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Jovian Chronicles

Par Ledinobleu

Couverture de la toute première édition originale candienne du jeu de rôle Jovian ChroniclesAD 2210. Alors que les nations de la Terre se suicidaient sous le poids de leurs passés respectifs, des hommes et des femmes colonisaient les planètes proches du système solaire, jusqu’à la ceinture d’astéroïdes et même la géante Jupiter. Après la chute des dernières superpuissances de la planète-mère, ces colons à présent isolés n’eurent même pas à réclamer leur indépendance. Quand un gouvernement unifié de la Terre vit enfin le jour après un siècle de conflits, la civilisation de l’espace était née…

Si Mekton II (Mike Pondsmith ; 1987) proposait son propre univers, bâti sur les tropes habituel de la science-fiction orientée space opera et d’inspiration anime, la principale caractéristique de ce jeu de rôle consistait néanmoins à encourager les joueurs à créer leur propre monde et son Histoire afin d’en écrire les chapitres les plus marquants à travers leurs campagnes de jeu et leurs divers scénarios. Marc Alexandre Vézina suivit ce conseil à la lettre et, avec l’aide de nombre de ses complices du magazine Mecha Press auquel il contribuait depuis le tout début, il développa l’univers de Jovian Chronicles en s’inspirant directement des ténors de l’animation japonaise de science-fiction mais aussi des auteurs littéraires classiques du genre.

Couverture de la toute première édition originale candienne de l'extension Europa Incident
Voilà pourquoi les férus de hard science (1) se trouveront ici en terrain familier, de même que ceux qui aiment les animes de mechas appartenant à l’école réaliste du genre – tels que Mobile Suit Gundam (Yoshiyuki Tomino ; 1979) ou The Super Dimension Fortress Macross (Noboru Ishiguro ; 1982). À vrai dire, et mis à part quelques éléments ponctuels comme les tribus nomades qui habitent des astéroïdes errants, un élément à l’exotisme certain, l’univers de Jovian Chronicles s’avère en fin de compte bien classique. « Déjà vu » diront certains, qui n’auront pas tout à fait tort… Pourtant, c’est bien ce classicisme qui fait la force de Jovian Chronicles, du moins pour ceux d’entre nous qui aiment la science-fiction d’un Arthur C. Clarke (1917-2008) par exemple.

Ainsi, l’univers de Jovian Chronicles présente-t-il un système solaire colonisé depuis la planète Mercure jusqu’à Jupiter, en passant par tous les mondes intermédiaires et même la ceinture d’astéroïdes. Vénus est terraformée, Mars une planète divisée par des affrontements entre deux factions qui se disputent le pouvoir, et la Terre se remet à peine d’une vaste guerre civile globale de 100 ans où les super-puissances du début du XXIe siècle s’effondrèrent en laissant ainsi le champ libre aux colonies de l’espace ; Jupiter finit par s’affirmer comme la grande gagnante de ce retournement de situation, mais le gouvernement de la Terre unifiée entend bien retrouver sa place de monde leader de la sphère humaine et les tensions montent peu à peu…

Couverture de la seconde édition originale candienne du jeu de rôle Jovian Chronicles
Du coup, le succès de cette licence sur le continent américain étonne assez peu tant son public s’affirme technophile mais aussi friand de scènes politiques complexes. De sorte que quand le succès du sourcebook initial se vit confirmé par l’extension Europa Incident, l’idée germa naturellement de développer plus encore cet univers. Voilà comment Jovian Chronicles se vit adapté en 1997 au système Silhouette développé par Dream Pod 9 pour Heavy Gear, leur premier véritable jeu de rôle original, afin de devenir une ligne de jeu à part entière. Celle-ci connut de nombreux suppléments qui permirent de combiner le jeu de rôle au jeu de plateau en plus de développer chacun des éléments techno-scientifiques et des factions politiques de cet univers.

Si Jovian Chronicles s’affirmait surtout au départ comme un des résultats de l’influence culturelle qu’exerçait déjà à l’époque le Japon sur l’occident, et se cantonnait donc à un certain exercice de style somme toute sans prétention, il n’en est pas moins devenu au fil du temps une franchise d’ampleur tout à fait remarquable et à l’identité propre. Pour ces deux raisons, vous ne regretterez pas de lui avoir donné sa chance.

(1) terme désignant les récits de science-fiction aux bases techno-scientifiques très solides.

Notes :

La toute première édition de Jovian Chronicles, qui se présente sous la forme de deux suppléments pour Mekton II, donc celle chroniquée ici, est surnommée « Green Edition » par les fans de la première heure en raison de la couleur de ses couvertures. La seconde édition, celle adaptée au système Silhouette de Dream Pod 9, est appelée « White Edition » bien que plusieurs de ses extensions présentent une couverture dans des tons bleu sombre.

Jovian Chronicles, Marc A. Vézina, 1992
Ianus Publications, Inc. & Dream Pod 9, 1993
112 pages, env. 40 € (occasions seulement)

- le site officiel de Jovian Chronicles (White Edition)
- le site officiel de Dream Pod 9
- le site officiel de Marc A. Vézina
- le site officiel de Ghislain Barbe, Lead Conceptual Artist


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