À l’occasion du retour du Défi Les Anges Financiers, une initiative de la Jeune Chambre de commerce de Montréal en collaboration avec Anges Québec permettant le maillage entre les jeunes entrepreneurs et les investisseurs privés de Québec, je vous présenterai tel qu’annoncé le 18 août 2011, quelques entrepreneurs finalistes des anciennes éditions.
Aujourd’hui, je vous présente Jean-Marc Félio, président de Leading Boards.
Créé en avril 2008 par Jean-Marc Félio, Leading Boards est un outil web convivial et sécuritaire pour les conseils d’administration. Il permet aux administrateurs d’avoir accès en tout temps aux documents et aux archives ainsi qu’à des outils de collaboration et de communication à la fine pointe de la technologie. Réseau C.A réduit ainsi les risques des administrateurs et simplifie la tâche de la direction, et en plus il est très économique.
Son idée a pris forme après avoir rencontré plusieurs conseils d’administration. Qu’il s’agisse d’une petite OBNL ou d’une grande entreprise publique, les conseils d’administration souffrent, selon lui, tous de problèmes de documents qui se perdent et des enjeux de confidentialité qui lui sont reliés, de défis d’informations inaccessibles, de désorganisation, de manque d’efficacité, de gaspillage de papier et d’efforts, de manque de transparence et de problèmes de gouvernance. Les administrateurs ont rarement les bons outils pour faire leur travail avec diligence et nombreux sont ceux qui sont souvent très inquiets pour ne pas dire angoissés, ce qui a des conséquences graves pour les administrateurs bien sûr, mais aussi pour les organisations.
Les Anges ou les VC ne sont pas la panacée et selon les projets il y a d’autres formes de financement. – Jean-Marc Félio
Kim Auclair : Racontez-nous la première année de démarrage de votre entreprise. À quel type de difficultés avez-vous été confronté durant cette période par rapport au financement de celle-ci ?
Jean-Marc Félio : La première année a été celle du développement de la technologie et celle de la compréhension et validation du marché. En fait nous avons développé des produits modulaires qui sont spécifiques aux segments de marché, par exemple on n’approche pas les conseils d’administration des OBNL avec les mêmes outils que les entreprises cotées en bourse.
Les deux premières années ont été financées par des fonds propres et par des amis investisseurs, une garantie de prêt de la SDEVM qui, notez-le, a été impeccable sur toute la ligne, d’un prêt de la BDC et enfin de ventes, car pour valider le marché il faut des ventes et des projets pilotes pour bien adapter notre produit.
JMF : J’ai réalisé qu’une excellente idée (la nôtre bien sûr) ne se vend pas toute seule ! Il faut l’habiller, la présenter sous forme d’histoire, la rendre concise, lui faire prendre l’ascenseur… Et ensuite j’ai réalisé que je ne parlais pas la même langue que les Anges ! Plus sérieusement, j’ai réalisé qu’il y a une certaine manière de présenter son projet, un certain jargon pour intéresser des Anges et dialoguer avec eux ! Et j’ai appris à utiliser le vocabulaire et les outils pour me faire comprendre par ces Anges.
Est-ce que les Anges ont investi ? Non. Mais nous avons été sélectionnés par la suite dans la cohorte 2011 de Capital Innovation et là, nous sommes beaucoup plus préparés.
KA : Vous dites avoir appris à mieux présenter votre projet et utiliser un vocabulaire et des outils pour vous faire comprendre par des Anges investisseurs. Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
JMF : Un des exemples de meilleure présentation grâce au Défi est le fameux « Elevator pitch » qui est la possibilité de présenter son projet à un investisseur dans un ascenseur, donc 20 ou 30 secondes…
Mais ce n’est pas le fait de trouver les bons mots pour parler du « projet-entreprise-équipe-potentiel incroyable » qui est important, c’est la réflexion obligée pour mieux cerner le projet, pour mieux le vendre, pour tout simplement le définir.
Et bien sûr un plan d’affaires plus concis, structuré, avec les colonnes que les Anges veulent voir et les graphiques qui pointent très haut vers le ciel.
KA : Même si vous n’aviez pas été sélectionné lors de l’édition 2010, auriez-vous réussi à attirer de nouveaux investisseurs sans le processus de formation donné par le Défi Les Anges financiers ?
JMF : Sans le passage au Défi, nous aurions bien sûr rejoint des investisseurs, mais la recherche et l’accès aurait été plus long, notre crédibilité plus difficile à établir et nos documents moins attirants. Le Défi nous a aussi permis d’être parmi les 12 finalistes de Montréal à Capital Innovation 2011…
KA : Qu’est-ce qui vous a marqué le plus suite à votre passage au Défi Les Anges financiers. Quelles leçons avez-vous retenues ?
JMF : Le Défi nous a permis de côtoyer un certain nombre de financiers et d’apprendre à leur parler et à solliciter leurs conseils. Ainsi je suis maintenant en relation constante avec un Ange qui n’investit pas, mais qui par ses contacts me permet d’augmenter mes ventes, ce qui est aussi essentiel qu’un investissement tout en conservant nos actions…
KA: Un entrepreneur pour vous c’est….
JMF : Quelqu’un qui est déterminé à réussir, têtu et obstiné à en être aveugle parfois, mais qui s’est donné une mission qu’il doit remplir. Concrètement, c’est tout sacrifier pendant quelques années à coup de 70 heures par semaine… mais lorsque la lumière apparait au bout de ce fameux tunnel, il n’y a pas de moment plus gratifiant au monde.
KA : Quels sont les conseils que vous donneriez à un entrepreneur qui est à la recherche de financement pour son projet d’entreprise?
JMF : Les Anges ou les VC ne sont pas la panacée et selon les projets il y a d’autres formes de financement. Les Anges exigent des projections de revenus très élevées et veulent sortir trois ou quatre ans plus tard avec 5 à 10 fois leurs revenus, donc pas une formule pour tous les projets.
Allez chercher le maximum de fonds ailleurs, gouvernementaux, et autres avec idéalement quelques ventes avant d’approcher les anges : vous serez en meilleure position. Et ne cherchez pas des Anges, mais un Ange qui se chargera d’appeler ses copains si vous l’intéressez.
Consulter les autres entrevues
Voici les entrevues réalisées. Bonne lecture.
- Hicham Ratnani, co-fondateur de Modasuite : Quand l’entrepreneur acquiert de l’expérience grâce à des anges investisseurs.
- Éric Quenneville, chef de la direction de Biomomentum. : Quand l’entrepreneur apprend à utiliser les différentes sources et stratégies de financement pour son entreprise