Maître Eckhart dit :
mieux vaut un maître de vie que mille maîtres de lecture ; mais lire et vivre en Dieu, personne ne peut y parvenir. Si je devais chercher un maître de l'écriture, je le chercherais à Paris dans les hautes écoles pour (apprendre) les arts élevés. Mais si je voulais m'enquérir de la vie accomplie, il ne pourrait me le dire. Où devrais-je donc aller ? Absolument nulle part, hormis dans une nature nue et libre : elle pourrait m'instruire, si je le lui demandais en paroles. Bonnes gens, que cherchez-vous dans les ossements morts ? Pourquoi ne cherchez-vous pas le sanctuaire vivant, qui peut vous donner la vie éternelle ? Car la mort n'a rien à donner ni à prendre. Et si l'ange devait chercher Dieu en Dieu, il le chercherait nulle part ailleurs que dans une créature libre, nue et détachée. Toute la plénitude réside en cela : que l'on accepte la pauvreté et la misère et l'outrage et l'adversité et tout ce qui peut arriver d'opprimant, et qu'on veuille bien le souffrir, joyeusement, délibérément volontiers et promptement et impassiblement, et de rester ainsi jusqu'à la mort sans aucun pourquoi.
Maître Eckhart (1260-1327).
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