Et la litière ?

Par Selectionsavicoles

ET LA LITIERE ?

Il n'est pas de petit problème en matière d'élevage. Quelle que soit l'importance d'une exploitation, les mêmes questions se posent à des échelles différentes sans doute, mais toujours de leur bonne solution dépend dans la plus large mesure le succès de l'entre­prise.

Entreprendre quelque chose, c'est avoir l'in­tention de faire oeuvre d'utilité et de progrès. C'est donc toujours avec le même sérieux que l'on se doit de considérer les moyens de réussir et d'obtenir les résultats les meilleurs.

En aucun cas le problème de la litière ne saurait être traité à la légère, car le compor­tement, le rendement de l'élevage sont di­rectement fonction de la santé des sujets. C'est une vérité évidente, très certainement, mais utile cependant à répéter quelquefois.

Comment dès lors régler ce problème ? Parmi les solutions, il nous faut faire un choix qui s'inspire de raisons à la fois techniques, économiques et pratiques.

Si nous nous plaçons uniquement au point de vue technique, il est hors de doute que nous serons amenés à vous recommander les caractéristiques d'un produit qui a fait ses preuves dans le passé déjà, et qui paraît appelé à un renouveau de succès.

Nous voulons parler de la tourbe, ou plu­tôt, de cette qualité de tourbes que l'on ap­pelle parfois : tourbes absorbantes. Il faut en effet classer les produits ainsi appelés sui­vant leur composition et leur degré d'évolu­tion. En fait, ce sont les tourbes les plus légères qui ont comme litières le plus de qua­lité, c'est‑à‑dire les tourbes à la fois les moins fibreuses et les moins évoluées. On les re­connaîtra pratiquement à leur couleur plus claire.

Autrefois, et d'une façon assez courante, on a utilisé les tourbes brutes, extraites et séchées, puis simplement passées sur un tamis grossier après un rapide déchiquetage au croc. Aujourd'hui, suivant les procédés en honneur notamment en Suède, le produit est, après son extraction, épandu sur le sol où il se ressuie et exposé au gel d'un ou deux hivers successifs. Cette exposition a pour effet de faire éclater les fibres et d'accroître encore le pouvoir absorbant naturel de la tourbe.

A propos de "pouvoir absorbant", nous avons évoqué ce qui fait la qualité maîtresse du produit et lui donne un avantage exceptionnel. Certaines variétés peuvent en effet absorber jusqu'à 12 et 13 fois leur poids d'eau. Communément, une bonne variété re­tiendra 6 fois son poids. Si l'on compare sous ce rapport les éléments qui sont habituelle­ment utilisés comme litière, on constate que leur pouvoir absorbant s'échelonne comme suit :

les feuilles      indice 2

la paille de blé   indice 2,2

la paille d'orge   indice 2,8

Apte à retenir une forte proportion, et pour bien dire, la quasi totalité des déjections li­quides, la tourbe présentera donc entre au­tres, l'avantage de tenir plus longtemps le sol au sec tout en nécessitant des changements de litière moins fréquents. Déchiquetée, cali­brée, elle offre à la basse cour un tapis moel­leux extrêmement confortable. Elle a en ou­tre la propriété d'absorber les mauvaises odeurs et de constituer un milieu peu appré­cié par les insectes et les parasites.

L'industrie est équipée pour livrer des pro­duits conditionnés en balles, ce qui a pour avantage de faciliter le transport, les mani­pulations et l'emmagasinage.

Bien entendu, une tourbe sera d'autant plus appréciée qu'elle sera plus sèche : pratique­ment aussi sèche que peut l'être la paille de ramassage.

Enfin, et nous rejoindrons par là une pré­occupation qui intéresse la culture grande ou petite, le champ comme le jardin, à l’heure où le fumier fait défaut et se paie un certain prix, c'est dans la tourbe que l'on sera assu­ré de trouver le meilleur véhicule de tout ce que les déjections anima-les contiennent comme azote, acide phosphorique et potasse. Le pouvoir absorbant du pro-duit per­mettra de ne rien perdre de ces éléments dont on connaît tout le prix pour le rende­ment des cultures. En même temps que vous restituerez à votre sol ces facteurs de fertili­té, vous améliorerez sa condition physique grâce à l'apport d'humus ainsi réalisé.