« Ce qu’il faut éviter c’est le syndr
Si aux prémisses du festival, malgré les premières rumeurs qui commencent déjà à courir et à enfler, on ignore encore quelles seront les couleurs du choix du jury, en revanche cette première journée du festival aura déjà été intense, colorée, bigarrée. A Cannes, on adore ou on abhorre, tout est blanc ou noir mais rien n’est jamais terne ou en demi-teinte. Tout est toujours amplifié, exagéré, démesuré à l’image du marketing hégémonique qui a accompagné le film
A peine arrivée à la gare Cannes, me voilà déjà plongée dans l’ambiance avec les panneaux publicitaires rappelant l’arrivée de l’Eurostar modestement baptisé Da vinci Code puis je découvre l'immense pyramide ornant la plage (défigurant serait plus juste, oui Cannes est savamment défigurée pendant le festival) destinée à la soirée ayant coûté la tout aussi modeste somme de 1 millions d’euros . Devant les marches une religieuse prie en signe de protestation. Bienvenue dans l’étrangeté cannoise.
Vient ensuite l’heure de la cérémonie d’ouverture plutôt monotone (on aurait tellement aimé voir surgir Vanessa Paradis et Jeanne Moreau entonnant Le tourbillon de la vie) pour la première fois présentée par un homme devenu selon ses propres termes « maîtresse de cérémonie », en l’occurrence le polyglotte Vincent Cassel. Si le palmarès du festival a souvent eu, à plus forte raison ces dernières années, des résonances politiques, en revanche les cérémonies d’ouverture aux accents politiques sont plus inhabituelles. Alors que ce même jour l’Assemblée Nationale votait le projet de loi Sarkozy sur l’immigration, Vincent Cassel a ainsi fait l’éloge de la France multiculturelle et de ce melting pot filmique qu’elle accueille et célèbre chaque année sur la Croisette. Puis, après la présentation du jury, et un air d’opéra italien, le festival fut déclaré ouvert par Sydney Poitier ovationné par les festivaliers.
Ensuite, place à l’adaptation du best seller de Dan Brown précédée de la réputation de « comédie malgré elle » lors
Finalement la véritable quête qui m’a tenue en haleine n’a pas été celle du Graal mais celle des Irlandais du Vent se lève dont les velléités d’indépendance sont réprimées par les redoutables Black-and-Tan, troupes anglaises envoyées par bateaux entiers, premier film de la compétition qui nous rappelle l’engagement du réalisateur de Land and freedom, Ken Loach. Fidèle à son penchant pour les films de société ou politiques, Ken Loach retrace le
Mais peut-être Wong Kar Wai, premier président chinois du jury cannois, sera-t-il plus sensible au film suivant de la compétition, celui de son compatriote Lou Ye Summer Palace qui nous embarque avec lui, en 1989, dans les tourments de l’Histoire, de la place Tien An Men au mur de Berlin mais aussi dans ceux du cœur de la jeune héroïne auxquels il font écho. D’Histoire et de passion il est donc aussi question. Celle de deux jeunes amoureux qui vivent une relation d’amour haine complexe dans un pays soumis aux troubles et à l’instabilité politique. Leur relation tourne au jeu dangereux alors qu’autour d’eux les autres étudiants commencent à manifester exigeant la liberté et la démocratie. Dommage que la musique omniprésente et que la pluralité de thèmes altèrent les qualités de ce film qui possède pourtant une troublante mélancolie. La fin nous fait ainsi oublier les longueurs certaines (un prégénérique de 20 minutes) portant à son paroxysme ces illusions mortelles qui entraînent les deux amoureux,( très loin moralement et physiquement d'ailleurs) sublimant le film comme elles ont sublimé la vie des protagonistes et nous faisant oublier les maladresses. Une fin qui vous poursuit longtemps et qui devrait plaire aux inconditionnels de Sur la route de Madison bien que ces deux films soient très différents, la relation amoureuse était aussi suggérée dans l'un qu'elle est montrée dans l'autre! Lou Ye n’a pas non plus hésité à filmer des scènes d’amour de façon crue, du moins est-ce une rareté pour un film chinois, d’ailleurs la version cannoise est différente de celle soumise à la censure du pays. Des scènes qui symbolisent le désir, le désir de liberté surtout, la perte de repères que l’Histoire et la passion intimement liées engendrent. On se souvient alors des premières paroles du film de « l’amour qui surgit comme le vent qui se lève un soir d’été. » Après ses tourments la passion laisse place à une nostalgie poétique et cette fois c’est le spectateur qui succombe…. Hao Lei qui interprète l’héroine Yu Hong n’y est pas étrangère et pourrait prétendre à un prix d’interprétation féminine…
Place enfin à un peu de légèreté, du moins aurait-on pu le croire, avec l’ouverture d’un Certain Regard avec un film au titre en forme de déclaration d’amour Paris je t’aime dont on nous présente ce soir la...81ème version après que le film ait bien failli ne jamais être projeté en raison d'un désaccord au sein de la production. La projection est précèdée de la présentation de l’équipe du film sur scène en l’occurrence les équipes des 18 films (18 courts métrages se déroulant chacun dans un arrondissement de Paris) donnant lieu à un plateau prestigieux avec notamment Hypolyte Girardot, Gena Rowlands, Ludivine Sagnier, Gus Van Sant, Alexander Payne, Fanny Ardant, Gurinder Chada, Juliette Binoche, Bruno Podalydès…et tant d’autres qui ont rendu la grande scène du théâtre Debussy trop petite pour tous les contenir sans oublier évidemment le maire de Paris, mais également dans la salle un ancien Ministre de la Culture, candidat à la candidature pour la présidentielle dont certains croient qu’il l’est toujours , (confusion qui ne semble pas lui déplaire) et qui s'est d'ailleurs offert aujourd'hui un bain de foule sur la Croisette. Mais revenons à Paris, et nous voilà donc partis pour une promenade romantique dans ses rues somptueuses, dangereuses, amoureuses. Du moins est-ce ce que nous aurions pu croire mais la plupart des réalisateurs ont savamment évité les clichés de carte postale pour nous livrer une ville Lumière parfois sombre, violente, en tout cas vivante, pas si aseptisée, comme les amours dont elle est le cadre. Pas forcément un amour lisse donc mais un amour aussi tragique, vampirique, satirique, ludique… Paris vit, vibre, bouscule, exalte, provoque l’amour. Au fil des quartiers de Paris l’amour est mimé, malmené, révélé, maternel, perdu... Une œuvre riche et inégale., peut-être un peu tiède au regard d'un thème qui aurait pu permettre aux réalisateurs de se prêter à de nombreuses excentricités poétiques. Quelques films sortent réellement du lot. Indéniablement, à l'applaudimètre le film désopilant des frères Coen avec Steve Buscemi aura recueilli le plus des suffrages des festivaliers, festivaliers qui parfois n’applaudissent pas du tout au dénouement de certains courts comme celui
Même si mes critiques sont publiées avec un léger décalage, comme prévu tous les films de la sélection officielle seront critiqués sur ce blog et vous pourrez bientôt retrouver de nombreuses anecdotes sur le festival mais aussi des photos inédites!
Aujourd'hui sur France 5, à 12h25 retrouvez mon festival du cinéma. Pour voir l'article de France 5 à ce sujet, cliquez ici.
Sandra.M