Elle avait pas bonne allure, notre Grèce boursouflée.
Etait-ce une raison pour l'affamer sous un régime d'austérité ?
Plus de douceurs, plus d'indemnités chômage, le verre de vin proscrit, une sécurité sociale affaiblie.
Alors oui, la ceinture finirait par se serrer, mais on en connaissait l'efficacité, ça se terminerait en yo-yo financier.
N'empêche. Il en allait de la dignité des Nations Européennes Unies, pour afficher un front joli.
L'urgence était de masquer la prise de poids des grassouillettes Sud-Européennes et la culotte de cheval de la fière Irlandaise, en faisant rapidos dégonfler l'obèse.
On la voyait pas beaucoup pourtant, la Grèce, 3% du PIB de la zone euro, autant dire 10 minutes de présence sur scène.
N'empêche, la note de Pariscope dégringolait sérieusement et les spectateurs spéculaient désertaient.
Ca voulait du hiératique, ça voulait de la performance économique.
Et puis... La danseuse étoile de la troupe, championne du monde de machines-outils, s'impatientait.
Ca avait été l'erreur.
Faire du ballet classique.
Avec une bande de branquignoles qui n'avaient pas la même longueur de jambes.
Des Etats égaux, ah oui, mais avec son quadrille portugais, un coryphée belge, une première danseuse française et notre si parfaite et ennuyeuse allemande en haut de l'affiche.
Ca n'avait jamais marché, on voyait les chignons dépasser.
C'était pas faute d'un maîte de ballet, quoiqu'on en dise.
En vérité, l'Union Européenne était une troupe de danse contemporaine, pas une mauvaise.
Avec ses gros, ses artisans, ses petits, son commerce parallèle, ses graciles, ses paradis fiscaux, son art de vivre, ses expressifs et ses sensuels, ses productifs et ses intellectuels.
Las, en s'escrimant à monter Le lac des cygnes, bientôt, ne lui resterait plus qu'à s'effeuiller, l'Europe.
L'Europe burlesque.