"Paris" de Cédric Klapisch

Publié le 23 février 2008 par Laterna Magica

Paris est une ville visitée mille fois par ans au cinéma. Ces rues sont familières même lorsqu'on ne les a jamais empruntés. Cédric Klapisch a eu cette ambition de faire une sorte de film somme, de parcourir tous les lieux de Paris sans trahir leurs identités et en même temps ne pas tomber dans le piège du  film carte-postale.

Klapisch nous présente un Paris tel qu'il le voit, le comprend et, visiblement, l'aime. Ce Paris de Klapisch est fragmenté, bouillonnant mais aussi très mélancolique, une ville ou l'on perd ses illusions. Paris est le point de rencontre entre toutes les catégories de population et l'idée du cinéaste était de bien sûr coïncider avec cette diversité là, cette fragmentation. Finalement, Paris est peut-être une mega-auberge espagnole, mais n'est-ce pas le propre des grandes villes ?

Chacune ne peut néanmoins pas être le personnage central d'un film comme celui-ci. Klapisch contourne les clichés de la ville Lumière en même temps qu'il puise forcément dans tout ce qui fait sa singularité. Chacun des personnages symbolise le quartier dans lequel il habite, une idée de Paris. Par la force des choses, ces personnages ont la fonction première de rassembler autour d'eux et c'est sans doute ce qui fait que lorsque les croisements se font, les heurts ne sont jamais très violent.

Paris est une ville parfois insupportable, à cause de ses parisiens surtout. Klapisch, pas moins que n'importe qui, en a conscience et l'insert à son récit. Sans trop insister dessus bien évidemment. Car Paris n'est pas un film social, il reste un film avant tout populaire, consensuel, qui cherche a effectuer un diaporama de ce qu'est la vie parisienne en 2008, sans pour autant plomber son récit. Dès lors, on peut reprocher au cinéaste une vision angélique des rapports humains mais ce serait faire l'impasse sur le ton très mélancolique de l'ensemble. Pas seulement parce ce que l'on pense que le personnage joué par Romain Duris va mourir, mais aussi parce que les autres personnages sont tous finalement assez perdus même lorsqu'ils sont entourés. Ils ont leurs problèmes, leurs névroses et cela les affecte. Par addition, cela affecte la tonalité générale du film.

Mais ce n'est pas préjudiciable au film car de ce point, Klapisch fait naître un espoir, un optimisme. Le film aurait peut-être du s'appeller Paris, je t'aime. Car il ne s'agit que de celà : les personnages sont au final moins importants que la ville. Klapisch chante l'amour de Paris d'abord. Et pourtant, miracle de cette sensibilité qu'a Klapisch depuis toujours, quand le film termine, nous qui somme parisiens, nous sommes content d'être là, et l'on a envie de les aimer tous ces gens qui nous entoure et que l'on a pourtant souvent tendance à maudire au quotidien. Voila peut-être le gage de la réussite de Paris.

Benoît Thevenin 

PS : le PSG est-il si peu porteur d'une identité parisienne que Klapisch l'oublie, sans la moindre quelconque allusion ? Un film sur Marseille ne pourrait pas faire l'économie de l'OM...


Paris - Note pour ce film : Réalisé par Cédric Klapisch
Avec Albert Dupontel, Juliette Binoche, Romain Duris, ...
Année de production : 2006