Autant cet été aura été riche en bonnes surprises cinématographiques, autant en cette rentrée de septembre je vais de déception en déception. Quelques mois après Omar m'a tuer que j'avais adoré, me voilà un peu déçue devant le tant attendu Présumé coupable du réalisateur Vincent Garenq (Comme les autres). Si en soi il est loin d'être mauvais je m'attendais à mieux, et surtout à plus... Explications.
Synopsis : Le film raconte le calvaire d'Alain Marécaux - "l'huissier" de l'affaire d'Outreau - arrêté en 2001 ainsi que sa femme et 12 autres personnes pour d'horribles actes de pédophilies qu'ils n'ont jamais commis. C'est l'histoire de la descente en enfer d'un homme innocent face à un système judiciaire incroyablement injuste et inhumain, l'histoire de sa vie et de celle de ses proches broyée par une des plus importantes erreurs judiciaires de notre époque.
Dernièrement j'ai pu voir plusieurs films sur la brutalité carcérale (Hunger) et les erreurs judiciaires (Omar m'a tuer) et cela explique certainement pourquoi je deviens de plus en plus critique face à ce type de long-métrage. J'attendais beaucoup de celui-ci et ce qui m'a au premier abord déroutée, est bien le parti pris du réalisateur Vincent Garenq. En effet, ce dernier se concentre essentiellement sur l'histoire de l'huissier Alain Marécaux condamné malgré lui pour actes de pédophilie. L'affaire en elle-même est donc souvent mise de côté pour se concentrer sur les effets de cette débacle judiciaire sur la vie de cet homme qui du jour au lendemain se voit perdre toute sa vie. Et justement, en prenant cet angle de vu, ce parti pris, je pense que le réalisateur passe à côté de plein de faits, de mécaniques judiciaires, qu'il aurait été intéressant d'exploiter (notamment le point de vue des coupables, de différents accusés).
Ainsi, le risque qu'a pris le réalisateur en se basant essentiellement sur le journal de notre "présumé coupable" Chronique de mon erreur judiciaire : une victime de l'affaire d'Outreau était de trop souvent tomber dans le larmoyant. Et malheureusement c'est considérablement le cas, de scènes en scènes Vincent Garenq s'entête à nous montrer à quel point l'institution judiciaire française a pu brisé une vie, cette vie qui aurait pu être la votre. En soi, l'objectif est donc atteint, mais je continue à penser que l'affaire d'Outreau aurait pu être encore mieux portée au cinéma.
Concernant les performences des acteurs, rien n'est à redire. Les acteurs s'avèrent tous très bons dans leur rôle respectif, particulièrement Phillippe Torreton qui interprète magistralement Alain Marécaux, nous plongeant dans les heures les plus sombres de la vie de cet homme, avec une perte de 27 kilos au cours du tournage, afin de retranscrire au mieux sa détresse. On retrouve aussi Raphaël Ferret interprétant l'excécrable juge Burgaud, Wladimir Yordanoff dans le rôle du compatissant et sympathique Maitre Delarue ainsi que Noémie Lvovsky dans celui d'Edith Marécaux, femme d'Alain.
Ma déception quant à ce long-métrage concerne donc non pas le film en lui-même qui est bien réalisé et dont la performance de Philippe Torreton dans le rôle d'Alain Marécaux est phénoménale, mais plutôt la tournure du film, trop larmoyante et cantonnée à la vie brisée de notre huissier, un déjà vu au cinéma. Pour mieux connaitre et reconnaitre la réalité et les bas fonds de la vie carcérale je vous conseille beaucoup plus Hunger.