Alors à comment faire pour avoir 3 élus de droite et du centre au Sénat quand on sait que la majorité des grands électeurs du département sont à gauche ?
Petit rappel des forces en présence et du mode de calcul des sièges :
Sur le département il y a 1994 grands électeurs dont 1104, plus de la moitié, sont sur des listes de gauche. Pour arriver à avoir 3 sénateurs il faut donc faire de bons calculs…
Pour avoir un sénateur au premier tour de calcul (l’élection n’a qu’un tour mais on attribue les sièges à tour de rôle) il faut faire 333 voix, pour en avoir 2 il faut faire 666 voix. Ensuite sont étudiés les « restes » c’est à dire les chiffres après la virgule de calcul. Cette notion est importante car elle démontre l’intérêt d’avoir plusieurs listes candidates. En 2004, l’UMP et l’UDF ont réussi à avoir 3 sièges lors des dernières élections sénatoriales, malgré déjà une liste divers droite supplémentaire, alors qu’un duel droite gauche aurait certainement apporté 4 sièges à la gauche et 2 à la droite.
En 2004 sur 1867 votants : l’UMP a fait 588 voix (1,89 sièges), l’UDF 248 (0,8 siège), le PC 466 (1,5 siège), le PS 369 (1,19 siège), les divers gauche 139 (0,45 siège) et le FN 24 voix (0,08 siège) . Le décompte a été fait comme suit…
Au premier tour de calcul l’UMP a pris un siège restait alors 0,89, le PC un siège restait 0,8 et les socialistes un siège restait 0,19. Au second tour de calcul l’UMP a eu un second siège, puis le PC et ensuite l’UDF.
Je sais c’est un peu particulier mais on s’y fait… les élections de parents d’élèves sont sur le même principe.
Ce qui est important de noter c’est qu’avec 466 voix, le PC a eu 2 sièges au sénat, soit le même nombre que l’UMP qui avait 120 voix de plus ! Idem, le PS a eu 1 siège avec 369 voix tout comme l’UDF avec 248. Il y a donc de la marge au niveau des votes, tout se joue vraiment sur les chiffres après la virgule.
Pour avoir 3 élus, la droite et le centre, unis dans la majorité présidentielle, doivent également combiner leurs voix intelligemment. Car ni l’un ni l’autre ne souhaite que le Sénat bascule à gauche le 25 septembre et ni l’un ni l’autre ne peut faire seul les 3 sièges de sénateurs.
L’UMP ne peut pas réaliser les 3 sièges sur sa seule liste. Il faudrait pour avoir 3 sénateurs que l’UMP obtienne 800 des 900 voix de grands électeurs de droite et du centre, ce qui n’est pas envisageable (près de 50 % de voix en plus qu’en 2004 alors que l’UMP n’a pas progressé dans de telles proportions). L’UMP a fait le choix de faire une liste UMP et non une liste d’union de la majorité. C’est son choix, ce n’est pas forcément une erreur en terme de calcul mais ce choix, rejetant toute représentation centriste sur sa liste, est un appel à la création d’une liste centriste, comme celle de Laurent Lafon, la seule qui peut gagner ce 3ème siège.
