En mer (Weing)

Par Mo

Weing © Ca et là - 2011

Il a 20 ans, peut-être 30 quand nous faisons la connaissance de ce poète vagabond. Il erre dans les rues, cherche l’inspiration dans les recoins de la ville endormie, rêvasse au bord de l’eau. Touchant personnage à la carrure imposante et malgré tout, il est sensible, serein et rassurant.

Et puis un soir, il s’endort sur un quai après avoir rédigé un poème. Le lendemain, il se se réveille à bord d’un navire, prisonnier d’une bande de marins qui a profité de son sommeil pour le kidnapper et en faire leur homme de main. Le costume de moussaillon lui va mal. Lui qui rêvait du grand large se plait à penser avec nostalgie à la terre ferme et à sa vie perdue. Il refuse sa nouvelle condition et pourtant, ce nouveau départ et de s’épanouir…

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Un album précieux, c’est ce que j’ai tout de suite pensé quand j’ai lu la chronique de Jérôme il y a quelques jours. L’impression s’est ensuite confirmée lorsque j’ai eu ce petit livre en main (le format de cet ouvrage est réellement surprenant, pas plus gros qu’un boitier de CD !). Sitôt reçu (merci Jérôme !!!), sitôt lu… quel beau cadeau m’a-t-on fait !

Le support est original de par sa taille mais sitôt qu’on est plongé dans l’histoire, on ne peut que saluer le travail de Drew Weing. Il a créé un personnage auquel on s’attache dès le premier visuel. On se demande comment l’auteur est parvenu à donner vie à cet être gigantesque, à le faire évoluer dans un aussi petit format sans qu’on le sente étriqué. Au contraire, j’ai eu l’impression que le format de l’album apportait du réconfort à cette grande carcasse sans quoi, il se serait senti perdu. Pauvre bougre… il nous donne envie de le prendre par la main et de le protéger. Il semble si fragile ! Nous le rencontrons à une étape charnière de sa vie. Ironie du sort, lui qui rêvait du grand large s’y retrouve contre son gré. Au fil des pages, il fait contre mauvaise fortune, bon cœur et s’adaptera peu à peu, la contrainte laisse place au plaisir, la solitude laisse place à l’amitié. Sa personnalité se révèle sous nos yeux, j’ai eu l’impression que l’homme qui sommeillait en lui se réveillait enfin. Le fait que cette mutation s’opère au beau milieu de nulle part donne un côté magique à sa métamorphose.

Autour de ce héros hors du commun, c’est tout un univers de détails, de finesse qui s’offre à nous. Le dessin est fin, fouillé, rond mais juste ce qu’il faut pour créer une ambiance chaleureuse sans pour autant la rendre naïve. De nombreux passages muets, des ambiances en noir & blanc et la mer à perte de vue donnent à cette fable un côté poétique apaisant. Jérôme l’avait déjà précisé dans sa chronique : chaque visuel d’album se présente en pleine page permettant au regard de happer le moindre détail… c’est magnifique. Dix-sept centimètres de haut sur 13 centimètres de large, voilà un format amplement suffisant pour nous plonger totalement dans l’album et profiter pleinement du voyage en mer que nous propose Drew Weing.

Une histoire universelle et magique en compagnon d’un héros anonyme. Une lecture qui dure le temps d’un rêve, un moment de douceur dans ce monde de brutes. les dialogues y sont discrets et l’émotion du lecteur y est assez grande.

Décidément, la ligne éditoriale de Ça et là est réellement une pure merveille.

L’avis de Jérôme et celui de Nicolas Albert.

Extrait :

Prendre la mer, voguer sur une caravelle,

Pour offrir quelque répit à un esprit las,

Laisser la terre et ses chagrins derrière soi

Bercé, au gré des flots, par cette ritournelle.

L’homme qui a pris le large a trouvé sa place,

En mer, seul et perdu dans l’infinie surface

Nul autre souci, nul autre mot ne l’atteint

Lorsque chantent les sirènes au petit matin.

En mer

One Shot

Éditeur : Ça et là

Dessinateur / Scénariste : Drew WEING

Dépôt légal : août 2011

Bulles bulles bulles…

éé

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–à–

En mer – Weing © Ca et là – 2011