Des propositions socialistes comme s’il en pleuvait
Si les primaires socialistes (je parle des élections, pas des candidats) constituent une pente glissante vers le déchirement interne, elles sont aussi une opportunité magnifique de rôder des propositions, aussi farfelues soient-elles, auprès d’un public quasi-captif…
Je dis captif parce qu’actuellement, on n’a pas vraiment le choix : comme personne en France ne veut vraiment regarder l’horrible réalité (avec des banques qui fondent et des dettes qui s’empilent), la presse va se concentrer sur le seul spectacle qui lui est offert, et comme c’est du Guignol, ça marche toujours auprès des enfants (qui croient au Père Noël) et auprès des électeurs (qui votent).
Avant d’entrer dans les gros pachydermes du Parti Officiellement Socialiste, écartons rapidement les autres socialistes de gauche : s’ils sont en campagne, tout le monde sait qu’ils bricolent à la marge pour gober le plus de voix et s’assurer ainsi d’un joli maroquin.
On pourra citer, dans ces rôles de side-kicks comiques, Jean-Luc Mélenchon (bon, ok, comique, hein, c’est histoire de dire) et Cécile Duflot / Eva Joly (là, pour le coup, comique n’est pas usurpé).
On regrette qu’elle ne pousse pas son raisonnement plus loin : puisqu’en réduisant la semaine à quatre jours ouvrés, on diminue le chômage, nul doute qu’en la réduisant à un seul jour ouvré, on va pouvoir, enfin, éradiquer purement et simplement ce fléau. Allez, Cécile, fait marcher tes deux hémisphères (le nord et le sud) : propose-nous un vrai truc qui cogne !
C’est dommage. Par exemple, en plaçant le SMIC à 2000 euros net, c’est plus simple, plus rond, plus facile. Et le salaire maximum, on pourrait le mettre à, mettons, 4000 euros net. Dans un premier temps. Dans un second temps, ce sera 2000 et on n’en parlera plus. Le gain de temps pour toutes les démarches administratives (« on sait combien tu gagnes, pas besoin de nous le dire ») permettra de dégager une productivité record en France, à n’en pas douter.
Bref : pendant que la Duflot se la joue Oui-Oui sous tranxène, Jean-Luc tente Leatherface camouflé en peluche Disney. On y croit moyennement.
Mais cogner sur Duflot ou Mélenchon, ce n’est plus du bloguing comme dirait un éminent confrère, c’est du ball-trap. Ces deux charlots écartés, nous pouvons nous attarder sur la petite troupe de proboscidiens variés qui occupe le devant de l’actualité. Et eux aussi s’en donnent à cœur joie avec une avalanche de trucs plus ridicules les uns que les autres.
Je ne vais pas les lister tous ici, ce serait trop long. Il suffit de comprendre qu’ils jouent tous sur des budgets fictifs d’une France qui nage dans le pognon gratuit imprimé à volonté par Jean-Claude Trichet et Mario Draghi : c’est donc « no limit » et comme les jeux ne sont pas faits, que les mises sont ouvertes et que pour le moment, c’est seulement de la parole à pas cher, la surenchère est plus qu’aisée : elle est recommandée.
Quant à Ségolène Royal, elle ne peut pas s’avouer vaincue sur de si lénifiantes broutilles ! Dans son habit de scène aux mille strass scintillants, elle fait une pirouette arrosée de champagne, de billets de banques factices mais esthétiques, sur un fond de feux d’artifices chatoyants, un salto arrière, et zou, nous propose la présence d’un deuxième adulte dans les classes difficiles, un moratoire sur les suppressions de poste, un contrat avec les familles et raccompagner les policières par des policiers ah non pardon c’était en 2007.
Et c’est clair que si un prof n’arrive pas à avoir le calme dans sa classe, à deux, ce sera plus facile. Plus coûteux, mais plus facile. Et dans les classes vraiment difficiles, on en mettra trois. Quant aux classes vraiment, vraiment difficiles, on en mettra douze. Fastoche.
Quand on pense que dans les années 50, 60, 70 et 80, les profs restaient bêtement seuls dans leur classe, on comprend qu’il s’agit d’inconscience et qu’ils maintenaient le calme par pure chance. Quel gâchis. Si on avait su. Ah la la la.
Bref, comme on peut le constater, tout ceci est parfaitement crédible pendant que, dans le même temps, la BCE, la Fed, la Bank of England et la Banque du Japon se sont décidées à passer une grosse commande pour de l’encre fraîche, du papier et des Epson Couleur neuves.
Délicieux, non ?
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