Avant dernière journée. Notre Paris Design Week sent la fin et comme des enfants qui ne veulent pas quitter le parc d’attractions, nous aimerions marcher dans ce théâtre des rêves pour toujours. Alors nous allons bien profiter de cette promenade.
Aujourd’hui, c’est un parcours un peu particulier. Le Parcours E, Austerlitz.
Un seul lieu de visite. Mais quel lieu ! Il nous faudrait une semaine entière pour en faire le tour. C’est le Louvre du design. Le salon Now ! Le Off. Associé au phénoménal Maison&Objet, c’est une effervescence de créateurs, de showrooms, d’ateliers, d’artisans. Il y a tout ici.
C’est la Cité de la Mode et du Design qui accueille l’événement. 1.500m² de design, de création. De bonheur. En entrant, nous ne savions pas trop à quoi nous attendre. Nous ne sommes pas déçus. Il y a du monde partout, et dans un premier temps, nous sommes même un peu perdus avec l’envie de tout voir d’un coup.
Les 60 designers du salon Now ! Design à vivre sont ici pour se présenter, hors Maison&Objet, au grand public. Tant mieux. Il y en a tant et tant que nous voulions voir.
Nous commençons par l’événement phare du salon. Dessine moi le Japon. Le monde de la création s’est mobilisé pour venir en aide aux sinistrés du Japon. Tous les créateurs invités ont accepté de participer, et d’autres encore se sont proposés d’eux-mêmes. Ils sont une centaine au total. Chacun devait réaliser, sous forme de dessin ou de photo, une œuvre rappelant le Japon. L’expo partira ensuite à l’autre bout du monde, à Tokyo, puis reviendra à Paris pour les salons de janvier où chaque pièce sera vendue aux enchères. L’argent étant, évidemment, reversé dans sa totalité aux sinistrés.
La Norvège est aussi à l’honneur avec l’Ambassade Royale de Norvège. Des noms déjà connus comme Daniel Rybbaken, Anderson Voll, Andreas Engesvik ou StokkeAustad) comme d’autres, plus émergents Frøystad+Klock, Angell/Wyller/Årseth, Hallgeir Homstvedt, She Design ou Vibeke Skar. On y retrouve la simplicité et la force de la lumière qui marquent le design norvégien, on reste surpris par la diversité des œuvres.
Le stand de Didier Faustino. Artiste et architecte, il travaille sur la relation intime entre le corps et l’espace. C’est un univers quelque peu torturé, qui questionne une certaine forme de liberté. Un léger malaise se dégage du travail de l’artiste. C’est le rapport à l’espace qui en est au centre, mais aussi le rapport à l’autre et à la société dans son sens large. Introspectif.
Saint -Etienne est devenue une ville incontournable de la création avec sa Biennale Internationale du Design, son Ecole Supérieur d’Art et de Design a donc logiquement un stand pour présenter la sélection des projets de diplôme de ses étudiants. Ils sont sans aucun doute le futur du design français.
La vodka Exquisite dévoile aussi ses lauréats. Ceux du concours Exquisite Design Award en présence des professionnels du design et de la création qui forment le jury. Un peu partout, nous voyons des avertissements comme quoi l’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Nous rassurons donc tout le monde, l’abus de design est très bon pour la joie de vivre. Contrairement à l’alcool, tout y est si rose.
L’Ecole Cantonale d’Art de Lausanne et l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Limoges ont travaillé sur le décor de l’expo de la Fondation Bernardaud, Le Décor Est Planté. Avec une contrainte tout de même : rester dans l’univers des arts de la table où la notion même de décor est souvent convenue. Beaucoup de sobriété dans ces créations. De la maturité même.
Également aperçu dans les travées, Bloom Room. Une petite famille de designers qui œuvrent à la perturbation visuelle du paysage et à la prolifération du fantastique. Un ovni en somme. Des bouteilles de Moët & Chandon roses. Des poupons pendus. Une voiture aux formes féminines retouchées et malmenées. Belle et dérangeante à la fois. Une main sortant du capot. Avec ce nom incroyable, digne d’une œuvre de Schopenhauer ou de Wittgenstein : Apologie Narcissique de l’Absurde. Génial.
NOCC est aussi un ovni. On parle peu de ce studio et pourtant le stand nous surprend. Des meubles en carton. En carton apparent. Des chaises conceptuelles, comme cette Hypertrophy incroyable. Ou ses Objet of Sound créé à partir du nom de l’objet. Le nom est prononcé et enregistré sur un logiciel. Le profil de sa courbe est isolé, produit en 3D puis designé. Incroyable. Encore.
Un petit dernier pour la route. Glitch Fiction. Des projets plus fous les uns que les autres. Par exemple, un logiciel générateur de contes de fées. Facet, le miroir qui n’oublie aucun visage et les mélange en permanence. Bref, des projets parfois visionnaires, avant-gardistes, mais tous dignes de la SF.
Ce n’est ici qu’un petit échantillon de ce que nous avons vu au salon. Impossible de lister tous les stands, tous les intervenants, et pourtant ils le mériteraient tous. Cette journée a été incroyable. Tellement pleine. Heureusement qu’une happy hour en fin de visite nous a relancés pour la soirée. Après cette journée, nous faisons officiellement du Port d’Austerlitz notre lieu préféré de Paris. Du moins tant qu’il est habité par des designers fous et géniaux. Rien de tel qu’un aperçu de l’avenir de la création pour se fixer un sourire à vie sur le visage.