Les banques éthiques n'ont pas de cours de Bourse à surveiller, pas de rumeurs désagréables à démonter. Elles se contentent de faire ce que toute devrait faire : collecter l'épargne pour financer la création d'emplois, en particulier à destination des publics défavorisés.
Trois conséquences de la crise sur les banques éthiques
Tout d'abord, les plans d'austérité adoptés par tous les gouvernements européens menacent les crédits accordés au secteur social. Jean-Michel Lecuyer, directeur général de France Active, précise: "surtout dans les pays comme la France, où l'État a toujours été fortement impliqué".
Ensuite, la crise a fragilisé plusieurs institutions de microfinance, notamment en Europe de l'Est. Bruno Dunkel, de CoopEst, reconnaît : 'les revenus des porteurs de projets ont chuté, donc le taux de non-remboursement des prêts a bondi de moins de 5 % à parfois plus de 10 %".
Enfin, les membres de la Febea voient d'un très mauvais œil les nouvelles réglementations, dites "Bâle III", exigeant des établissements bancaires qu'ils augmentent significativement leurs fonds propres, pour faire face à un nouvel "accident", du type subprime ou défaut d'un État. Jean-Louis Bancel, président du Crédit coopératif, affirme : "nous aurons les pires difficultés à nous plier à ces règles, souligne . Le résultat sera catastrophique : les petites et moyennes banques seront fragilisées puis absorbées par les plus grandes. C'est dramatique". Les membres de la Febea espèrent donc obtenir une dérogation, en plaidant qu'ils ne prennent pas de risques sur les marchés financiers.
Un fonds européen d'investissement pour les entreprises sociales
Hugues Sibille, vice-président du Crédit Coopératif, estime que la crise peut favoriser le développement des banques éthiques : "on sent bien que la crise pousse les pouvoirs publics à aider les entreprises sociales. Ils comprennent que nous pouvons apporter des réponses innovantes aux difficultés actuelles, notamment dans la lutte contre le chômage. Alors ils tendent une oreille plus attentive. À nous d'en profiter".
Autre signal positif, la nouvelle implication de l'Union européenne : Michel Barnier, commissaire au marché intérieur, devrait formuler à la mi-octobre des propositions concrètes. Il est notamment question de mettre en place un fonds européen d'investissement à destination des entreprises sociales. Karol Sachs, ancien président de la Febea, rêve de le voir doté d'un milliard d'euros, mais il pourrait plus vraisemblablement démarrer avec cent ou deux cents millions et servir d'effet de levier en attirant d'autres financements nationaux. Un projet que les banquiers éthiques prendraient comme un nouvel encouragement.