En cavale

Par Anne Onyme

Norah McClintock
Hurtubise
276 pages

Résumé:

Robyn Hunter se retrouve mêlée à la disparition de sa camarade de classe Trisha. Celle-ci fugue souvent au moindre problème, mais finit toujours par rentrer à la maison. Cette fois, pourtant, Trisha semble bel et bien s’être évaporée dans l’univers clandestin des jeunes de la rue. Se sentant responsable du sort de Trisha, Robyn entreprend d’élucider le mystère. En parallèle, le père de Robyn, qui dirige une agence de sécurité privée, mène une enquête à propos d’une sinistre histoire de fraude.

Mon commentaire:

Robyn a presque seize ans. C'est une adolescente plutôt sérieuse qui vit entre la maison de sa mère et l'appartement de son père. Ses parents sont divorcés et ne s'entendent pas toujours. La mère de Robyn est accro au travail et se remet difficilement de son divorce. Elle ne sait pas toujours où elle en est. C'est une femme plutôt sévère, qui tente de donner une éducation encadrée à sa fille. Le père de Robyn s'occupe d'une agence de sécurité et d'enquêtes privées. C'est un bon vivant, assez permissif, qui se met parfois dans des situations impossibles, surtout dans le cadre de son travail.

En cours d'histoire, Robyn est jumelée à Trisha, une fille étrange qui semble vivre sur une autre planète. Elle n'a pas d'amis, aucune relation, ne parle pratiquement pas et médite à l'aide d'une pierre. Elle est la risée des autres adolescents. Robyn est désespérée. Le matin de l'exposé oral, Trisha disparaît. Robyn est en colère et doit se taper tout le travail seule. Elle apprend alors que Trisha a disparu. On soupçonne une fugue, ce que la jeune fille a l'habitude de faire. Le père de Robyn est alors mandatté pour la retrouver. Parallèlement, il s'occupe d'une autre enquête. Robyn se mêle donc un peu de l'enquête, jusqu'à s'y impliquer totalement.

Les personnages de ce roman sont entiers, différents, chacun avec une expérience de vie unique. C'est ce qui fait la richesse de l'histoire. Je trouve intéressant le rôle de Nick dans ce roman. C'est l'amoureux de Robyn, mais c'est aussi un jeune homme au passé douloureux, qui a fait des erreurs de jeunesse et vit dans un foyer d'accueil où il est surveillé. Il est accepté par le père de Robyn, qui le traite en égal et non pas comme un criminel, alors que la mère de la jeune femme a plus de mal à passer outre son statut et ses erreurs passées. Beej quant à elle, fait tomber nombre de préjugés sur les jeunes de la rue et l'idée que l'on s'en fait.

Le roman est intéressant sur plusieurs points. Il mêle la vie quotidienne d'adolescents à une intrigue policière. Nick et Robyn entretiennent une relation par moments ambigüe et c'est un moyen pour l'auteur d'aborder le thème des différences et des premières relations sérieuses. Robyn est une jeune femme sensible et réfléchie. Elle a un rôle clé dans l'enquête et dans son dénouement. Contrairement à d'autres romans policiers, Norah McClintock aborde ici de nombreux thèmes, allant de la délinquance au divorce, en passant par l'amour et la relation des adolescents avec leurs parents. Elle ne se contente pas d'une simple enquête policière. Il y a d'ailleurs plusieurs intrigues qui se suivent en parallèle, ce qui en fait un roman consistant, dans lequel on ne s'ennuie pas.

Je ne connaissais pas Norah McClintock avant de lire En cavale et c'est un roman que j'ai adoré. L'écriture et les personnages me plaisent beaucoup. Norah McClintock est une auteure canadienne pour la jeunesse qui a déjà plusieurs titres à son actif. En cavale n'est pas la première aventure de Robyn, mais même si elle fait parfois allusion à sa rencontre avec Nick dans un chenil (événement du roman précédent), ça ne m'a pas du tout dérangée. Le livre peut être lu seul sans problème.

En cavale est une excellente découverte pour moi et c'est avec grand plaisir que je me pencherai sur les autres roman de Norah McClintock. Une auteure jeunesse à découvrir!

Un extrait:

"Trisha n'est pas une de mes amies. J'ai l'impression qu'elle n'est l'amie de personne. Autant que je sache, elle n'appartient à aucun groupe et n'a pas de copains. Elle ouvre rarement la bouche en classe. Bien sûr, elle doit faire des exposés comme tout le monde, dans ce cas elle choisit généralement des sujets plutôt glauques. L'année dernière, dans le cours de Civilisation occidentale jusqu'au XVe siècle, elle nous a servi un topo sur l'histoire de la torture. Sa présentation en poésie anglaise portait sur - qui d'autres? - Sylvia Plath. Pendant le cours sur les affaires internationales, elle nous a éclairés sur la mondialisation des épidémies et décrit avec force détails répugnants la progression du virus Ebola à l'intérieur de l'organisme humain. Sinistre. Telle est Trisha." p.28