Revenons d'abord sur le buzz du week-end avec l'altercation de Nicolas Sarkozy avec une personne du salon de l'agriculture. Alors qu'il fait le tour des stands, le sourire aux lèvres en serrant des mains à qui mieux-mieux, Sarko tombe sur un interlocuteur qui refuse la poignée de mains. S'ensuit alors un court dialogue animé que je retranscris afin que chacun puisse se forger sa propre opinion :
- Ah non, touche-moi pas !
- Casse-toi alors !
- Tu me salis !
- Casse-toi alors , pauvre con !
Que faut-il en penser ? Sur le fonds, c'est anecdotique et ça révèle seulement que notre président ne tient pas ses nerfs, ce qui n'est pas vraiment un scoop. Plus grave est la censure qui s'abat sur les sites internet et les blogs qui mettent en ligne cette vidéo comme si montrer une image négative du président devenait un délit. Qui a parlé de dérive monarchique ?
Je préfère revenir sur un autre fait politiquement plus grave : la demande de notre omni-président au président de la cour de Cassation de contourner la décision du Conseil Constitutionnel sur la non-rétroactivité de la loi sur la détention de sûreté. Autrement dit, la loi qui enferme sans jugement et sans limite des criminels réputés dangereux. Je ne défends nullement les criminels récidivistes ou les pédophiles, mais si ces gens sont malades, qu'on les soigne. S'ils ne le sont pas qu'on les laisse sortir à la fin de leur peine, ce qui est la base de toutes les démocraties. Et puis, ce sera sur la base d'expertises dont on connait la valeur en matière de pédophilie suite à l'affaire d'Outreau... (entre autres).
J'ai adoré le numéro d'acrobatie verbale de Rachida Dati ce matin sur RTL face à un journaliste pas très pugnace (Apthie est en vacances). Elle a tout d'abord affirmé que le Conseil Constitutionnel avait validé sa loi (oui, mais avec d'énormes réserves qu'elle oublie méticuleusement). Elle continue en prétendant que ces peines de sureté ne sont pas des... PEINES !!! Et oui !
Quand le journaliste lui demande pourquoi alors recourir à un magistrat pour contourner la décision du Conseil Constitutionnel, elle répond que c'est décidé par un magistrat et que c'est donc une décision JUDICIAIRE ! Décision judiciaire décidée par un magistrat, mais ce n'est pas une peine !!! On dirait une pub pour Canada Dry !
Et puis, si le Conseil Constitutionnel a validé la loi, pourquoi demander un magistrat les moyens de contourner sa décision !!!!
Et comment expliquer que le président de la République, garant des institutions veuillent s'affranchir des règles du jeu démocratique ? Sincèrement, ça m'inquiète plus que ses insultes au salon de l'agriculture, même s'il n'y a pas de vidéo croustillante sur internet.
Dominik
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