Juliet Marillier - Sœur des Cygnes Tome 2 : 9,5/10
Alors là, j’ai a-do-ré !
Comme il s’agit du second volume, on est tout de suite dans l’histoire, dans l’intensité du conte de notre enfance (pour rappel : les six frères cygnes, voir mon commentaire sur le premier tome:http://edenlalu.centerblog.net/205-juliet-mariller-soeur-des-cygnes-8-10 ). Et cela ne se relâche pas, malgré le fait que l’on connaisse l’issue on tourne les pages, pleines de suspense !
Si le premier tome était excellent, celui-ci fait encore un pas en avant, les quelques éléments qui paraissaient enfantins dans le premier volume disparaissent complètement pour nous livrer la fin de cette histoire magique.
L’intrigue reprend là où nous l’avions laissée à la fin du premier tome :
Sorcha part, contre sa volonté, avec Red à travers la mer vers le lointain Britannnia. Comment ses frères la retrouveront-ils ? Une inquiétude qui la rongera tout au long du roman.
Red l’installe donc chez lui, à Champeigne dont il est le Seigneur, et Sorcha devra y vivre parmi les ennemis de son peuple. Red fait le maximum pour la protéger, déclare qu’elle a le statut d’invité, et pourtant tous se méfient d’elle, se signent sur son passage, murmurent dans son dos, la traitent de sorcière.
Ce qui se comprend : non seulement elle est une « ennemie » puisqu’elle est d’Erin, mais encore agit-elle de façon étrange, murée dans son mutisme à tisser l’ortie-vile (nom que donnent les britons à la fleur d’étoile).
La mère de Red l’observe, respecte la lettre la demande de son fils de la laisser si ce n’est son esprit. Elle n’attend qu’une chose, qu’ait enfin lieu le mariage entre Red et sa fiancée, prévue pour le mois de mai, tout devrait alors entrer dans l’ordre.
Seulement, l’oncle de Red observe Sorcha, il la guette …
Bref, nous reprenons le cours de l’histoire et l’auteur respecte le conte original de Grimm presque à la lettre (à un petit détail près).
J’ai pris le même plaisir à lire ce roman que je prenais à lire le conte de Grimm quand j’étais petite fille. Il est intense et triste, héroïque et dur. J’ai frissonné, tremblé, pleuré.
La douleur, l’espoir, les obstacles, les médisances, et Sorcha qui ne peut se défendre parce qu’elle ne doit en aucun cas parler de son histoire personnelle, faute de quoi ses frères seront perdus !
Et pendant tout ce temps, agressée moralement par ceux qui l’entourent, elle doit en outre supporter l’inquiétude terrible, cette interrogation teintée de désespoir : mais où sont ses frères, sont-ils seulement en vie ? Sorcha tente de garder confiance et d’achever son travail, elle tisse et coud à se déchirer les mains, malgré tous les obstacles sur la route.
Parfois sa volonté est mise à rude épreuve !
L’intensité augmente, comme il se doit, lorsque nous approchons de la fin du conte de Grimm, et je dois dire que je ne pouvais lâcher le livre, alors même que je savais !
Très logiquement, le roman ne s’achève pas avec le « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », puisqu’il ne s’agit pas d’un conte, justement. Ici, une fois qu’on arrive au bout de l’histoire traditionnelle, tout n’est pas fini, tout n’est pas si simple ! La vie n’est pas un conte de fée, nul ne sort d’une telle épreuve indemne, tous ont été profondément changés.
Ce qui est étonnant, c’est avec quelle facilité on peut lire ce roman alors même qu’il n’y a pas beaucoup de conversations et qu’il se joue dans le silence de la souffance. Pourtant, cela bouge, on a de l’action, les évènements hurlent pour Sorcha, on entre dans les peurs de la jeune fille, ses angoisses, les petits obstacles qui deviennent insurmontables, voir ses frères devient difficile, impossible même, mais où sont-ils, pourra-t-elle aller au bout de sa quête et les délivrer ?
Ceux qui semblent être ses amis sont en danger constant, on s’interroge, est-ce que Lady Oonagh a un pouvoir tel qu’il peut l’atteindre jusqu’en Britannia ?
Sorcha vit, pendant un an, dans l’angoisse constante, la douleur constante, sous le regard méprisant des autres habitants de Champeigne. Lorsque Red repart pour tenter de retrouver son frère, le danger devient encore plus tangible.
Un roman qui parvient à écrire une histoire autour d’une histoire, un roman autour d’un conte de fées.
Je me répète : si vous avez aimé, enfant, le conte des six frères cygnes, alors, lisez ce roman ! Vous retrouverez tout et plus encore.
J’ai tout simplement adoré, et quand j’ai fermé le livre j’avais cette sensation de vide.
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