Dans les rues d’Athènes, le peuple n’a de cesse de batailler en vain contre le serrage de ceinture imposé et parmi ces manifestants, une corporation témoigne singulièrement de l’état de délitement de toutes nos démocraties. Je parle des chauffeurs de taxis.
Ces professionnels (sic !) n’acceptent pas l’ouverture à la concurrence, refusent qu’on touche à leurs prébendes et à leurs privilèges. Ils sont à l’image de tous les citoyens qui, depuis plus de trente ans, réclament et obtiennent élection après élection des petits avantages qui minent les économies nationales. Depuis plus de trente ans, les élus achètent les voix des électeurs avec des redistributions ciblées, un clientélisme mortifère que des lobbies se font forts d’entretenir à tous les étages des ministères.
Dans ce domaine, la Grèce est une véritable caricature et le peuple grec l’incarnation des corporatismes dévastateurs et du détournement de fonds publics.
Dans d’autres pays démocratiques, la situation n’est pas plus brillante et la France un cas d’école où les groupes d’intérêt sont nombreux à dévoyer la démocratie : ainsi, les 500 niches fiscales dont l’inefficacité a été maintes fois démontrée par la Cour des Compte ne sont que la partie visible d’un iceberg qui nous coule. Il faut aussi évoquer les corporatismes de tous poils publics et privés qui transforment le pays en autant de baronnies moyenâgeuses dont les chauffeurs de taxi sont le fer de lance.
En France et particulièrement à Paris, les taxis sont inefficaces, chers, et si peu nombreux que nous sommes à la traîne des pays les moins civilisés. Une honte pour la première destination touristique du monde ! Cette situation perdure depuis plus de trente ans, et depuis plus de trente ans, aucun homme politique n’a eu le courage d’écraser ces petits fachos sur roues. Les candidats à la présidentielle, dont la médiocrité afflige le citoyen las, n’ont aucunement l’intention de remédier à cette situation, bien au contraire, ils continuent de creuser la tombe dans laquelle nous sommes déjà avec des promesses indignes, des projets honteux.
Il est grand temps que les citoyens réagissent et cessent de croire qu’ils peuvent engranger encore et encore des privilèges achetés à crédit. Il est grand temps que les élus entrent dans l’arène avec des actions courageuses et ambitieuses. Sinon, le jour où nos enfants vont se réveiller, il faudra craindre le pire…