Racisme à l'Intérieur

Publié le 17 septembre 2011 par Malesherbes

En avril 2010, j’avais consacré le billet intitulé Brice, raciste en privé (ici) , aux démêlés judiciaires de notre ministre de l’intérieur, poursuivi pour une "injure publique et raciale" proférée au cours de l’université d’été de l’UMP tenue en septembre 2009 à Seignosse. Lors de l’audience, le procureur adjoint du tribunal correctionnel de Paris, François Cordier, s’était vainement évertué à démontrer que cette injure avait été prononcée dans un cadre privé. Brice Hortefeux, condamné, avait ensuite fait appel.

  

Le 15 septembre, la cour d’appel a rendu son verdict : l’injure raciale, bien que reconnue, était en fait privée et non publique. Les associations qui avaient poursuivi le ministre n’ayant pas qualité pour porter plainte suite à un propos seulement passible d’une contravention, elles ont été déboutées.

  

O vous, humbles lecteurs, qui jamais ne furent ministres, qui ne jouissent d’aucune haute connexion pour bien disposer le parquet à votre égard, réjouissez-vous avec moi de ce que les juges aient su écarter partiellement l’infamie d’une condamnation de la tête du si efficace et si miséricordieux ancien ministre de l’immigration, de ceci et de cela. Et appréciez toute la subtilité de cet attendu et la sagacité de ces vénérables magistrats :

  

« Il n'est pas contesté en l'espèce que les propos retenus comme injurieux ont été tenus en marge d'une manifestation réservée aux seuls militants de l'UMP mais ouverte à la presse, la présence de cette dernière n'ôtant pas, à elle seule, à la réunion ni au lieu où elle se tenait, leur caractère privé.»

  

En réalité, l’injure publique se définit comme un délit de presse, soumis à la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881. N'est-ce donc pas plutôt, contrairement à l’interprétation deces sages, sages pouvant ici être remplacé par pas si fous, la présence de la presse qui ôte à une réunion son caractère privé.                                                                                                                                                                                                                                                                              

Notre souverain glorieux adore les déplacements. Il semble même qu’ils constituent l’essentiel de son emploi du temps. À chaque fois, d’importantes forces de police sont mobilisées, les accès au lieu de son intervention étroitement contrôlés et, pour éviter que quelque malotrus ne lui lance : « ne me touche pas ! », la participation à la claque admise à l’acclamer est « réservée aux seuls militants de l’UMP »,exactement comme l’université d’été de Seignosse. Nicolas Sarkozy prononce alors de saintes paroles, que les presses écrite, radiophonique et télévisuelle, se font un devoir de rapporter, afin que tout le royaume puisse les boire avidement. Quel laquais du pouvoir oserait alors soutenir que ces réunions ne sont pas publiques ?