Il faut donc combiner les voix. Comme on l’a vu précédemment, l’UMP aura sans problème assez de voix pour avoir 2 sièges mais toute voix supplémentaire sera inutile et profitera à la gauche. Au maximum la gauche peut faire 3,32 élus (si une seule liste et toutes les voix obtenues), il faut donc que l’UMP fasse 450 voix pour être assurée de reconduire ses deux sénateurs face à la liste de gauche, ce qui correspond à 138 voix de moins qu’en 2004 !! Ces 138 voix pourraient donc sans risque se reporter sur la liste de Laurent Lafon pour assurer son élection et ainsi assurer le 3ème siège de sénateur dans la majorité Sénatoriale. Appeler aujourd’hui à un vote massif sur la liste UMP revient à offrir un sénateur à la gauche…
Et le modem dans tout cela ? Effectivement, le candidat élu en 2004 sous l’étiquette de l’UDF, aidé par les centristes pour être élu, est désormais trésorier national du Modem. Bien qu’il n’affiche pas son appartenance au Modem sur sa liste, il doit composer avec la réalité départementale et politique. Le MoDem a fait le choix en 2008 de présenter des listes d’oppositions aux listes de la majorité présidentielle presque partout dans le département. Ayant perdu les élections partout sauf dans une ville, les élus modems, quand il y en a sont presque toujours en opposition aux équipes municipales en place, qu’elles soient de droite et du centre ou de gauche. Difficile dans de telles circonstances d’imaginer un travail en commun au Sénat… ou d’espérer convaincre les Grands électeurs (qui sont les élus qu’on combat au quotidien de voter pour soi…). Voilà pourquoi, en plus du faible poids électoral local que représente le modem dans le département, c’est la liste de Laurent Lafon qui a le plus de chance de réussir à maintenir un 3ème siège pour la majorité présidentielle au Sénat. A partir du moment où cette liste ne peut gagner, toute voix qu’elle recueillera sera au crédit de la gauche…
Petites simulations chiffrées :
3 sièges à la liste de l’UMP :
Liste UMP : plus de 760 voix et liste Lafon + Liste Modem moins de 110 voix = IMPOSSIBLE (la liste UMP ne contient aucun centriste…pourquoi plus de 150 des électeurs centristes de 2004 iraient voter pour une liste UMP alors qu’il y a des listes centristes ?)
3 sièges à la droite et au centre :
Liste UMP : 588 voix (2 sièges) / liste de gauche : 1054 voix (3 sièges) / liste Lafon : 182 voix (1 siège) / Liste Modem : 100 voix / liste verte : 50 voix / liste FN : 20 voix / = POSSIBLE
Liste UMP : 440 voix (2 sièges) / liste de gauche : 1054 voix (3 sièges) / liste Lafon : 280 voix (1 siège) / Liste Modem : 150 voix / liste verte : 50 voix / liste FN : 20 voix / = POSSIBLE
Liste UMP : 688 voix (2 sièges) / liste de gauche : 1054 voix (3 sièges) / liste Lafon : 107 voix (1 siège) / Liste Modem : 75 voix / liste verte : 50 voix / liste FN : 20 voix / = POSSIBLE
Cette simulation montre que si l’UMP fait 100 voix de plus qu’en 2004 elle ne gagne pas un sénateur de plus, et que si 148 voix UMP se reportent sur la liste de Laurent Lafon le score reste le même pour l’UMP ! Il n’y a donc pas de risque pour les deux sénateurs UMP d’être battus !
L’élection de Laurent Lafon est donc tout à fait faisable et n’est pas du tout irréaliste, contrairement à ce que j’ai pu lire ici ou là…
4 sièges à la gauche :
Liste UMP : 700 voix (2 sièges) / liste de gauche : 1054 voix (4 sièges) / liste Lafon : 85 voix (1 siège) / Liste Modem : 85 voix / liste verte : 30 voix / liste FN : 20 voix / = POSSIBLE
C’est un peu paradoxal mais le seul vrai risque de faire élire un sénateur de gauche est d’appeler à un vote massif sur la liste UMP qui ne peut gagner… Curieusement c’est ce que font de nombreux élus UMP en disant qu’ils veulent garder le Sénat à droite et au centre… J’espère que ces petites simulations pourtant simples à faire les feront réfléchir… surtout que, si Laurent Lafon est élu, c’est un UMP qui prendra sa place au Conseil Régional, ils ont donc tout intérêt à sauver le Sénat et à assurer l’élection de leur partenaire de la majorité présidentielle…
Je suis preneur de simulations crédibles de la part de l’UMP qui montreraient qu’elle peut faire élire 3 sénateurs… Même des candidats UMP ont depuis le début de cette campagne annoncé l’élection du 3ème sénateur impossible…