Comme sur l'EP qui l'a précédé, l'album de Nadéah s'ouvre sur son morceau fétiche "Odile" qui est sans aucun doute celui qui lui ressemble le plus parmi tous ceux qu'on y trouve réunis ici. Heureuse idée quand on songe qu'il s'agit d'un morceau plein d'entrain, qui délivre une énergie irrésistiblement communicative et la juste dose de folie qui rend chacun des sets de Nadéah complètement captivant.
Alors oui, j'en profite pour faire une mise au point, parce que bon parfois, je reçois des messages qui ironisent un peu sur l'air du "Mais dis-donc La Blonde, est ce qu'il n'y aurait pas comme une sorte de déséquilibre garçons/filles parmi les artistes que tu chroniques et que tu suis?".
Mais enfin, c'est quand même pas d'ma faute à moi, j'y peux rien. Et puis je ne suis pas sûre que ce soit très juste parce que je crois que depuis ma première écoute j'ai assisté à quasiment tous les concerts parisiens de Madjo, Lise, Babet, Owlle, Lilly Wood And The Prick, La Fiancée et Nadéah et que je voue une admiration sans borne à L, aux Brigitte, Hindi Zahra, et à tout un tas d'autres artistes féminines que j'oublie sans doute mais bon...Même si l'équilibre n'est pas tout à fait respecté, il faut arrêter avec les sarcasmes.
Alors oui, Nadéah fait partie de celles (trop rares diront les mauvaises langues) que j'admire.
Nadéah a été de ces artistes dont la rencontre m'a saisie, cette année. Avant de l'interviewer, j'avais écouté quelques titres que j'avais beaucoup aimé alors quand j'ai reçu un message m'indiquant qu'il était possible de la rencontrer dans le cadre de sa promo, j'ai sauté sur l'occasion.
Quand elle est arrivée, je suis restée bouche bée. Non seulement elle est douée (j'avais déjà pu m'en rendre compte à l'écoute de son EP) mais en plus elle est divinement belle : Une beauté évidente, sans sophistication, de celles qui laissent pantois. Immense aussi.
Elle l'est. Jambes interminables.
Bluffante.
Du coup, sur l'instant, ça impressionne un peu. Le léger malaise ne dure pas parce qu'elle a le chic pour mettre immédiatement tout le monde à l'aise : Extrêmement souriante, le rire facile, elle répond avec un naturel saisissant, toujours enjouée et disponible.
Pour parfaire le tableau il faut préciser que Nadéah aime plus que tout les sessions musicales improvisées où elle peut partager avec les passants sa musique. Aussi à l'aise sur scène que sur un plateau improvisé, en pleine rue, Nadéah prend un plaisir non dissimulé à partager sa musique et c'est extrêmement rafraichissant.
Après l'avoir vue évoluer dans le projet Nouvelle Vague mais aussi en première partie d'autres artistes (elle a notamment partagé la scène avec Charlie Winson ou The Do de façon récurrente), nombreux sont ceux qui attendaient son album. Ils peuvent se réjouir, il est plein de surprises et de relief.
Bourré de clins d'oeil au passé (on se laisse parfois gagner par l'envie d'entamer un fox trot déjanté), l'album de Nadéah est pourtant résolument ancré dans le présent. A dominante jazzy, il s'autorise aussi des choeurs évoquant le gospel et résonne aussi parfois comme de la (très bonne) pop souvent teintée de blues.
Les morceaux catchy (Odile, Whatever lovers says...) cotoient des morceaux plus mélancoliques (Suddenly afternoons, At the moment...) mais tout aussi efficaces. Les 11 titres de l'album balaient ainsi un large spectre d'émotions naviguant entre l'envie irrésistible de danser et celle de se laisser emporter par les mélodies plus calmes.
Côté voix Nadéah ne s'interdit rien : elle susurre, crie, chante, aboie (oui), fredonne, murmure...bref, elle joue et c'est divinement bon. Toujours juste et incroyablement touchante quelque soit le registre dans lequel elle choisit d'évoluer, Nadéah séduit d'un bout à l'autre de l'album.
Percussions dansantes, cuivres envoutants,... les arrangements riches et variés eux aussi nous font tour à tour voyager ou planer. Pour ce qui est des textes, tantôt légers tantôt graves, ils jouent aussi sur différents registres évitant la redondance ou la lassitude : j'ai apprécié.
J'ose malgré tout un bémol : la pochette de l'album est une photo en noir et blanc (fort jolie) sur laquelle apparait, latéralement, le nom de l'artiste imprimé en rose résolument girly : Joli mais terne quand on sait le goût de la belle pour les tenues bigarrées et les patchworks improbables. J'aurais aimé retrouver ce mélange des genres un peu fou qui fait son style et sa folie sur scène plutôt qu'un visuel qui me semble un peu austère...
Bref, Venus Gets Even est un album à l'image de son interprète : haut en couleurs (si l'on exclue la pochette :))
On n'en attendait pas moins de la belle Nadéah. A se procurer de toute urgence. Pour ça, c'est là.
PS : Je relève aussi ce que je prends pour un clin d'eoil à un film de Gus Van Sant "Even cowgirls get the blues" sur le dernier morceau intitulé "Even quadriplegics get the blues". J'aime.