Nicolas Sarkozy et le premier ministre britannique David Cameron sont arrivés ce jeudi matin à Tripoli pour une visite dite éclair. En réalité ce petit déplacement fugace a quand même mobilisé la bagatelle de 160 policiers venant de France, correctement nourris et souhaitant échapper au débat de la primaire socialiste sur France 2. Une visite éclair pour point d’orgue d’une guerre éclair qui ne le fut pas vraiment eu égard aux poches de résistance kadhafiste qui sévissent encore dans le pays de Mouammar.
- Tant que la paix sera menacée, la France restera à vos côtés pour que pas un seul jeune libyen ne doute que son avenir ne se trouve en Libye, a promis le petit Nicolas qui n’a guère envie de voir des flux migratoires généré des heures supplémentaires pour Claude Guéant
- Le peuple libyen peut compter sur l'admiration de la France, je pense notamment aux villes martyres comme Misrata. Monsieur Kadhafi doit être arrêté et tous ceux qui sont inculpés par une juridiction internationale doivent rendre des comptes sur ce qu'ils ont fait, a-t-il insisté devant une foule qui n’y comprenait rien en dépit de moultes grimaces et tics que notre chef d’Etat tentait désespérément à rendre le plus évocateurs possible !
Le chef élyséen a réfuté «tout accord et passe-droit» sur la répartition des marchés pétroliers entre la France et le CNT (Comité National de Transition qui assure l’intérim politique en Libye, en attendant des élections libres…) . Le président français souhaite que les futurs marchés liés à l’or noir soient attribués via des «appels d'offre». Ah, les appels d’offre, il connaît cela l’ancien Maire de Neuilly, une vraie spécialité du droit administratif lié à notre cher mille-feuilles !! On n’ignore pas que les appels d’offre peuvent, le cas échéant, s’agrémenter de quelque bakchich et autres mallettes diplomatiques que Sieur Bourgui (voir mon article précédent) sait reconnaître à plus de 10.000 lieues.
La capture du colonel Kadhafi est, en revanche, l’obsession de David Cameron.
- Le travail n’est pas fini tant que des régions et des villes resteront sous le contrôle de Mouammar. Nous vous aiderons à le trouver et à l'amener devant la justice. Je vous jure que je ferai mieux que chez moi lors des émeutes estivales de Londres ! J’ai revu ma copie !
Le premier ministre britannique a rendu un hommage appuyé aux rebelles :
- Ceci est votre révolution et non la nôtre ! Sachant qu’une révolution permet à un homme de faire un tour complet sur lui-même, vous voilà au point de départ ! Libre comme avant Kadhafi à la bonne époque du colonialisme italien ! My God, qu’est-ce que je raconte ? Heu… Non, vous ne reviendrez pas dans le giron italien ! D’ailleurs même Berlusconi ne souhaite pas rester dans sa péninsule ! Non, vous êtes bientôt libres, libres de choisir les partenaires économiques. Nous sommes prêts : vraiment prêts : prêts à 5% l’an mais avec indexation sur le prix du brent, par exemple ! Mais dites-nous ce que vous voulez que l'on fasse. Nous sommes paumés chez nous ! C’est la galère en Europe ! On se fait laminer par les marchés et les agences de notation ! Nous sommes à un tournant, le printemps arabe pourrait devenir été indien, heu, arabe ! On ira où vous voudrez quand vous voudrez ! Et on s’aimera encore même quand Mouammar sera mort !!
L'accueil réservé à Nicolas et à Cameron a été enthousiaste. Arrivés séparément vers 10h30 à l'aéroport de Tripoli, où les attendaient le chef du Conseil national de transition (CNT) Moustapha Abdeljalil et le numéro deux de cette instance Mahmoud Jibril, les deux hommes se sont rendus en hélicoptère à l'hôpital de Tripoli. Ils ont parcouru une heure durant, au milieu des acclamations du personnel, les couloirs de l'établissement. Nicolas s’est enquis du fait que les surnuméraires de médicaments des laboratoires Servier étaient bien arrivés à destination.
Puis ils se sont rendus à Benghazi, cette ville de l’est libyen qui fut le berceau de la révolte.
- Jeunes de Benghazi, de Libye et du monde arabe, la France veut vous dire son admiration, a poursuivi Nicolas Sarkozy tout en terminant un loukoum récalcitrant devant un parterre d’insurgés qui brandissaient de nombreux drapeaux français.
Le chef de l'Etat a de nouveau exhorté le pays à l'unité.
- Nous vous demandons une chose : une Libye unie et non divisée ! Ne faites pas comme les socialistes de chez nous ! C’est un très mauvais exemple ! Encore un loukoum ?? Heu, merci, je le garde pour le retour, en avion
Après les acclamations de la foule, le chef de l'Etat a ensuite poursuivi :
- Peuple de Libye, vous avez démontré votre courage, aujourd'hui vous devez démontrer un nouveau courage (putain, la répétition ! Qui m’a encore pondu ce discours de merde ! C’est encore du Guéno tout cru ça, il ne perd rien pour attendre !). Oui, heu, le courage du pardon, celui du pardon et de la réconciliation !
Et puis, façon De Gaulle :
- Vive Benghazi, vive la Libye, vive l'amitié entre la France et la Libye !!
Dommage que ce fut si court, glissa Nicolas à l’oreille d’Alain Juppé dans l’avion du retour ! Puis il entama le loukoum en veillant à ne pas trop sucrer ses doigts présidentiels si délicats…