Quatrième de couverture :
“Mon pays d’origine, le Congo, possède une petite fenêtre qui donne sur la mer. De là, gamin, je voyais passer toutes sortes d’oiseaux, certains pressés, d’autres à l’envol lourd. Parmi eux, les oiseaux migrateurs, qui planaient loin au-dessus de ma tête, me fascinaient. Lorsqu’ils se posaient sur les branches d’un arbre, le bec ouvert, je les observais contempler l’horizon, les ailes marquées par leur longue traversée. J’étais enfant et je voulais, moi aussi, devenir un oiseau migrateur. Mais je suis devenu un écrivain, sans doute par compensation… Et la plupart de mes grands voyages sont nés des rencontres et des lectures que j’ai faites et qui m’ont construit. Dans ce livre, j’ai voulu dévoiler certaines pages de mon univers. La clé est dans la serrure : il suffit de la tourner, de pousser doucement la porte pour entrer dans ce jardin que j’arrose encore avec la foi du charbonnier. On y trouvera l’ombre de ma mère, les éclats de rire de mes amis, une promenade silencieuse avec J.-M. G. Le Clézio, et bien d’autres souvenirs…” Alain Mabanckou
Mon avis :
C'est grâce au site News Book, qui propose une riche actualité littéraire, que j'ai eu la chance de découvrir à la fois un livre, un auteur et une petite maison d'édition.
Tout d'abord, le livre physique. Tout en longueur,ce petit ouvrage de moins de 200 pages est très sobre concernant sa couverture. Le mot "sobre" n'est pas péjoratif. Au contraire : ce fond blanc avec pour seule illustration un cadrage sur les yeux, je dirais même sur le regard, de l'auteur. Tout à fait dans le ton puisque cette nouvelle collection de l'éditeur ; Chemin faisant ; a pour but, je cite, que les "créateurs égrènent leurs souvenirs".
Il s'agit donc ici d'une autobiographie, pas du tout linéaire mais plutôt des morceaux choisis par l'auteur. Il nous raconte des rencontres marquantes, il nous raconte l'Afrique, son rapport à l'écriture et au fait d'être un écrivain congolais français et il nous raconte des anecdotes. Le livre est une forme d'abécédaire : les entrées se font de A à Z. On trouve entre autres "Algérie (souvenirs d')", "Blog (Mon)", "J'écris en français parce que..." ou encore "Ma mère".
Je ne connaissais cet auteur que de nom, ou plutôt de visage. Il a reçu de nombreux prix littéraires pour ses oeuvres. Je n'en avais lu aucune jusqu'ici. Peut-être que je tenterais l'expérience puisque cette lecture m'a fait découvrir un homme, une pensée et une écriture.
Congolais d'origine, il aime sa terre natale comme un enfant aime sa mère. Il va ensuite s'installer en France et ses livres seront tous écrit en français. Cette situation est ambigüé : écrivain français ou écrivain francophone ? Pour les écrivains français, il est clairement francophone. Pour lui, il est un écrivain français. Cette question l'énerve on le sent bien, et il ressent comme un sentiment d'exclusion le fait d'être rangé en librairie dans le domaine étranger.
Sa langue est pleine de poésie. Il joue avec la langue : dans une des entrées, il y a plus de trois pages sans point final. Et le plus étonnant c'est que je m'en suis rendue compte à la fin : le thème justifiait ce jeu synthaxique.
Ce que j'ai aimé dans cet exercice, c'est que l'auteur se livre. Le fait que ce ne soit pas linéaire rend étrangement le sujet plus proche : comme si dans une discussion on parlait d'une chose, pour rebondir sur une autre sans rapport.
J'adorerai que certains de mes auteurs favoris se livrent à ce jeu. Je trouve que c'est enrichissant pour comprendre le parcours de l'écrivain, ses choix d'écriture et puis comprendre ses livres, tout simplement.
Remerciements : Merci à Ys du site News Book, un site très complet sur l'actualité littéraire que j'ai découvert il y a quelques jours, ainsi qu'à André Versaille éditeur, qui promet de beaux ouvrages dans cette nouvelle collection, Chemin faisant. Ce fut une belle lecture.