Hier soir, comme je n’ai pas pu aller au KDB, j’ai suivi le 1er débat des primaires du PS. En fait de débat, il y a d’abord eu de courtes déclarations, des interviews individuels, un grand interview à plusieurs orchestré par Pujadas et pour finir, à nouveau, de courtes déclarations. Pas vraiment d’échanges directs, en dehors d’une passe d’armes sur le nucléaire entre Aubry et Hollande, pendant laquelle on a pu entendre Valls en voix off se lâcher : « c’est bien là, ça s’anime ! »…
C’est dire le coté lissé de l’exercice, style je veux surtout pas me disputer avec mon petit camarade que je devrai soutenir aux présidentielles… Bref, cela avait un coté scolaire, entre Question pour un champion spécial grandes écoles et Le maillon faible, avec Pujadas dans le rôle du bizut content de mettre sur le gril ses ainés (au début, entre les interviews individuels, il gloussait sans que l’on sache vraiment pourquoi…).
A mon avis, les trois vainqueurs de l’exercice sont Montebourg, Valls et Aubry.
Montebourg et Valls se sont montrés les plus à l’aise, les plus clairs dans leurs explications, les plus déterminés, pugnaces et convaincus. A un moment donné, ils ont évoqué leur histoire singulière et se sont ainsi incarnés : Montebourg avec « son père boucher en Saône et Loire, son grand-père arabe qui s’est battu pour la France en 45″, Valls avec son origine étrangère et sa naturalisation ; parmi les autres, seule Royal l’a fait (« issue de la classe moyenne, boursière »). Ils ont donné le sentiment de parler de la France avec leurs tripes.
Un cran en dessous mais bien aussi, Aubry a donné l’impression de quelqu’un de sérieux, de ferme, qui sait de quoi elle parle. Elle a même pris le dessus sur Hollande le temps de leur échange – « le contrat de génération, j’ai déjà essayé à Lille, ça ne marche pas, ça crée des effets d’aubaine… » – avec un coté couillu, si je peux filer cette métaphore… Parfois, au milieu des autres, elle avait un coté grande soeur garante du sérieux et de la tenue de la petite troupe sur le joli plateau de monsieur Pujadas. Elle est aussi la seule à avoir dit « nous », là où les autres, tout naturellement, disaient « je ».
Hollande s’est avéré assez décevant, mal à l’aise, parfois agressif lors de l’interview individuel, au point que son discours était haché et qu’on ne comprenait pas grand chose ; il donnait l’impression de vouloir être quelqu’un d’autre. Il était mieux quand il retrouvait son air bonhomme et ses traits d’humour. D’ailleurs – je dis ça en passant… Valérie si tu me lis… – il faut qu’il arrête de maigrir avant que cela ne devienne trop effrayant. En posant des questions à ses camarades, il faisait un peu premier de la classe qui a bien fait toutes les questions de l’exercice et qui demande aux autres devant le prof ce qu’ils ont répondu… Pas facile d’être le favori.
Il y a avait aussi ce monsieur Baylet, illustre inconnu, très sympathique au demeurant avec son « assent » du Sud-Ouest digne des meilleurs représentants de la IIIe république. D’ailleurs il est radical-socialiste… toute une époque… que les twitteurs de moins de 30 ans, qui ne connaissent que le Modem, ignorent. D’où la question de l’un d’entre eux pour savoir quel était le rapport de ce mouvement avec le Front de gauche ! Oh misère !… Il était très calme, clair et parfois surprenant avec ses idées à contre-emploi (la légalisation du cannabis par exemple). Mais bon, on sentait bien que c’était l’arrière petit cousin de province qu’on avait invité à la kermesse pour être correct, en souvenir de l’oncle Lionel, mais qu’il ne serait plus là pour le grand feu d’artifice de fin d’année. D’ailleurs, à la fin, il a remercié tout le monde pour cette invitation.
Et puis, et puis, à tout seigneur tout honneur, Royal, l’ex première de la classe, bien habillée, bien coiffée, toute belle – la plus belle des six d’ailleurs – mais pas très convaincante car beaucoup trop floue, avec en plus un relent de déjà vu assez dommageable.
Au final, qu’ai-je retenu de ce premier « débat » ? Qu’il y a quand même beaucoup de points communs : la réforme fiscale (augmentation des impôts des très riches, taxation de tous les revenus…), le souci de lutter contre la crise et les déficits (sujet central de la soirée), la volonté d’être responsable et de ne pas engager de nouvelles dépenses sans avoir augmenté les recettes… Mais j’avoue que pour les nuances entre eux, en dehors de Montebourg avec la démondialisation et Valls avec la laïcité, ce n’est pas très clair.
En fait, ce serait bien qu’un militant socialiste nous fasse un tableau comparatif…
Qu’ils bossent après tout, puisqu’ils ne sont pas capables de se choisir un candidat et qu’ils nous demandent de le faire
Tagged: 2012, Aubry, Hollande, Montebourg, primaires PS, PS, Royal, Valls