- Des débats de bonne tenue. Le premier débat de la primaire « citoyenne » était très attendu : certains le décrivaient à « hauts risques », prévoyant des déchirements entre les socialistes en campagne. D’autres imaginaient que l’exercice serait trop policé, l’émission ayant été calibrée pour éviter les échanges trop directs. Le premier débat a en fait été assez peu dynamique, mais tout de même instructif. En fin d’émission, Martine Aubry est sortie du bois pour se démarquer de François Hollande le favori. Les socialistes ont eu un débat qui est resté cordial et ont précisé leurs positions sur la crise.
- Aubry charge Hollande. Il aura fallu attendre la fin de la soirée pour voir la première vraie confrontation entre Mme Aubry et M. Hollande. La maire de Lille a chargé son adversaire, déclinant trois arguments contre lui. Elle critique le fait qu’il promette de revenir à l’équilibre des comptes publics en 2017, jugeant que le contexte européen est trop incertain pour se livrer à ce genre de pronostics » irresponsables « .
Elle attaque par ailleurs son projet alternatif aux 300 000 « emplois d’avenir » prévus dans le projet PS. : M. Hollande souhaite un dispositif de baisse de charges en contrepartie de l’embauche en entreprise d’un jeune et du maintien d’un senior. « Je l’ai essayé, ça ne marche pas », a jugé l’ex-ministre des affaires sociales, qui en profite au passage pour rappeler qu’elle a une expérience gouvernementale, contrairement à son adversaire. Enfin, Martine Aubry a chargé le fait que M. Hollande ne soit pas prêt, contrairement à elle, à promettre une sortie du nucléaire.
- Hollande réplique. Officiellement candidat depuis le 1er mars, François Hollande a rappelé qu’il était candidat avant la chute de Dominique Strauss-Kahn et qu’il l’aurait été dans tous les cas. « Si DSK avait été candidat à la primaire, il aurait été » présent à ce débat. « Et moi aussi. J’avais pris ma décision avant », a -t-il lancé. Une manière de rappeler que sa rivale Aubry avait un « pacte » avec l’ancien patron du FMI et la faire passer pour une candidate de substitution.
Une sorte de « plan B », comme l’ont souligné les hollandais ces derniers mois. Le candidat a par ailleurs eu une réplique quelque peu acide à l’encontre de David Pujadas, dont il a jugé qu’il « inventait des chiffres » qu’il lui prêtait à tort.
- Passe d’arme sur le nucléaire. Martine Aubry a réitéré qu’elle voulait voir naître la première génération sans nucléaire affirmant qu’il s’agissait d’une « énergie du passé ». « Moi je suis claire », a lancé Mme Aubry à M. Hollande, qui l’a pressée de son côté de préciser la part du nucléaire qu’elle envisageait en 2025, pour finalement estimer qu’elle aussi était d’accord pour la passer de 75 % à 50 %. « Ce n’est pas parce que nos courbes se croisent que nous sommes d’accord », a riposté Martine Aubry.
La maire de Lille s’est alors fait piéger. Interpellée par François Hollande sur le sort qu’elle réservait à l’EPR de Flamanville, un réacteur nouvelle génération, elle n’a pas parlé de démantèlement. Elle a même fait comprendre qu’elle le maintiendrait au nom des sommes déjà investies dans le projet (plus de 2 milliards d’euros).
- Royal peine à se faire entendre. Distancée dans les sondages par François Hollande et Martine Aubry, Ségolène Royal devait bousculer ses rivaux pour changer le rapport de forces. Mais elle a finalement peu joué les trouble-fêtes durant ce débat. Sa nouvelle main tendue aux centristes ou son offensive sur le nucléaire ne lui ont pas permis de cristalliser la polémique.
Sans vraiment créer la surprise, elle a déroulé les idées de son programme en tentant de s’adresser essentiellement aux catégories populaires.Notamment en lançant plusieurs attaques contre les banques qui « spéculent au détriment des peuples », en se posant en « garante de la morale publique » ou en réaffirmant sa volonté de mettre en place un encadrement militaire pour les jeunes délinquants.
Elle s’est également dit hostile à une augmentation des impôts, plaidant pour le soutien à la croissance, se démarquant de ceux qui prônent la rigueur. Enfin, l’ancienne candidate à la présidentielle a affirmé qu’elle avait « changé » depuis 2007 : « J’ai changé, en densité, en détermination. J’ai beaucoup travaillé ».
- Valls et Montebourg dans leur rôle. Les deux benjamins de la compétition ont su jouer leur partition, l’un dans une tonalité social-démocrate, l’autre résolument à gauche. Le premier a poussé ses pions sur la sécurité, la modernisation des relations sociales ou les déficits. L’autre a lui aussi déroulé ses argumentaires sur le nécessaire combat contre les marchés et la nécessité d’encadrer la finance et les banques.
- Haro sur les banques. Interrogés sur la réponse qu’ils apporteraient à la crise une fois élus, tous les candidats à la primaire ont rivalisé d’assauts réthoriques sur leur intention de mettre les banques au pas. « Je préfère mettre les banques sous tutelle avant que celles ci ne nous mettent nous-mêmes sous tutelle », a par exemple assuré le plus véhément d’entre eux à ce sujet, Arnaud Montebourg. Ségolène Royal fera de la réforme des banques son premier projet car, a-t-elle rappelé, « leur premier métier c’est de financer l’économie réelle pas de spéculer sur la dette des Etats ».
Si l’Etat était amené à renflouer les banques, il entrerait à leur capital. Au diapason, Martine Aubry a déploré que les banques continuent à « spéculer sur l’épargne des Français au lieu d’aider les PME et les Français ».
Source Le Monde
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