Un article d’Open Europe
La décision ne va changer aucun des problèmes latents du secteur bancaire européen – beaucoup de banques ont besoin d’être recapitalisées, certaines ont besoin d’être consolidées et désendettées. Et toutes ont besoin de réaliser pleinement et de rendre des comptes des pertes potentielles générées par la crise de la zone Euro. Ceci étant dit, il sera certainement improbable d’apercevoir les effets secondaires du dernier approvisionnement en dollars, surtout quand les équivalents nationaux de la Banque Centrale Européenne ont déjà produit des liquidités illimitées.
Voici quelques-unes de nos réflexions sur la question (plus particulièrement eu égard au rôle que joue la BCE) :
- Le mécanisme est le même que les pratiques de prêt standard sauf qu’il est effectué en dollars, de sorte que le crédit-risque est le même que la réserve de liquidité normale mais avec quelques petits risques additionnels liés au taux de change étranger. Néanmoins, ces risques devraient être compris dans le taux de prêt aux banques et (probablement aussi) dans les garanties bancaires.
- On ne peut pas considérer ces pratiques comme de la monétisation du fait qu’elles remplacent directement la perte du financement en dollar engendrée par l’hésitation des financements du marché de la monnaie aux États-Unis qui habituellement fournit ces prêts aux banques. Très récemment, la garantie bancaire utilisée était unanimement acceptée sur le marché de façon à ne pas se soucier outre mesure de la qualité des prêts.
- Les sujets de préoccupations, autour des retraits de prêts au Royaume-Uni et aux banques européennes, ne sont pas pour la plupart directement liés à la santé des banques, mais plutôt au manque de capacité des leaders de la zone Euro de surmonter la crise et la chute de croissance dans l’Europe entière. C’est le type de situation où les banques centrales se devraient d’intervenir pour pourvoir aux liquidités. On sent que certaines préoccupations se focalisent sur l’exposition des banques à la crise de la dette, mais toutes ne sont pas soumises au manque complet de financement et toutes n’affectent pas directement la qualité des garanties financières qu’elles peuvent offrir pour chaque prêt de dollars.
- Pour l’essentiel, on fait face à une prolongation du dispositif existant. La BCE offrait déjà des prêts hebdomadaires illimités, maintenant elle a étendu son offre à des prêts à 3 mois. Cette offre rajoute une marge de sécurité et réduit le coût de couverture continue des financements à court terme.
- Si elles ne recevaient pas ce financement en dollars, les banques auraient sûrement emprunté en Euros et auraient fait des échanges à l’étranger pour capter des dollars. Pour l’essentiel, il nous semble que la BCE prend sur elle le risque des taux de change des banques. Elle paye un prix minimal (qui peut être même couvert par les taux de prêt comme on en a déjà parlé avant) qu’il est plus facile à gérer pour les banques centrales que pour des banques individuelles, dû à leur accès direct avec la banque fédérale américaine.
- Un autre problème vient du fait que ce financement évacue le stigmate attaché à l’emprunt de dollars à la BCE au travers de son mécanisme de financement hebdomadaire. L’impact peut être négatif dans la mesure où il augmente le risque moral en encourageant les banques à emprunter plus régulièrement à la BCE.
- Tout cela peut vite devenir problématique si la BCE n’a pas de stratégie de sortie. Le taux de prêt a besoin d’être assez élevé de façon à ce que l’on ressente un semblant de retour de confiance des marchés et à ce que les banques retournent à leur pratiques de prêt antérieur, ne dépendant pas uniquement de la BCE. On a utilisé et abusé de ce mécanisme en 2008 et au début 2010, de sorte qu’il existe un précèdent quant à son usage temporaire.
- Il est presque certain que la plupart des prêts de la Banque d’Angleterre se destineront aux banques britanniques ou aux branches britanniques de banque mondiale, et il est improbable que la Grande Bretagne financera directement les banques européennes – une inquiétude que certains ont soulevé. En tout cas, la coordination est globale et la Grande Bretagne aurait été en mal de l’éviter quelle que soit sa position en Europe. Il est aussi possible que ce rôle soit joué par les banques centrales dès lors que nous sommes en présence d’un système financier global doté d’un nombre large de monnaie en circulation (et une monnaie de réserve de référence.)
L’un dans l’autre, l’introduction de ce mécanisme de financement ne change pas grand-chose, particulièrement en termes de risque pris par la BCE. Tous les problèmes sous-jacents peuvent se confondre essentiellement aux problèmes de réserve existante de liquidité illimitée de la BCE. Mais c’est une autre histoire…
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Sur le web.
Traduction : JATW pour Contrepoints.