Tous sont plus grands, plus fort, plus nombreux, Petit Pois désespère, à chaque fois, voulant entrer en contact avec ses frères légumes, ils l’envoient « bouler », rouler, tournoyer à l’opposé du champ!
Petit Pois ne comprenant pas leur dédain, et l’usage de la force envers son être profondément pacifique, décide donc un jour de partir à l’aventure dans le grand monde et de ne plus compter sur personne d’autre à part lui.
Uniquement équipé du seul bagage de sa foi et de sa détermination, Petit Pois roule, tourne-boule sur le grand ruban. Ne se cachant pas de ses frères, il part au grand jour, sans prendre la peine de faire des adieux, ni de verser de larmes. Il ne pensa pas à revenir un jour pour leur narrer son expédition, et raconter les hauts faits de son épopée, non, car gonflés de leur supériorité numérique, tous l’avaient méprisé, humilié, écarté. Il ne leur devait rien, ne voulait plus rien savoir d’eux et vice versa.
Il roula, tourne-boula longtemps. Quand, en longeant une mare se trouvant au milieu d’un bosquet, il voit un être tout vert, difforme, ne ressemblant à rien de connu, avec deux gros yeux globuleux, une langue érectile , faisant constamment:-croa, croa, croa……. Tout rond qu’il est, Petit Pois ouvre des yeux encore plus rond.
Courageusement Petit Pois se dirige vers l’inconnu, et se présente à Rainette Verte – ainsi prénommée- qui en fit autant.
- Comment se fait-il que l’on te trouve la seul et si loin de ton chez toi?
Petit Pois conte son histoire, de sa naissance à ce jour, les déboires au milieu de ses frères, le pourquoi du comment de son départ.
Après avoir bien écouté, Rainette Verte répond :
- Je ne suis pas végétarienne. Je m’intéresse uniquement aux mouches, moucherons, insectes volants en tout genres. Ici aussi tu sera seul, et l’humidité du lieu ne conviendra certainement pas à ta nature. Je te conseille de retourner sur toi meme.
Tout ridé par la tristesse d’entendre ces mots, touché, affecté par l’émotion, Petit Pois hésita incertain, cependant, après mure réflexion il prend sur lui et repart d’un grand roulement, il espère bien finir un jour par rencontrer ses semblables.
Le ruban sur lequel il tourne-boulait depuis un bon moment, allait en s’élargissant, devenant de plus en plus foncé et était bordé de chaque coté par des arbres majestueux. Lorsque, sur sa droite, à perte de vue sur un grand espace plat, d’autres arbres attirent son attention, il distingue de loin sur chacun une profusion de boules vertes, rondes, brillantes, apparemment plus grandes.
Petit Pois, fou de joie d’avoir enfin trouvé les siens, roule, tourne-boule d’un arbre à l’autre, alternant le fou rire, les pleurs et les exclamations désordonnées. Enfin, épuisé par l’émotion , Petit Pois s’arrête, reprend son souffle et entame le dialogue.
Après s’être poliment présenté, il les interroge:
- Êtes-vous ma famille, la famille des Petits Pois?
- Petit Pois? Nous ne connaissons pas, nous sommes Belles Pommes Vertes, répondirent-elles en chœur.
- Belles Pommes Vertes puis-je-rester en votre compagnie – dans mon potager d’origine je suis né unique-, j’ai roulé, tourne- boulé longtemps à la recherche de mes semblables?
-. Nous connaissons seulement nous et les Bizarroïdes. Rugueux, avec des cris gutturaux. ils nous prennent rudement, nous séparant malgré notre chagrin silencieux, puis nous installent dans de drôles d’arbres de bois, et nous portent sur un monstre puant et bruyant.
La razzia faite, avec encore plus de bruit, laissant derrière eus une trainée d’effluve nauséabonde et les marques de leurs griffes, ils repartent sans nous remercier, ni nous honorer de notre coopération et notre bienveillance, nous abandonnent éplorés.
En leur présence, nous conservons notre mutisme. S’ils-nous-demandaient notre concours, mais non, ils s’emparent de nous par la force, nous-croient-ils à leur service?
Nous te conseillons de t’éloigner Petit Pois. Parfois, sans bien savoir pourquoi nous tombons, nous ne voudrions surtout pas tomber sur toi Petit Pois, tu ne ferais pas fait long feu, ne faisant pas le poids Petit Pois.
Retourne sur toi Petit Pois. Ou, si vraiment tu tiens à chercher les tiens, devrai-tu te glisser au milieu de nous lorsque nous partons, il te sera possible ainsi de continuer; si tu ne les retrouve pas, reviens avec les Bizarroïdes nous décrire ce que nous devenons et ou nous trouvons nous.
Sagement, Petit Pois en convins et attend patiemment les Bizarroïdes Ils arrivèrent au moment précis décrit par Belles Pommes Vertes, exactement au point du jour. Sans hésiter il se glisse au milieu des Belles Pommes Vertes, elles firent tout leur possible, lui facilitant son installation, veillant à ce qu’il ne soit ni trop à découvert, ni trop au fond.
Petit Pois du haut de son poste d’observation, vit le ruban devenir de plus en plus noir, grandir, s’élargir, se ramifier en de multiples rubans. Dessus, des monstres de toutes formes, tailles et couleurs. Sur les cotés et entre chaque ruban, des boites de toutes tailles, formes et couleurs ; et partout , dedans et hors des boites, dans les monstres, des Bizarroïdes de toutes couleurs, tailles et forme dans un air glauque au bruit infernal.
Le monstre bruyant, puant s’engage sur un ruban, s’amincissant au fur et à mesure. Au bout, une énorme boite grise appairait. En cliquetant, le monstre s’immobilise devant. Aussitôt, des Bizarroïdes apparaissent, s’emparent de Belles Pommes Vertes, les emmènent à l’intérieur. Une fois dedans, Petit Pois promet de revenir s’il ne retrouve pas les siens, remercie Belles Pommes Vertes qui pleurent tout en lui souhaitant bonne chance.
Petit Pois re-roule, re-tourne-boule, partout, tout autour, des pyramides de pommes de toutes les couleurs : des rouges, des grises, des jaunes, des pies et bien sur des Belles Pommes Vertes. Sur un ruban gris, fin, très long, les pommes placées la dessus par les Bizarroïdes, défilent, puis disparaissent dans une boite encore plus petite.
Notre Petit Pois continuant son exploration, voit plus loin des légumes, des montagnes de légumes, certains sont connus de lui, d’autres, la grande majorité lui sont parfaitement inconnus : des courgettes, des salades de toutes sortes, des haricots, des pommes de terre, des pois chiches, et, quand, n’y croyant plus, ne l’espérant plus, son cœur faillit exploser de joie et lui avec, Petit Pois voit ses frères pour lequel il a tant roulé, tourne-boulé ; fou d’ivresse Petit Pois plongea avec délices au milieu des siens, ce fut l’extase, le nirvana, la bamboula des Petits Pois. Depuis not’Petit Pois vit heureux, et eut beaucoup de p’tits Petis Pois dans une boite de petit pois !
Moralité : Être pacifique n’est pas être un (e) pleutre
Être sensible n’est pas être faible
Être diffèrent (e) n’est pas une tare
P.S. J’ai construit au fur et à mesure cette histoire – vous pourrez le constater en lisant ou en relisant Petit Pois 1ere & 2eme partie- sans prétention, pour passer le temps et s’évader un temps de la réalité.