Nicolas Sarkozy en visite à Oberhausbergen. Une promesse de plus à ajouter au passif d'une présidence décousue ?

Publié le 17 septembre 2011 par Popote67


A son retour de Libye, Nicolas Sarkozy vient de nous offrir une de ces visites pro domo dont il a le secret. Hélicoptère dans les airs, secteur bouclé et barrages à tous les coins de rues, l’hyperprésident  venu soutenir un concours de labours n’avait pourtant que fort peu à craindre en ces terres de droite

A Oberhausbergen, cette petite commune de la banlieue ouest de Strasbourg, les rares HLM proprets ne font pas la une de la presse régionale, la population vaque à ses occupations en pestant contre les embouteillages, et pour le reste elle s’accommode fort bien d’un niveau de vie confortable à l’écart des turbulences de la ville toute proche. Il ya bien une histoire qui circule sous le manteau, celle de la  fausse démission d’une élue d’opposition pour laquelle son suivant de liste aurait fait appel, mais chut, à Oberhausbergen on est entre gens de bonne compagnie, et cela fait partie  des choses dont on ne parle pas.

Et pour en revenir à la visite de Nicolas Sarkozy faite sous les applaudissements d’un aréopage de parlementaires UMP et d’eurodéputés PPE, il fallait entendre ce jour la promesse présidentielle à l’adresse d’un monde agricole cornaqué pour l’occasion par une FNSEA omniprésente, un promesse consistant à « faire un effort pour alléger les charges qui pèsent sur (les) exploitations ». Une intention certes louable  et que tout un chacun ne peut que partager, mais une promesse aussi  qui nous ramène immanquablement à la somme de celles non tenues par cet hyperprésident à la parole facile.

Aussi, on ne résiste pas à reprendre dans un abécédaire  toutes ces intentions mortes nées et dont on imagine sans peine qu’elles marqueront au fer rouge le bilan d’une mandataire débutée sous les dehors de l’homme providentiel. Un abécédaire dont on ne s’ étonnerait pas qu’il faille ajouter un jour proche  ce qui s’est dit ce jour là non loin de la flèche de la cathédrale de Strasbourg.

Allocations familiales

« j’allouerai des allocations familiales dès le premier enfant ». Les familles doivent apprécier !

Banlieues

Qui se rappelle de Fadela Amara, la ministre beurette, une « prise de guerre » dont Nicolas Sarkozy était si fier ?

Où est passé le plan « Banlieues Espoirs » sensé sortir les quartiers de leur isolement et de leur misère ?

Chômage

Ne soyons pas trop durs, contentons nous de laisser parler les chiffres !

Croissance

J’irai chercher la croissance « avec les dents ». Des paroles guerrières, un bilan en forme d’adieu aux armes, nous sommes là au cœur de ce qu’il faut bien considérer comme une défaite en rase campagne.

Déficits publics

Tous les comptes sont au rouge, et là encore, la crise est loin d’expliquer à elle seule la situation calamiteuse dans laquelle se trouve notre pays. Pour mémoire, on se rappellera cette phrase qui a fait le tour de la campagne de 2007 : « La maîtrise de nos finances publiques est un impératif  moral autant que financier » une phrase qui comme beaucoup d’autres n’engageait que ceux qui les reçoivent !

Droits de l’homme

On se souviendra de l’engagement de la France et de la Grande Bretagne aux côtés des insurgés Lybiens, mais on n’oubliera pas pour autant les bonnes grâces accordées à des pays dirigés par des dictateurs aussi sanglants que Ben Ali, Moubarak, Kadhafi, ou Bachar el-Assad. Sans compter la Françafrique toujours bien présente avec le débarquement manu militari pour « cause d’incompatibilité d’humeur » de Jean Marie Boeckel, alors secrétaire d’état à la coopération.

