Les futures applications mobiles de PayPal offriront ainsi une palette de services aux consommateurs : promotions et offres spéciales geo-ciblées, recherche d'informations (caractéristiques de produits, bons de réduction, enregistrement des achats...) par code QR, accès à l'inventaire de la boutique en temps réel, paiement (naturellement !), cartes de fidélité... La dernière partie de la démonstration est peut-être la plus originale : le client peut choisir ultérieurement (le soir, à tête reposée) sur quels moyens de paiement il va imputer ses achats, crédit PayPal, carte de crédit ou de débit, compte bancaire...
Tout cela est accompagné d'une promesse aux commerçants qu'ils n'auront pas à changer de solution de point de vente (qui me laisse sceptique, cependant). Et le mobile ne sera pas le seul support de cette "révolution" : il serait question de cartes PayPal, fonctionnant en dehors des réseaux habituels (Visa ou MasterCard)...
Alors, PayPal réussira-t-il à s'imposer dans le commerce physique comme il l'a fait dans les paiements P2P et en ligne ? Il est trop tôt pour l'affirmer et il faudra au moins attendre la présentation officielle des nouveaux produits et services, prévue en octobre, pour esquisser une réponse. Mais ce premier aperçu, démontrant un souci d'intégration de la totalité de la chaîne des achats, est plutôt de bon augure.
Bien entendu, Google Wallet est d'abord conçu pour exploiter les technologies sans contact (NFC) et MasterCard met en avant son réseau de près de 150 000 commerces équipés de lecteurs compatibles, dont une des applications en démonstration permet d'ailleurs la localisation.
Mais l'opérateur admet implicitement que le décollage du paiement sans contact par mobile risque d'être long (faute d'équipement des consommateurs), en orientant aussi ses réflexions sur les codes QR (comme PayPal). Dans ce domaine, ses idées comprennent par exemple l'achat immédiat par la capture d'un code sur le téléviseur, la réservation d'une place de spectacle depuis une affiche, la prise de commande et le paiement à la table d'un restaurant (ces deux derniers cas supportant aussi l'interface NFC).
Cette "vision" de MasterCard est finalement un peu décevante et fait pâle figure face à PayPal, notamment par le spectre limité qu'elle couvre. Espérons que Google apportera les briques innovantes qui manquent encore pour envisager une vraie rupture dans les paiements.
Revenons maintenant de notre côté de l'Atlantique ou pas moins de 5 nouveaux services de paiement ont éclos (ou, du moins, les ai-je repérés) ces dernières semaines.
La plus visible des annonces a été l'ouverture effective de Buyster (déjà évoqué dans ces colonnes), l'initiative portée par les 3 opérateurs français avec Atos. Il s'agit d'un (simple) système de compte adossé à une carte bancaire et dont l'identifiant est le numéro de mobile. Ce dernier n'est utilisé que pour fournir un code de confirmation à usage unique, renforçant la sécurité des transactions sur internet (pour les achats sur mobile, c'est l'opérateur qui identifie le terminal).
Quand on connaît le "succès" des protections 3D-Secure (fonctionnant souvent aussi par l'envoi d'un code à usage unique par SMS), dont les commerçants se plaindraient d'être à l'origine de 15% d'abandons d'actes d'achat, on imaginera aisément les perspectives d'avenir de Buyster...
Viennent ensuite, en vrac, Nobanco, Skimm!, SlimPay, et Bankeez. NoBanco est un "clone" (simplifié) de PayPal, mettant en avant des coûts avantageux (assertion discutable, au demeurant). Skimm!, qui vient d'entrer dans la deuxième promotion du Camping, ajoute au modèle du leader le paiement mobile dans les commerces physiques (cf. plus haut). SlimPay cherche la différence en s'appuyant sur les virements SEPA et non plus sur une carte. Et Bankeez vise le segment des collectes d'argent (comme Leetchi).
Dans un contexte où PayPal compte 5 millions d'utilisateurs actifs en France, où les grands réseaux de cartes (Visa et MasterCard) développent de nouvelles stratégies et où les banques commencent (enfin) à s'intéresser au sujet, il faudrait que ces jeunes pousses fassent preuve de beaucoup plus de créativité pour espérer conquérir un marché, sans disposer des moyens des acteurs établis. Il ne semble malheureusement pas que ce soit la tendance (détrompez-moi, si possible !).