'une instruction à multiples rebonds. Sur ce rapport du procureur de New York qui devait le perdre et qui au bout de trois mois devait conclure à l'insuffisance des charges.

Dont acte. Que ça plaise ou non aux accusateurs publics en herbe de tout poil, particuliers, journalistes, hommes politiques, DSK est présumé innocent. Le reste, tout le reste, navigue entre voyeurisme, propos de comptoir et justice médiatique arbitraire. Or, la présomption d'innocence est l'une des valeurs fondamentales de nos démocraties.

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, inscrite au préambule de la constitution de la Ve République, en a posé le principe dans son article 9 : "Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s’assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi". La Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 la reprend dans son article 11 "Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées".

Si l'épilogue de l'affaire DSK n'est pas encore écrit, on peut néanmoins en tirer déjà quelques conclusions. Comment notamment faire respecter la présomption d’innocence dans un contexte de course à l'information lorsque, médiatiquement, une personne est déjà condamnée ?

Comment éviter l'instrumentalisation des médias lorsque les affaires ne se jugent plus dans les prétoires mais devant les écrans de télévision ?

A cet égard les propos d'Arnaud Montebourg, chevalier blanc d'opérette, sont affligeants. Le candidat à la primaire PS, a déclaré lundi sur Europe 1 qu'il n'avait pas été "convaincu" par Dominique Strauss-Kahn, tout en espérant que celui-ci s'astreindra désormais à un "silence méthodique".

De quoi le député de Saône-et-Loire voulait-il être convaincu ? De l'innocence de DSK ? L'ancien avocat, c'est un comble, aurait-il oublié l'existence de la présomption d'innocence ?

crédit photo : capture d'écran TF1


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