Bayrou sur le (gros) fauteuil du milieu

Publié le 15 septembre 2011 par Nicolas007bis

Entre le PS et Sarkozy, l’espace est pour le moins mouvant et incertain. Avec DSK il aurait été certainement réduit, avec Montebourg ou même Aubry il serait certainement plus conséquent. Avec Hollande, il varie tous les jours. Hollande se présentant, en Juillet, comme le chantre de l’équilibre budgétaire, marche à plein sur les plates-bandes de Sarkozy….et de Bayrou. Hollande annonçant la création de 60 000 à 70 000 postes dans l’Education Nationale, marche sur celles de Mélenchon.

Quand à Ségolène, ça va ça vient, on va dire qu’elle fait une navette perpétuelle entre les concepts de Droite et de Gauche mais que de toute façon, elle est tellement clivante que face à Sarkozy qui l’est tout autant, l’espace entre les 2 serait énorme.

Pour autant, et quelle que soit la mouvante et incertaine superficie de cette contrée du milieu, la performance d’un candidat qui s’y positionnerait dépend évidemment de son profil et du nombre d’occupants qui y auront installé leur siège.

A ce jour, et si je laisse de coté EELV et sa candidate Eva Joly, clairement à gauche, et dont le score probablement minime, ne sera assuré que par sa base d’irréductibles aficionados, qui trouve t’on potentiellement sur ce terrain ?

Comme L’Hérétique et contrairement à Bayrou, je pense que Borloo franchira le pas. Il le fera même assez vite afin de griller son ex collègue mais néanmoins adversaire, Hervé Morin. Celui-ci meurt d’envie de s’y lancer mais comme il ne peut décemment y avoir 2 candidats représentants cette espèce de ramasse-miettes ramasse-tout qu’est l'Alliance républicaine écologiste et sociale (Ares), il s’abstiendra.

Pour ces deux là, l’enjeu est de taille, non pas qu’ils aient une quelconque chance de bien figurer à la présidentielle mais pour se placer dans le grand capharnaüm qui succéderait à une défaite de Sarkozy suivie d’une branlée de la Droite aux législatives.

Le problème pour Borloo, c’est qu’il aura beaucoup de mal à se positionner et à trouver une crédibilité. Voilà quand même quelqu’un qui a quitté le gouvernement Sarkozy uniquement par déception de ne pas avoir été nommé Fillon à la place de Fillon.

Le vieux beau Villepin est également près à se mettre sur les rangs. Même si il est difficile de le qualifier de centriste, il auto-positionnerait bien son trône de style empire dans un coin de l’espace séparant les PS et Sarkozy. Sa seule mais puissante motivation étant d’emmerder Sarkozy.

Malheureusement pour lui, ça risque de ne pas suffire. L’homme part avec quelques handicaps : Ses soutiens l’ont tous lâché un par un, il ne bénéficie pas de la logistique d’un parti, il n’a pas un rond mais possède par contre, suffisamment de casseroles présumées pour ouvrir une quincaillerie.

Innocenté faute de certitudes dans l’affaire Clearstream, il vient quand même de se faire accuser par Bourgui d’avoir réceptionné des valises pleines de billets qu’il aurait comptés avec délectation et se trouve cité par Péan dans son dernier bouquin comme intime du, pour le moins trouble, Alexandre Djouhri.

Pour sa défense, il faut reconnaitre qu’il semble surtout avoir été le fidèle serviteur d’un Chirac que les scrupules n’étouffaient pas et à coté duquel sa quincaillerie parait aussi minuscule qu’une épicerie d’arabe à côté d’un Hypermarché.

Quoi qu’il en soit, il m’étonnerait, malgré l’envie qui le taraude, qu’il se lance dans une bataille dont il risquerait de sortir humilié.

Il nous reste donc François Bayrou !

Même avec Borloo sur le terrain, François Bayrou, ça ne fait aucun doute, se présentera.

Sans préjuger de la qualité de sa campagne, il me semble que Bayrou a tout ce qu’il faut pour occuper avec succès le fauteuil du milieu ne laissant à Borloo que la place d’un tabouret.

Contrairement à Borloo, il a l’expérience d’une campagne présidentielle (il en a fait 2).

Contrairement à Borloo, non seulement il ne peut être aucunement associé au bilan de Sarkozy, mais s’est depuis le début, élevé contre ses méthodes, sa manière d’exercer le pouvoir (Abus de pouvoir) et son comportement. Il s’est également élevé, avec véhémences, contre certaines décisions politiques, sans pour autant faire dans le systématisme pavlovien de la Gauche.

Enfin, un certain nombre des thèmes de sa campagne de 2007 ont retrouvé une actualité brulante et sont repris par une grosse partie de la classe politique à Droite comme à Gauche (déficits, Education, moralité de la vie politique…)…reste maintenant à lui en donner crédit !

Evidemment, et même si le fauteuil occupe l’essentiel de l’espace dont il peut disposer, tout dépendra de la superficie du dit espace. Comme dit plus haut, en estimer le format est délicat mais je vois néanmoins 2 bonnes raisons de penser qu’il pourrait être plus conséquent que prévu.

Coté gauche tout d’abord, tous les espoirs sont permis grâce à cette fabuleuse initiative qu’est la primaire. C’est en tout cas très bien parti pour finir dans un bain de sang et de rancœurs. Le gagnant risque de se retrouver confronté à quelques difficultés à rassembler le parti derrière lui et risque de sortir de l’épreuve carbonisé. Par-dessus le marché, il lui sera difficile de tenir la distance et il risque de se trouver un brin défraichi lorsque Sarkozy entamera sa campagne 6 mois après lui.

Et puis, pour le moment, difficile de s’emballer pour un candidat du PS, difficile !

Coté droit, les choses ne se présentent pas non plus au mieux.

J’ai déjà écrit que la seule chance de Sarkozy est de se présenter comme un rempart solide face à la crise, or les atermoiement, les hésitations, le manque apparent de convictions des dirigeants de l’eurozone dont Sarkozy est un élément important, contribuent à ternir son image. A tort ou à raison, la question se pose, fait-il ce qu’il faut faire face à la crise ?...et pour le moment le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas grand monde à répondre oui.

On le voit, il y a de la place pour un gros, un très gros fauteuil au milieu du PS et de Sarkozy.