C’est une première en France. Le parc d’activité de Val-d’Europe, à l’Est de Paris, sera en partie chauffé par d’immenses serveurs informatiques avant la fin de l’année. Une expérimentation écologique qui récupère de l’énergie jusqu’à présent gaspillée.
A Marne-la-Vallée, Dalkia conçoit et réalise le premier réseau de chaleur urbain français alimenté par la chaleur issue d’un centre de données informatiques (datacenter). Implanté sur le site de Paris-Val d’Europe, un parc d’entreprises développé par le groupe Euro Disney en partenariat avec les pouvoirs publics, ce réseau distribuera une puissance de 2,4 MW d’ici à la fin de l’année et de 7,8 MW en 2014 ou 2015.
Une première en France
« C’est une première en France et sans doute aussi en Europe à cette échelle », se félicite Jean-Philippe Buisson, directeur de Dalkia Ile-de-France, en présentant le réseau de chaleur et les sous-stations que son entreprise met actuellement en place à Marne-la-Vallée, sur les terres d’Euro Disney. Alimenté par la chaleur extraite d’un centre de données informatiques, un « datacenter » exploité par la banque Natixis, ce réseau de plusieurs kilomètres d’envergure entrera en service en fin d’année avec une puissance initiale de 2,4 MW. « Il s’agit là de la première tranche mais il y en aura trois en tout avec ce même fournisseur, pour aller jusqu’à 7,8 MW. Nous subviendrons alors aux besoins de chauffage et d’eau chaude de plusieurs centaines de clients représentant une surface totale de 600 000 m2 », indique Jean-Philippe Buisson.
Tarification plus stable
Doté chacun d’un échangeur de chaleur avec le réseau primaire (parcouru par une eau à 55°C), les clients paieront cette énergie 8 centimes d’euros le kWh avec, en cas de défaillance, un service garanti par la mise en route d’une centrale de secours au gaz naturel. « En raison du montant de l’investissement – plusieurs millions d’euros -, la tarification est supérieure à celle que l’on connaît en général pour les réseaux fonctionnant exclusivement au gaz ou au fioul. Mais elle sera en revanche beaucoup plus stable dans le temps », assure le responsable de Dalkia. Ce dernier précise par ailleurs que cette chaleur, quoique dissipée dans l’air ambiant dans le cas des installations classiques, est en l’occurrence achetée au groupe bancaire « qui a également dû installer certains équipements dans ses murs, notamment un échangeur thermique ».
Valoriser complétement l’énergie thermique
Formalisé par un contrat d’une durée de 25 ans, l’achat de « chaleur verte » à Natixis se verra prochainement complété par la production d’autres fournisseurs. « Deux ou trois datacenters supplémentaires vont bientôt s’installer sur le site », affirme ainsi Francis Borezée, vice-président d’Euro Disney, Développement immobilier et touristique. Envisagé par Dalkia, mais de façon encore très hypothétique en raison du coût prohibitif des machines à absorption, le « froid vert » que l’on pourrait produire l’été à partir de la chaleur non exploitée dans le schéma actuel pourrait à l’avenir permettre de valoriser encore plus complètement l’énergie thermique produite par ce futur parc de datacenters.
Deux bâtiments du parc d’activité de Val d’Europe seront raccordés à la fin de l’année. A terme, 600 000 m² de bureaux pourraient être chauffées par le data-center de 10 000 m², ce qui économiserait 5 400 tonnes de CO2 chaque année.
Le potentiel est énorme : il existe une centaine de data centers en France, dont 37 en région parisienne et le secteur est en pleine croissance.