Et si j’avais plus Internet? by Sophia Liabastres

Publié le 09 septembre 2011 par Pointofview @ptofvw

Pistache fait son apparition chez POV et vous comprendrez vite pourquoi… un récit acide à souhait…

Sans Internet, vous n’auriez  plus accès à l’information instantanée dans son ensemble, à tant de sites répertoriant et classant biographies, dictionnaires de toutes sortes, conjugueurs, traducteurs, boutiques en ligne, recettes de cuisine, de beauté, galeries photos, vidéos, porno, réseaux sociaux ad lib..

Internet regorge, déborde et s’étouffe d’un tas de renseignements, du bon comme du mauvais. Internet c’est la facilité, la rapidité selon les connections, l’utilité et parfois son contraire.

Nous savons que la transmission et le lien sont des acteurs clés du fonctionnement et du déroulement de tout évènement. Grâce au monde virtuel ces connections sont immédiates

De ce fait, sans internet, il serait commun de se déplacer jusqu’à la boutique pour s’apercevoir qu’elle est fermée, de se rendre dans une bibliothèque pour connaître la date de naissance d’untel ou le temps de cuisson de notre rôti en croûte de pâté, ou encore de dévaliser les kiosques en quête d’annonces d’appartements à louer. Il serait aussi impossible de commander via le shop en ligne cette robe parfaite dont la marque n’affiche aucun revendeur à 100 kms à la ronde, impossible de connaître la météo du lendemain si par malheur nous n’étions pas devant la télé au bon moment

Sans internet, nous subirions moins de publicités intempestives promettant de lire l’avenir en prévoyant la date de votre rencontre avec l’âme soeur, moins de statuts dolents, paradeurs, faussement philosophes, saturés de viols grammaticaux, nous nous exposerions à moins de formulaires destinés à notre identification dans telle ou telle base de données.

Ces attaques incessantes poussent à vivre de façon malsaine. Le but n’est plus de se retrouver tranquille avec des amis, mais de tout mettre en oeuvre pour se créer une vie hypocritement palpitante. Le simple ne fonctionne plus. Le peuple s’affiche, s’exhibe, il veut être vu et reconnu de tous à tout endroit et toute heure, toujours sous une apparence qu’il voudra parfaite, et le reste du temps il le passera chez lui, devant son écran, à peaufiner son image (et à fabriquer de la cellulite)

L’individu devient ainsi acteur, joue rôle sur rôle pour coller et s’identifier à tel ou tel groupe de son réseau, et est ainsi en perpétuelle représentation. Se sachant épié (par son unique volonté) et ressentant le besoin de plaire à celui qui n’aura de cesse de l’évaluer, l’individu publie les photos de ses multiples sorties délirantes, riches de mondanités. Il attendra alors le jugement selon lui fatidique de son troupeau de connaissances virtuel, qui se manifestera par des commentaires plus ou moins affligeants de niaiserie, de baratin. Ainsi le cercle vicieux est enclenché.

Inscription sur Facebook Ajout d’amis Mail de retrouvailles Modification photo de profil Notification événement « On s’étais dix rendé vou dent 10 an » /Ajout de connaissances Mur d’X : Ouuuuuuuiiiiiiiiiiiiiiiiiiii (hystérique) ça fait un bail, tu deviens quoi ? Ajout d’inconnus Espionnage Mail douteux Rupture de couple Statut partagé Regretté Supprimé etc etc…

Le web d’aujourd’hui c’est presque tout savoir de la vie des autres, et bien souvent nous nous en passerions volontiers. L’oeil au beur noir de Rihanna, les clichés exhibant Manaudou « dans sa profonde intimité », la sex tape d’Hilton, nous connaissons.  Les lambdas suivent le pas, entre collégiens et lycéens mettant en scène leurs copines se déshabillant après deux verres de bière 0° d’alcool, ou leurs  potes agressant à tout va sans motif sinon celui d’en montrer et d’en faire plus que la vidéo précédente. La violence et le cul, genre « A clockwork orange » sur fond de « Big Brother ».

Fort heureusement pour la dignité de notre espèce, certains sites sont apparus, nous permettant de regrouper les ignominies que nombre d’internautes sont apparemment capables d’assumer.

Stupidbook, site destiné à mettre en exergue les stupidités présentes sur Facebook, nous offre un large échantillon de la bêtise et de l’inculture dont les inscrits font preuve. (Pour ceux qui ne connaissent pas, ça vaut le coup d’aller y faire un tour)

Internet avance ainsi nombreux atouts et défauts, défauts qui, si nous parvenons à atteindre le 3ème degré de l’humour et de la prise de recul, réussissent à nous distraire et à nous servir, en tant que mauvais exemple.

Attrapez vos téléphones, appelez vos amis, attrapez vos amis si cela fait partie de vos coutumes, ou allez simplement boire un café ensemble loin des endroits fréquentés.

 Vomitivement vôtre.

 Pistache


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