Chronique du lundi 19 septembre 2011.
La France a battu 46 – 19 le Canada en marquant le point du bonus offensif, ce qui lui ouvre quasiment la porte des quarts de finale. De quoi être largement satisfait même si, c’est vrai, le contenu proposé doit être discuté. Analyse…
Merci l’IRB :
C’est à partir de l’heure de jeu que le match a complètement basculé. Il faut dire, en ayant joué 4 jours plus tôt, les joueurs Canadiens ont, à ce moment du match, commencé à baisser physiquement, à tel point que les joueurs leaders, tel Jamie Cudmore, ont été obligés de quitter le terrain, remplacé par des partenaires dont le niveau était bien inférieur. D’un coup, la France a pu profiter de cette baisse de régime pour creuser définitivement l’écart et battre son adversaire grâce à 3 nouveaux essais. Il faut donc remercier l’IRB qui, par cette organisation des matchs, fausse légèrement la confrontation entre petites et grosses nations. En tant que supporter français, je me réjouis de la fatigue des Canadiens mais, en tant que fan de rugby, je me désole d’avoir été privé d’une fin de rencontre qui aurait pu être beaucoup plus équilibré que cela.
Du moment que les meilleurs joueurs Canadiens étaient sortis, le match était plié et à sens unique alors que, jusque-là, le Canada avait réussi à contrer son adversaire et, même mieux, à rester au maximum à porté d’un essai, ce qui était plutôt inquiétant au vu de leur capacité à marquer. Ils jouaient simple et efficace, ne faisaient pas de fautes de main ( 6 pour les français en 50 minutes ) et, avec leur puissance physique, mais pas seulement, ils causaient quelques tourments aux français. Si leur mêlée connaissait des difficultés et était pénalisée, leur touche, par contre, était irréprochable et leur jeu au pied et leur occupation du terrain redoutables. On ne sentait pas, pour autant, les français stériles et sans possibilités de marquer, mais, au vu des conditions climatiques compliquées, une erreur, comme sur l’essai Canadien, était toujours possible et la rencontre était encore loin d’être gagné. C’est à ce moment-là que l’effet IRB est entré en compte et que le match bascula définitivement…
Une équipe qui joue, mais pas la bonne :
Les 20 dernières minutes du match sont intéressantes, car les joueurs français finissent bien le match, prenant l’ascendant sur leurs adversaires et surtout, réussissant, enfin, à produire du jeu. L’essai de Damien Traille et, surtout, le dernier de Vincent Clerc démontrent qu’il peut y avoir de la qualité dans cette équipe, individuellement et même collectivement. Marc Lièvremont va pouvoir se servir de ces séquences comme base sur laquelle capitaliser pour la suite. Le problème, c’est que ces 20 minutes n’ont pas été construites par des joueurs qui constituent l’équipe type du sélectionneur. Pour cette fin de rencontre, François Trinh-Duc et Aurélien Rougerie étaient sortis, la troisième ligne Dusautoir, Lakafia, Harinordoquy n’était pas sur le terrain ( le Basque est rentré à 4 minutes de la fin ) et, pire, même la charnière était constituée de 2 demis de mêlées, Yachvili et Parra. Quels enseignements peut-on tirer de ce match ? Que les réservistes jouent mieux que les titulaires ? Depuis la double confrontation contre l’Irlande, en août, ce semble être le cas. Est-ce qu’il faut en tenir compte pour bâtir l’équipe type ou continuer avec ses certitudes d’entraîneur ? Depuis 4 ans , le chantier de l’équipe type est repoussé et là, il s’impose plus que jamais au sélectionneur.
Le match raté de François Trinh-Duc, qui est même allé jusqu’à refuser de plaquer le 8 Canadien qui arrivait lancé sur lui, est un véritable problème pour l’équipe de France. Pas pour son sélectionneur apparemment, puisqu’en faisant venir un demi de mêlée pour suppléer David Skréla, il semble donner au Montprelliérain la certitude d’être titulaire, quoi qu’il arrive. Ce qui, d’une certaine manière, devrait nous satisfaire. Pour une fois qu’il y a de la continuité dans les idées du manager et dans le choix des joueurs, ce ne peut être qu’au service de l’équipe de France. François Trinh-Duc n’a pas encore commencé sa Coupe du Monde mais ça ne saurait tarder, maintenant, au vu de ses talents. Le problème, c’est que si l’on se base sur les derniers grands choix de Marc Lièvremont, il n’y a aucune certitude dans la ligne qu’il va suivre et, ainsi, l’équipe de France pourrait tout autant se retrouver avec une charnière Yachvili – Parra pour le quart de finale, ce qui permettrait au sélectionneur de ne pas avoir à choisir entre les 2 joueurs.
Vive la pluie :
Même si le contexte pluvieux était en défaveur de la France dans cette confrontation avec une équipe plus faible, la pluie nivelant par le bas, et ce, plus encore, du fait que ce soit le Canada, dont le jeu direct, à une passe, et puissant s’en accommode très bien, il est possible que ce temps humide devienne maintenant un avantage. En effet, face à des équipes dont le jeu est bien en place et qui cherchent à prendre le contrôle de la balle pour imposer des temps de jeu multiples, la France pourrait s’appuyer de manière plus systématique sur sa conquête, une occupation du terrain satisfaisante et un bon pressing défensif. Rappellez -vous le France – Angleterre du Grand Chelem 2010. Sous des trombes d’eau, les Français avaient mis à la raison des Anglais pas très inspirés en étant capable de tenir le choc physiquement et en pratiquant un pressing défensif source de quelques ballons de contre. Renouveler une telle performance permettrait tout simplement à la France de se retrouver en demi finale de la Coupe du Monde.
Il ne reste plus à espérer maintenant qu’il pleuve sur la Nouvelle-Zélande tout le mois d’octobre pour que l’équipe de France puisse se réaliser et s’appuyer sur ses véritables forces, même si l’on a vu que face au Japon et au Canada, nous ne dominions pas tant que cela nos adversaires, question puissance physique. Mais avant de parler quart de finale, il reste, bien sûr, à rencontrer la Nouvelle-Zélande pour un match décisif pour la 1ère place de la poule. Une 1ère place qui, en ce moment envoie en enfer, c’est à dire face à l’Afrique du Sud ou l’Australie en demi, là, où, la 2nde place permet de rencontrer une Angleterre qui se cherche encore et, ensuite, une équipe du Pays de Galles ou d’Irlande qui commencera à rouler sur la jante, faute de profondeur de banc. Ce qui laisse penser que les joueurs français seront dans un état d’esprit quelque peu différent de celui de leurs prédécesseurs de 2007…
JOUEURS QUI ONT MARQUE DES POINTS : Ducalcon, Papé, Bonnaire, Picamoles, Clerc.
JOUEURS QUI ONT PERDU DES POINTS : Millo-Chluski, Ouedraogo, Trinh-Duc,
JOUEUR QUI N’A SERVI A RIEN : Rougerie.
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