Lorsque j observe les gens qui m'entourent, des anonymes, comme je le suis pour eux, je note des détails sur leur personnalite, des attitudes, des comporttements, je remarque leur manière de se vêtir et de porter leur uniforme, ne portons nous pas tous un uniforme?
Une seconde peau qui nous caractérise et qui nous donne un genre, un style, une reconnaissance sociale.
Parfois, il m arrive de me prêter à des élucubrations, et de les imaginer, projetant des visons fantasmagoriques sur ces personnes qui m entourent et bien sur, sans les connaître. Cela m'est arrivé lorsque j'ai croisé le regard de cet homme dans le wagon. Il avançait face a moi en tenant dans ses mains deux bouteilles de sodas ainsi que deux gobelets en plastique. J'ai en horreur les gobelets en plastique, leur goût, leur matière, leur résonance ne me conviennent pas, je préfère encore le gouleau de la bouteille en verre, même si le genre que l'on se donne en buvant de cette manière est un genre plutôt populaire, agricole, proche du terroir et peu respectable, alors faut il choisir entre la décence à la santé ?
Il avançait vers moi en portant ses boissons et en prenant bien garde de ne pas être déséquilibré par le roulis du wagon du train à grande vitesse. J'eu donc tout le loisir de l'observer, et je remarquais plusieurs choses, il avait une quarantaine d'années, une légère calvitie sur le sommet du crâne, de toute évidence, il tentait de prendre soin de lui ou de se donner cet air, il avait envie de séduire, c'était évident, pas moi bien sur, mais un ou une autre, c'était certain. Il avait autour du cou un collier de cuir noir sur lequel quelques perles de métal et de porcelaine étaient enfilées, et puis ce qui me frappa davantage était le sommet de sa lèvre droite qui portait les traces d'un herpès finissant.
L'herpès est une maladie virale qui trouve le plus souvent refuge dans les intestins, dans ces méandres viscérales d'où il est très difficile de l'en déloger. Les antibiotiques et les antiviraux font partie de l'arsenal employé pour lutter contre ce fléau qui pourrit la vie des personnes atteintes. La médecine allopathique apporte les solutions qu'elle peut pour aider les patients à supporter cette douleur et ce handicap, et il s'agit bel et bien d'un handicap et tous les médecins le confirmeront. Il existe également des moyens qui peuvent donner des résultats probants selon l'individu et surtout selon son type d'hygiène alimentaire, car souvent, le virus se loge dans une faille, comme tout virus informatique, un firewall laissé ouvert et le virus s'y engouffre, même cas de figure pour le virus de l'herpès qui vient trouver la faille dans le système immunitaire de l'individu. Cette alternative aux antiviraux et un oligoélément, argentin 23, ou argent colloïdal alors bien sur, cela n'a l'air de rien, ce n est pas l'exemple type de la recherche pharmaceutique moderne, c'est juste une molécule d' argent pure qui vient bruler le virus et qui s efforce de le détruire, cela marche selon les cas, mais il n existe aucune solution miracle pour guérir, si cela était le cas, cela se saurait.
En observant cet homme avec son collier bon marché autour du cou et son herpès, un souvenir me revint en mémoire, c'était il y a de cela 25 ans, ma petite amie de l'époque avait une amie qui avait eu la gentillesse de lui sous louer une pièce de son appartement.
Ah les amis peuvent être parfois d'un grand secours, surtout celle ci, chrétienne convaincue, bien décidée à aider son prochain, elle lui avait tendu la main de façon fort généreuse, en apparence.
Quelques mois plus tard, elle laissa négligemment sur la table de la cuisine commune, était ce un acte manqué, sa quittance de loyer. Mon amie curieuse, consulta le document qui indiquait que la somme qu'elle versait a sa bienfaitrice pour sa chambre était la même pour le loyer dans sa totalité. Elle payait donc le loyer d'un appartement pour la jouissance d'un cagibi qui lui était généreusement offert par une amie, accompagné de restrictions très précises quand à l'utilisation de la cuisine et de la salle d'eau, du ménage dans le couloir et l'escalier des communs.
Finalement, mon amie lui demanda des comptes et l'autre se confondit en excuses parfaitement banales et ridicules. Cette jeune femme était infirmière et se réservait pour son fiancé pour la cérémonie nuptiale, ils avaient néanmoins des relations amoureuses puisque, on l'entendait gémir furieusement dans la nuit de leurs plaisirs consentis.
Un jour, et j'ignore encore pourquoi elle me fit cette confidence, elle me confia qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle avait un herpès vaginal, j'étais très gêné par cette révélation intime, et que pouvais je bien lui dire, j'étais moi-même ignorant en matière de maladie honteuses et elle me prenait pour un médecin que je n'étais pas, ou peut être pour son confesseur ; je demeurais interdit face à cette confidence, puis son fiance apparut, il avait sur la lèvre, ce petit gonflement crouteux caractéristique de l'Infestation virale, Fiat Lux, pensais-je à cet instant, le bougre gourmand de sa promise lui dévorait amoureusement le buisson ardent à ses heures perdues, la contaminant furieusement en se gorgeant d'un abricot juteux.
Qui de la poule ou de l'oeuf, qui fur celui qui avait contaminé l'autre, pire si lui faisait le bouc à brouter son parterre, allait elle lui rendre la pareille en dévorant la tige ? Etait il lui aussi contaminé à cet endroit ? donc il avait sur les lèvres des petits cratères purulents et turgescents prouvant sa coupable responsabilité.
Je ne me hasardais pas à le leur demander, puisqu'ils avaient la prétention d'affirmer qu'ils étaient encore vierges et qu'ils vivaient selon les principes chrétiens.
Mais que m' importait leur virginité convaincue, ce que je constatais était que quelqu' un au-dessus d' eux, les avait punis de la manière la plus affreuse en les contaminant ad vitam eternam à porter les traces de leurs actions et de leur gourmandise amoureuse.
Pour elle, un endroit aussi terrible que l'on peut l'imaginer, plein de douleur et de démangeaisons, pour, lui, il avait sur les lèvre et peut être ailleurs, ce que je ne lui souhaitais pas, malgré sa complicité avérée dans cette lamentable affaire de profit auprès d' une jeune fille a l'époque très malheureuse, .
L'ironie du sort était qu'ils vinssent se plaindre eux même de leur malheur, qui faisait d'elle une Marie Madeleine peu pénitente et lui, un garçon des rues gourmand d'un sexe dont il se privait la jouissance à l'avenir. Comment des jeunes adultes si peu éveillés, elle infirmière et lui jeune séminariste protestant, comment ont il pu être aussi naïfs ?
Dieu les avait peut être punis pour ce qu ils étaient, une paire d'imbéciles et de profiteurs qui agissaient au nom du seigneur.