Fêtés, congratulés, célébrés, applaudis, Sarkozy et Cameron (photo) l’ont été, hier, à Benghazi. Fief de l’insurrection qui a entraîné la chute de Muammar Kadhafi, cette ville devait une fête à ses deux distingués hôtes. Sans leur soutien militaire et diplomatique, Kadhafi aurait eu, encore, et encore, les rênes de cette nation-puzzle : aujourd’hui il n’est plus politiquement, et c’est un nouvel avenir qui se dessine désormais là-bas. Tant mieux. Bien sûr, le chef d’Etat français et le Premier-ministre britannique, en se mettant, dès les premières heures, du côté des insurgés, en agissant avec eux, ne le faisaient pas naïvement : car la Libye avec sa manne pétrolière ne laisse personne indifférent, sauf les plus sots de nos chaumières. Certaines voix africaines ont déclaré que l’intervention militaire, faite sous le sceau de la résolution onusienne 1973, était une forme d’ingérence, un néocolonialisme déguisé : disons-leur vite qu’elles se sont fourvoyées. Qu’elles ont refusé d’embrasser le moment historique. Celui qui a mis dehors l’homme qui aura dirigé avec égocentrisme, avec tyrannie, sans partage, et durant plus de quatre décennies, la Libye. Pourquoi se gênerait-on de festoyer, de pavoiser même, la fin d’un Prince du Mal ? Oui Kadhafi a tué, assassiné, massacré, exécuté ceux qui osaient lui résister, lui dire des paroles de rédemption pour les Libyens. Au fond, deux choses l’intéressaient : son pétrole et son pouvoir narcissique. Pas les libyens. Pas les libertés qui, comme vous le savez, découlent d’un régime authentiquement démocratique. Et c’est vers ce régime démocratique qu’il faut espérer que la Libye se tournera. Il était temps…
Guillaume Camara