Environnement

Exit Borloo, l’emblématique ministre de l’écologie et de l’aménagement durable. Exit

Le Grenelle Environnement et ses 268 engagements. La saga d’une écologie de droite a vécu et bien vécu.

Franchises médicales

Soyons francs, qui pourrait citer le nombre de franchises, taxes et autres déremboursements inaugurés ou renforcés depuis 2007 ? Dans la réalité ils sont tellement nombreux qu’il parait difficile de les citer tous.

Immigration

La police a beau multiplier les reconduites aux frontières, il faut bien admettre qu’au-delà des effets de manche, la politique de l’immigration à la sauce Hortefeux a failli.

Plus grave, si l’immigration choisie fait ses preuves…c’est aux Etats-Unis que cela se passe, là où l’économie et le monde du travail font plus que les exhortations gouvernementales.

Certains se rappeleront le discours de Dakar, une maladresse qui n'en était pas une, mais qui dit bien l'état d'esprit dans lequel baigne notre cher président sur le sujet.

Immobilier

Oublions les prix insensés du bâti et ses explications. Un pays comme l’Allemagne a su se garder des outrances  du marché de l’immobilier, les causes en sont connues sans qu’apparemment elles aient pu franchir le porche de l’Elysée. Nicolas voulait faire de la France un pays de propriétaires, il en a fait un pays de mal logés, tant il est vrai que sa politique du logement  et particulièrement du logement social est en dessous de tout.

Police de proximité

Un gros mot dans la bouche de Nicolas Sarkozy. « La police de proximité mise en œuvre par Monsieur Jospin a abouti à ce que, pour la première fois dans l’histoire de France, on a dépassé les 4 millions de crimes et délits ». C’était  le 11 mars 2007, dix mois plus tard  Michèle Alliot-Marie créait les Unités territoriales de quartier, histoire de faire manger son chapeau au candidat Sarkozy devenu président ?

Travail du dimanche

Sensé dynamiser le commerce, si ce n’est à la demande de certains lobbies bien en cours, cette disposition inscrite au fronton d’une volonté présidentielle a depuis lors fait couler beaucoup d’encre, à commencer par l’Alsace, cette terre concordataire, où bien des élus Umpistes n’en ont pas moins signé à Paris  ce qu’ils dénonçaient sur leurs terres !

D’aucuns pourraient ajouter à cette longue liste les effets d’une décentralisation restée au bord du gué, abondée à la marge par des remaniements significatifs de circonscriptions, soit disant aux fins d’équilibre, mais qui dans la réalité signent la volonté de pouvoir construire des fiefs pour la droite.

Et que dire des salaires dont le nom même a disparu des agendas ministériels, de la politique de défense et ce retour sans condition au bercail de l’OTAN, une institution dont se méfiait à juste raison le Général de Gaulle.

Que dire également de la réforme des retraites, une réforme injuste, mal ficelée, bâtie contre les aspirations de la société civile et dont l’avenir financier n’est garanti que jusqu’en 2018.

Il n’est pas jusqu’à la construction européenne, où, au-delà  d’un activisme pas toujours compris, certains (beaucoup) en viennent à douter d’une vision du locataire de l’Elysée  construite sur la pérennité des institutions , une vision où le suivisme dont il fait preuve dans le sillage d’une Allemagne altière n’engage en rien à des perspectives de sortie de crise dans lequel nous plongent les déficits des états de l’union via les bilans des banques et la crise des  subprimes.

Alors bien sûr on pourra toujours se consoler, comme Jean-Michel SCHAEFFER, président national des Jeunes agriculteurs et dire avec lui  que « Si l’indicateur est le temps d’écoute qu’il nous a consacré, nous avons tout lieu d’être satisfaits ».

  Faut-il le rappeler, à trop vouloir encenser, on en vient toujours à se contenter de peu, et c’est sans  doute ce qui s’est passé à Oberhausbergen, en ce jour du 16 septembre 2011.

Source : Francis Alexis HAMMER - http://www.ps-mundolsheim.fr