Norteño n'avait pas le choix, c'était maintenant ou jamais. Des occasions comme ça ne se reproduisent pas. Il devait rester concentré sur sa mission, ne pas se laisser distraire par l'autre tocard dans l'arène et surtout, ne pas attendre d'avoir l'échine lardée de coups de piques.
Il portait l'espoir des toros et des chevaux à la fois. Et il avait bien repéré sa future victime. Tu me diras, c'était pas compliqué vu qu'elle était connue comme le loup blanc dans le petit monde de la tauromachie. Elle s'appelait Salvador Hernández Mariscal, torero de son état et monosabio reconnu. Un monosabio, c'est comme qui dirait un palefrenier, un assistant du picador, qui veille depuis les tribunes sur ce dernier quand il est en difficulté face à un toro.
Salvador Hernández Mariscal était un vieux de la vieille, un papy de la corrida; à 66 balais, il avait dû en voir un paquet, de toros suppliciés et de chevaux perforés.
Dimanche 11 septembre, dans l'arène Nuevo Progreso de Guadalajara (à l'ouest de México), c'était donc au tour de Norteño, troisième toro de l'après-midi, d'entrer en scène et d'amuser à son corps défendant les sales cons du maigre public. Il allait leur en donner pour leur fric, parole de Norteño.
Franchissant avec une facilité déconcertante la rembarde qui le séparait des gradins, il fonça sur Salvador Hernández Mariscal et lui enfonça une corne dans le buffet.
Ainsi ferré, il le traîna sur presque cinquante mètres.
Norteño eu le plaisir d'apprendre qu'il lui avait occasionné une plaie large de 40 cm et que la pointe de sa corne avait esquinté le foie, les poumons et la boyasse du torero.
Qui claqua à l'hosto de San Javier mardi 13.